Affaire Mawda: le jugement liégeois contre les passeurs présumés sera prononcé le 24 février © belga

Le jugement dans l’affaire Mawda sera prononcé vendredi

Le tribunal correctionnel de Mons rendra son jugement vendredi à 13h00 dans l’affaire Mawda. Un policier belge et deux Irakiens sont poursuivis pour la mort de cette petite fille kurde d’Irak, touchée par une balle de la police lors d’une course-poursuite sur l’autoroute E42, la nuit du 16 au 17 mai 2018.

Le ministère public a requis une peine d’un an de prison avec sursis contre le policier qui a tiré en direction de la camionnette, qui roulait à vive allure avec une vingtaine de migrants entassés à l’arrière, dont des enfants.

Selon le médecin légiste et l’expert en balistique, la petite Mawda se trouvait à l’avant du véhicule au moment du tir. Le policier a déclaré lors de l’instruction d’audience qu’il n’avait pas vu l’enfant et qu’il n’avait pas reçu d’informations indiquant sa présence dans le véhicule.

Accusé d’homicide involontaire, il a ajouté avoir voulu viser le pneu avant gauche de la camionnette pour provoquer une lente crevaison, ce qui aurait obligé le véhicule à s’immobiliser. Lors du choc entre la camionnette et le véhicule de police, la balle a été déviée.

« Il y avait l’adrénaline, la peur d’avoir un accident. Mon client a ouvert la fenêtre, sorti son arme et s’est penché en dehors de la voiture. C’était dangereux, il risquait d’être percuté », a souligné son avocat, Me Kennes. « Il a fait signe avec son bras armé mais cela n’a servi à rien. Il a chargé son arme (…) et visé le pneu, à un mètre cinquante. Il cherchait la crevaison lente, une solution pour arrêter le chauffard. Il a hésité. La camionnette a donné un coup de volant vers la gauche, son collègue policier l’a évité », a narré le pénaliste. Surpris, le policier aurait cherché à se retenir. Sa main droite se serait alors crispée, laissant partir le tir.

Le policier

« Un tir par crispation ou par réflexe semble compatible avec les éléments qui ont été analysés », avait pour sa part acquiescé l’avocate générale Ingrid Godart. Cette dernière estime qu’il s’agit d’un homicide involontaire par défaut de prévoyance ou de précaution. « Aucun élément dans ce dossier ne prouve que le policier aurait voulu attenter à la vie d’autrui. Je ne peux pas démontrer qu’il était animé de l’intention de tuer ou qu’il avait consciemment accepté ce risque. »

Toutefois, la question de la prévisibilité, contestée par le prévenu, ne fait pas de doute, a déclaré la magistrate. « Il a décidé d’avoir recours à une pratique déconseillée, la nuit, à vitesse excessive, proscrite. Aucun autre policier n’aurait adopté une telle attitude et, d’ailleurs, aucun autre policier n’a fait usage de son arme. »

Les passeurs et le conducteur

Concernant les deux passeurs irakiens, le procureur du Roi a requis des peines de sept et 10 ans de prison ferme.

Me Frank Discepoli a plaidé l’acquittement du convoyeur de la camionnette. Également poursuivi à Liège, le jeune homme risque sept ans de prison ferme. L’avocat a insisté sur l’insuffisance des preuves. « Nous avons seulement un témoin anonyme sur lequel l’accusation se base, ce qui est interdit par le code d’instruction criminelle », a plaidé l’avocat.

Pour le troisième prévenu, Me Thomas Gillis a également plaidé l’acquittement de son client. « Plus de 15 personnes ont déclaré qu’il n’était pas le chauffeur de cette camionnette, dont une policière », a-t-il souligné. Me De Beco estime en outre que l’homme ne peut être considéré comme co-auteur d’une entrave méchante à la circulation. « Le tribunal de Mons n’a pas été saisi pour se prononcer sur le fait qu’il soit passeur ou non, c’est le tribunal de Liège qui tranchera cette question », a-t-il conclu.

Contenu partenaire