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Le halal a plus de succès que le bio

Le halal prend une place de plus en plus importante sur les marchés mondiaux. Ce phénomène économique reflète avant tout une réalité sociologique.

Les produits halals rencontrent une demande croissante. Malgré la polémique qui a touché Quick en début d’année suite à l’annonce de l’ouverture de huit restaurants halals en France, il semble que l’on soit entré dans un processus de normalisation du halal. Après six mois de test, la chaîne de fast-foods s’apprêterait même à pérenniser l’opération et devrait l’étendre à 14 autres magasins à la rentrée. Le secteur gagne donc rapidement en légitimité.

Si pour le moment Quick Belux (Belgique – Luxembourg) n’envisage pas une telle expérience de notre côté de la frontière, il n’y a pas qu’en France que le halal connaît un franc succès. Le marché du halal en Belgique, et en Wallonie tout particulièrement, est extrêmement prometteur. L’exportation vers les pays musulmans a considérablement augmenté ces dernières années, d’autant que les certifications se sont multipliées.

Le halal n’est donc plus marginal: il se diversifie, conquiert les grandes enseignes et devient très concurrentiel. Avec une croissance annuelle de 15%, ce secteur est devenu particulièrement rentable et dépasse de loin le marché du bio. En effet, le halal peut potentiellement rapporter cinq fois plus que le bio.

Mais derrière ce développement exponentiel, il y a un phénomène démographique et générationnel. « Le marché halal est la traduction économique d’une réalité sociologique », résume Fateh Kimouche, créateur d’Al-Kanz, un portail d’informations destiné aux consommateurs musulmans. La communauté musulmane représente près de 6 millions de personnes en France, soit 10% de la population, et plus de 400.000 personnes en Belgique, soit 4% de la population. Ce chiffre a presque doublé depuis 1985, il n’est donc pas si étonnant que le secteur du halal prenne de l’essor.

En Belgique, il est difficile d’estimer la proportion réelle de viande halal sur le marché car les certifications sont souvent frauduleuses. Selon la Fédération halal belge, près de 60% des produits halals sont en effet « impurs ». « La majeure partie du marché halal européen est manipulée par des crapules qui agissent dans leur propre intérêt », explique Farid El Machaoud, président de la fédération, à De Morgen. Selon lui, il est possible d’obtenir une certification halal sans inspection approfondie. Le « tampon halal » peut aussi être acheté en France, sans aucun contrôle.

Mais c’est surtout l’exportation qui semble être la voie la plus juteuse pour les entreprises belges. En 2009, les exportations ont explosé vers les pays comme l’Iran, le Koweït ou le Qatar, amenant certaines entreprises à quadrupler leur chiffre d’affaire.

Au niveau de la grande distribution en Belgique, on semble pourtant être resté sur le quai alors qu’en France beaucoup de supermarchés ont déjà pris le train en marche. Et à l’occasion du ramadan, les grandes surfaces font la promotion des produits halals. Même si avant on se contentait de jouer la carte de l’événementiel, aujourd’hui le halal se maintient toute l’année dans les rayons.

Actuellement, le marché du halal représente plus de 150 milliards de dollars dans le monde et la Belgique pourrait en bénéficier à hauteur de 5 milliards.


Le Vif.be

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