Le Premier ministre belge Alexander De Croo et le "patron" de l'armée belge, l'amiral Michel Hofman, sont allés à la rencontre des quelque 250 militaires belges déployés en Roumanie. © belgaimage

Le chef de la Défense promet à ses hommes un retour de Roumanie avant fin juillet

Le Premier ministre belge Alexander De Croo et le « patron » de l’armée belge, l’amiral Michel Hofman, sont allés mercredi à la rencontre des quelque 250 militaires belges déployés en Roumanie afin de renforcer le flanc oriental de l’Otan face à une Russie agressive, qui mène depuis près de deux mois une guerre sur le territoire de l’Ukraine voisine.

« Je suis très content de vous rencontrer ici », a affirmé le chef du gouvernement à un échantillon de ces militaires, lors d’un entretien sur la base aérienne Mihail Kogalniceanu, située à deux pas de la ville portuaire de Constanta, sur la mer Noire. M. De Croo a rappelé qu’il avait assisté au départ du gros du contingent belge le 8 mars dernier à l’aéroport militaire de Melsbroek après que l’Otan eut décidé d’activer – pour la première fois de son histoire – sa force à haut degré de préparation à la suite de l’invasion de l’Ukraine par Moscou. La Belgique y affecte cette année un escadron renforcé provenant du 1/3 bataillon de Lanciers (1/3L), une unité d’infanterie motorisée casernée à Marche-en-Famenne.

Cette mission de dissuasion à plus de 2.000 km de distance vise à démontrer la détermination des trente pays alliés – unis, selon M. De Croo – à défendre l’intégrité du territoire de l’Otan et les valeurs occidentales. « On ne va pas céder un millimètre de la frontière de l’Otan » à la Russie, a assuré le chef du gouvernement fédéral à ces militaires, avant de participer à une cérémonie sur la base, en compagnie du président roumain Klaus Iohannis et de son Premier ministre Nicolae Ciuc¿.

Les militaires belges – ils étaient 249 mercredi – sont intégrés au sein d’un bataillon français auquel ils fournissent, outre un tiers des effectifs, une puissance de feu appréciable, avec leurs dix-sept blindés 8×8 Piranha, selon les officiers du 27e bataillon de chasseurs alpins (BCA) d’Annecy (sud-est de la France). « C’est une mission pleine d’incertitudes », a lancé le chef de la Défense (Chod) à l’issue d’une visite des installations occupées par ses hommes et femmes. Ils logent dans de grandes tentes et disposent notamment d’un hôpital dit de « rôle 1 » capable de soigner des blessés dans l’heure.

Mission de 5 mois

L’amiral Hofman a toutefois levé une inconnue qui planait depuis le début de cette mission, entamée début mars: sa durée, initialement fixée à « trois à six mois ». Sans avancer de date précise, qui dépend de concertations en cours avec la France et les Pays-Bas, il a annoncé que tout le monde devrait être « rentré à la maison » avant le 31 juillet, soit après cinq mois.

Interrogé sur la mauvaise qualité des communications « sociales » (avec les familles en Belgique), le Chod a admis que les conditions n’étaient pas aussi bonnes qu’elles l’ont souvent été lors d’autres opérations. Mais il a mis en avant le danger cybernétique et de menaces hybrides posé par la Russie – qui a multiplié les cyberattaques contre les pays alliés et l’Ukraine. Le chef de la Défense a aussi assuré que les restrictions étaient identiques à celles imposées lors de déploiements dans les pays baltes et indiqué à l’agence Belga que la bande passante pour le trafic internet serait progressivement élargie.

Les éléments de la force de réaction rapide de l’Otan, la « Very High Readiness Joint Task Force » (VJTF) déployés dans l’urgence en Roumanie après le début de la guerre en Ukraine doivent à terme être relevés par un des quatre « groupements tactiques » (en jargon des « Battle Groups ») multinationaux que l’Alliance vient de décider de mettre sur pied dans quatre pays de son flanc sud-est (Slovaquie, Hongrie, Roumanie et Bulgarie).

La France conservera le commandement du BG Tiger en Roumanie. Le commandant en chef des forces alliées en Europe (Saceur), le général américain Tod Wolters, a été chargé de trouver des pays prêts à participer dans la durée à cet effort, qui s’ajoute à celui déjà consenti sur le flanc nord-est (les trois pays baltes et la Pologne) hôtes chacun d’un « Battle Group » depuis 2016, en réponse à l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par Moscou.

L’amiral Hofman a rappelé que la Défense prévoyait de dépêcher un détachement cet été en Lituanie, alors que le gouvernement a prolongé jusque fin mai, en l’élargissant, la mission des quatre avions de combat F-16 opérant depuis l’Estonie et qu’un chasseur de mines tripartite (CMT) est affecté à l’une des flottilles permanentes de l’Otan. « Nous ne pouvons pas être présents en permanence », a-t-il expliqué en soulignant que cet effort devait être « soutenable dans la durée » grâce aux renforts fournis par d’autres partenaires, comme les Pays-Bas, déjà présents à Constanta avec un petit détachement. Les deux pays envisagent un système de rotation baptisé « flip-flop ».

« Nous avons fait ce que nous pouvions faire dans les circonstances actuelles », sans dépouiller les unités de leurs équipements, de leur armement et de leurs munitions, a-t-il encore dit.

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