Carte blanche

Le cercle vicieux de la pénurie infirmière aux soins intensifs (carte blanche)

Le métier désormais le plus recherché dans le sud du pays : celui d’infirmier. C’est le Forem qui le dit. Pourquoi cette pénurie ? Principalement à cause des carrières incomplètes : de 5 à 10 ans dans les soins intensifs. Cette fuite augmente la charge de travail infirmière, ce qui va encourager à quitter prématurément la profession…. Alors que les soins intensifs sont actuellement confrontés à des pics d’hospitalisations. Un cercle infernal.

Cette situation de surcharge de travail existait déjà avant la pandémie. Selon une étude effectuée par la SIZ Nursing en mai 2019 dans 16 hôpitaux de la Fédération Wallonie-Bruxelles, les infirmiers des unités de soins intensifs subissent une charge de travail deux fois supérieure à la norme légale prévue. Pour rappel : selon plusieurs études scientifiques internationales, une charge de travail infirmière excessive augmente les complications et la mortalité des patients.

La pandémie a amplifié cette charge de travail aux soins intensifs. En effet, la SIZ Nursing a réalisé une étude dans 3 hôpitaux lors de la première vague. En comparant 100 patients avec la COVID-19 hospitalisés aux soins intensifs et les patients de l’étude de 2019, il a été mis en évidence que les patients admis pour la maladie COVID-19 nécessitent 20% de charge de travail infirmière supplémentaire. C’est, entre autres, pour cette raison que du personnel d’autres services sont venus prêter main-forte dans les services de soins intensifs et que les hôpitaux ont été obligés de diminuer l’activité non COVID-19.

Enfin, une dernière étude réalisée par la SIZ Nursing démontre une prévalence de 68% du risque de burnout des infirmières de soins intensifs. Le burnout étant associé de manière statistiquement significative à la charge de travail.

L’OMS craint une augmentation de la pénurie infirmière dans les prochaines années à cause de cette pandémie et ceci est corroboré par une étude de Sciensano démontrant que 20% des professionnels de la santé disent vouloir quitter leur profession.

Vu l’impact sur les complications et sur la mortalité des patients, la pénurie infirmière est un véritable problème de santé publique. Nous sommes malheureusement dans un cercle vicieux qui va être difficile à casser surtout vu la charge de travail, le manque d’attractivité et de reconnaissance, la pénibilité… Il est donc temps d’investir intelligemment et de manière urgente dans la profession infirmière conformément aux demandes de l’OMS et du centre fédéral d’expertise belge des soins de santé (KCE), notamment, en entendant les représentants des infirmiers.

Arnaud Bruyneel, Yannick Hansenne & Jérôme Tack. Administrateurs de la SIZ Nursing

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