Koen Geens © Belga

Le CD&V veut renouer avec la tradition du Seize, pour survivre (analyse)

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Les sociaux-chrétiens flamands rêvent de Koen Geens Premier pour exister au sein d’une éventuelle Vivaldi. Et en maîtriser l’agenda, tout en renouant avec leur histoire.

Tindemans, Eyskens, Martens, Dehaene, Leterme, Van Rompuy…: la liste des locataires CVP/CD&V du Seize rue de la Loi est longue. Depuis la Seconde guerre mondiale, les sociaux-chrétiens ont disposé du poste de Premier ministre de la Belgique pendant près de cinquante ans sur les septante-cinq ans qui nous séparent de la fin du conflit. C’est dire combien il s’agissait d’une tradition établie: on ne parlait pas pour rien d’un Etat CVP. Koen Geens pourra-t-il renouer avec cet illustre passé?

Le libéral flamand Guy Verhofstadt avait établi une première fracture à la tête d’un arc-en-ciel à la charnière des années 1990-2000, s’emparant du Seize et rejetant le CVP dans l’opposition, pour la première fois depuis plus de quarante ans. C’était à l’heure où il espérait faire de l’Open VLD le géant de Flandre, un pari raté. Le libéral francophone Charles Michel avait joué un autre mauvais tour au CD&V en 2014 : alors que Kris Peeters était ouvertement candidat à la fonction, il l’avait envoyé à la Commission européenne, pour prendre lui-même ses responsabilités.

Aujourd’hui, le CD&V veut renouer avec sa tradition, celle d’un parti responsable et gestionnaire, situé au coeur du jeu politique. Ce serait d’autant plus important pour lui au coeur d’une coalition Vivaldi, piège suprême, avec sa minorité dans le groupe linguistique néerlandophone face à la N-VA et au Vlaams Belang, qui le dépassent désormais. Voilà pourquoi son président, Joachim Coens, souhaiter place un des siens, le ministre de la Justice Koen Geens, à la tête d’un gouvernement fédéral. C’était d’ailleurs, disait-on, le favori du palais royal lorsqu’il lui a été confié une mission à l’automne dernier… avant qu’elle ne soit torpillée par des sorties rageuses dans la presse de Paul Magnette (PS) contre la N-VA.

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Le Seize est certes un pari dans notre pays où les crises ont une furieuse tendance à se répéter. Mais c’est aussi – et plus que jamais – une fonction à forte visibilité en cette ère de la personnalisation à outrance : demandez à Sophie Wilmès ce qu’elle en pense, avec sa grande popularité. Enfin, élément non négligeable: c’est un poste de contrôle d’où l’on peut maîtriser l’agenda du gouvernement et donc, dans le cas qui nous préoccupe, tenir les rênes pour d’éventuelles réformes éthiques, la rigueur budgétaire ou autres évolutions institutionnelles – les priorités du CD&V.

Reste cette question centrale, pour la Vivaldi: le CD&V peut-il revendiquer le rôle alors que la famille sociale-chrétienne est loin d’être la première de la coalition, a fortiori si le CDH est laissé de côté? En mai 2019, le CD&V ne franchissait plus la barre des 15% en Flandre, loin derrière les 25% de la N-VA et des quasi 19% du Belang.

Peut-être l’enjeu du CD&V est-il précisément là : il s’agit d’une question de survie, a fortiori s’il choisit de se ‘déscotcher’ de la N-VA. Pour ses éventuels partenaires, lui confier le Seize serait-ce une façon de le faire monter à bord. Mais bien d’autres candidats potentiels sont intéressés – ne citons que les noms de Paul Magnette, Sophie Wilmès ou Alexander De Croo. Bras de fer en cours?

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