Le confinement a accentué mais aussi mis en suspens des violences conjugales

Le confinement s’est traduit par un triplement des appels sur les lignes d’écoute pour violence conjugale, mais a aussi constitué un vecteur d’apaisement pour certains couples, selon une étude publiée jeudi par Bruxelles Prévention et Sécurité (BPS).

Il est rappelé dans le rapport que la violence conjugale, processus de domination qui se manifeste de manière cyclique et graduelle, n’a pas été créée par le confinement, mais que ce dernier a entraîné une augmentation des épisodes de violence et a démultiplié les difficultés pour les victimes.

Les demandes d’hébergement ont fortement augmenté (+253% en avril). L’offre étant déjà saturée en temps normal en région bruxelloise et le confinement rendant la prise en charge des victimes plus compliquée, les communautés francophone et flamande avaient ouvert des hôtels pour accueillir les victimes.

La diminution des procès-verbaux pour coups et de plaintes pour violences intrafamiliales enregistrés pendant le confinement par rapport à la moyenne des années précédentes (2018-2019) doit, elle, tenir compte du délai d’encodage et des difficultés accrues pour accéder aux commissariats. Les interventions pour différends familiaux, sans coups constatés, ont augmenté de 28% entre début mars et la mi-mai. Ces derniers peuvent concerner de simples disputes de couples mais aussi être rapportés à des situations de violences conjugales.

BPS estime qu’il faut tempérer le grand nombre d’appels aux lignes d’écoute, qui comptent aussi ceux de proches d’une victime inquiets et de personnes proposant leur aide, étant donné le focus porté sur cette problématique en début du confinement.

L’ASBL Praxis, qui prend en charge des auteurs, explique l’apaisement des tensions constaté dans certaines situations de violences conjugales par la diminution de l’alcoolisation extérieure, des sorties et de la jalousie, ainsi que par une augmentation de la satisfaction des auteurs dans leur recherche de contrôle du partenaire.

« C’est la première fois qu’une analyse croisée des statistiques policières, des demandes d’hébergement et des lignes d’écoute et de soutien a été réalisée, avec le concours du secteur associatif », souligne Nawal Ben Hamou, secrétaire d’Etat bruxelloise à l’Egalité des Chances. « Il s’agit d’un véritable fléau social, ayant des impacts non négligeables sur tous les membres de la famille, tant pour la victime que pour les proches qui en sont témoins et particulièrement pour les enfants », ajoute Rudi Vervoort, ministre-président du gouvernement bruxellois. « Il convient de s’attaquer à cette problématique de manière structurelle. »

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