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Le covoiturage en Wallonie rencontre encore de nombreux obstacles

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Comment évoluer les modes de déplacement alternatifs en Wallonie ? L’IWEPS, l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique, s’est penché sur la question et dévoile des chiffres sur la mobilité partagée avec un premier constat : le covoiturage n’est pas encore rentré dans les moeurs côté wallon.

La mobilité partagée sera l’un des thèmes de la « Semaine de la mobilité » qui aura lieu du 16 au 22 septembre en Wallonie et en Europe. Seront mis en avant de nouveaux modes de déplacement comme la marche, le vélo, en combinaison avec des modes de transports déjà bien ancrés dans les habitudes tels que le train et le bus. Le but affiché est de générer de nouveaux comportements de mobilité en préconisant également une utilisation plus optimale de la voiture.

Dans ce sens, les avantages du covoiturage sont vantés, une pratique à la traîne en Wallonie, selon les données de l’IWEPS. Son usage est même en diminution malgré de nombreuses initiatives soutenues au niveau local et régional pour le promouvoir: infrastructures aménagées de carpooling aux abords des grands axes routiers, centrale de covoiturage carpool.be ou encore application dédiée au covoiturage lancée par la Région Wallonne. Ces alternatives à ce qu’on appelle « l’autosolisme » rencontrent encore bien des obstacles.

Ainsi, selon le dernier « Diagnostic fédéral des déplacements domicile-travail » de 2014, le covoiturage apparaît comme une alternative intéressante face à l’usage seul ou en famille de la voiture mais pour une petite partie de la population seulement, soit 3,4% des personnes travaillant en Wallonie. La voiture, quant à elle, demeure dominante à 81,7%.

Quant au transport public, on obtient les chiffres de 4% pour les bus du réseau TEC et de 5% pour le train. Autre constat interpellant: la diminution de la part du covoiturage dans toutes les régions par rapport aux enquêtes précédentes (5,2% en 2005, 4,8% en 2008 et 4,1% en 2011 pour la Wallonie).

La voiture prédomine

Une évolution qui, selon l’IWEPS, trouve peut-être son explication dans les changements organisationnels du travail dans les entreprises (comme le télétravail). Une sous-représentation de la pratique du covoiturage dans les résultats de l’enquête, étant donné le caractère plus ponctuel de ce mode moins facilement détectable par le questionnaire peut aussi être mise en cause.

De manière plus générale, la dernière enquête Beldam réalisée en 2010 auprès des Belges indique globalement une certaine stabilité en matière de répartition des déplacements par mode principal, comparativement aux dernières enquêtes de mobilité. A savoir : la persistance de la prédominance de la voiture, le recul dans l’utilisation de la voiture en tant que passager et la progression de la marche et du bus entre 1999 et 2010.

Le covoiturage en Wallonie rencontre encore de nombreux obstacles
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On remarque aussi des différences régionales au niveau du mode principal de transport privilégié. Pour les déplacements vers l’école et le travail, la voiture est également le mode le plus utilisé. Plus de la moitié des déplacements se fait principalement par ce mode de transport (66% en Wallonie).

L’enquête révèle aussi que plus de 10% des travailleurs en Belgique covoiturent au moins trois fois par semaine (8% des travailleurs, soit 73% des covoitureurs, le pratiquent avec des membres de leur famille). Les Wallons covoiturent deux fois plus régulièrement (16%) que les Flamands (8%). Le pourcentage de covoitureurs réguliers (13%) est assez stable entre 15 et 54 ans, mais chute à 5% après 55 ans.

Le covoiturage en Wallonie rencontre encore de nombreux obstacles
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A l’avenir, l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique compte récolter davantage d’informations sur les comportements en matière de mobilité. Pour ce faire, deux enquêtes indépendantes seront menées en 2016 et 2017 auprès d’échantillons représentatifs de la population. Une enquête régionale de mobilité ‘MOBWAL’ visera à obtenir des informations sur les déterminants socio-économiques des comportements de mobilité des Wallons, les pratiques régulières et les stratégies de déplacement au sein des ménages ainsi que sur les motivations des choix d’utilisation de certains moyens de transport. Par ailleurs, une enquête de suivi sera réalisée. Elle analysera les déplacements des Wallons par GPS (‘GPSWAL’) via l’usage de smartphones afin d’obtenir, de manière chronologique et exhaustive, arrêt par arrêt, les motifs et modes de déplacements.

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