Gregsway, jeune Youtubeur belge cumule 146.000 abonnés. © Capture d'écran Youtube

Le CSA tend la main aux youtubeurs

Jusqu’ici plutôt cantonné aux radios et télés traditionnelles, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) s’est lancé jeudi soir à l’assaut d’un nouveau monde, celui des youtubeurs belges francophones, dont l’audience a littéralement explosé ces dernières années au point parfois de dépasser celles de certaines télés classiques.

Traitant de sujets aussi divers que la musique, le cinéma, les jeux vidéo, la mode, le lifestyle ou encore le maquillage, ces youtubeurs ont pour certains dépassé le cap du million d’abonnés, souvent auprès des générations les plus jeunes.

Cette audience considérable génère pour certains d’entre eux des revenus publicitaires considérables en échange de recommandations d’achat qu’ils prodiguent à leur communauté, voire le placement de produits dans leurs vidéos.

Mais cette publicité ne se fait pas toujours dans la plus grande transparence vis-à-vis de leur audience. Et c’est bien ça qui préoccupe le gendarme de l’audiovisuel.

« Pour le CSA, l’identification des contenus publicitaires est quelque chose d’extrêmement important », a ainsi souligné Saba Parsa, vice-présidente du CSA, devant les quelques dizaines de youtubeurs invités jeudi soir à ce premier contact organisé à Bruxelles.

Si certains pays européens, comme l’Allemagne ou la Norvège, ont commencé à réguler l’activité de ces youtubeurs pour mieux protéger les consommateurs, en Fédération Wallonie-Bruxelles le mot d’ordre pour l’heure est plutôt à la concertation et la corégulation.

« Ce que nous voudrions, c’est ouvrir un dialogue avec vous pour trouver les meilleurs moyens d’identification de la publicité et des placements produits », a plaidé Sandrine Sepul, directrice du conseil de la publicité au sein du Jury d’éthique publicitaire (JEP).

Dans un souci d’honnêteté vis-à-vis de leur communauté, certains youtubeurs belges publient déjà des avertissements en début de séquence sur les contrats publicitaires passés avec l’une ou l’autre entreprise. Mais la pratique est loin d’être généralisée.

Lors du débat jeudi soir, les participants se sont montrés sensibles à ces questions de transparence. Mais celle-ci doit alors s’appliquer à tous, y compris au cinéma et autres clips musicaux, où le placement de produits est omniprésent sans que le public en soit toujours informé, ont-ils fait valoir.

A côté de cela, d’autres aspects plus juridiques, comme les droits d’auteur, la conclusion de contrats, ou encore les questions fiscales, ont également abordés par différents spécialistes venus aiguiller des youtubeurs souvent très jeunes, voire mineurs parfois.

Pour les aider à s’en sortir face à cette complexité que rencontre tout entrepreneur débutant, le CSA a promis d’élaborer à leur attention une liste reprenant une série de contacts utiles.

Depuis 2015, les youtubeurs belges francophones ont connu un succès exponentiel.

Ainsi, en mars 2019, les 30 chaînes belges francophones les plus importantes sur Youtube cumulaient ensemble plus de 21,6 millions d’abonnés pour plus de 3,3 milliards de vidéos visualisées…

Or, pour le CSA, cette influence croissante sur les publics doit s’accompagner à présent d’une responsabilité éditoriale et sociétale de ces youtubeurs.

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