Joachim Coens © Belga

« Le CD&V a peur de perdre des voix au profit du Vlaams Belang »

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Si le CD&V a réussi à décrocher le rôle très convoité de « faiseur de rois » dans la formation du gouvernement fédéral, sa position n’est pas confortable pour autant. Et s’il tient tant à ce que la N-VA entre au gouvernement, c’est pour des raisons bien particulières. Explications avec le politologue Nicolas Bouteca (Université de Gand).

Pourquoi le CD&V tient-il autant à une coalition bourguignonne (les nationalistes flamands, les socialistes et les libéraux) ?

Nicolas Bouteca : Pour le CD&V il est important d’avoir une majorité flamande au niveau fédéral. Et cette majorité n’est possible que si la N-VA fait partie de la coalition. Les chrétiens-démocrates ne veulent pas qu’on leur reproche, après coup, de ne pas avoir laissé sa chance à la N-VA. Aussi est-il important pour eux que la N-VA annonce la couleur. Au CD&V, on veut à tout prix éviter qu’une fois que les jeux sont faits, la N-VA dise: « nous n’avons pas pu participer ».

De plus, si le CD&V lâche la N-VA au niveau fédéral, il sera plus difficile de gouverner avec la N-VA au niveau flamand où les deux partis sont aux manettes. C’est un niveau de gouvernement important pour le CD&V, car là aussi il y a des compétences importantes pour le parti tel que le bien-être et l’enseignement.

Que fera le CD&V si la N-VA décide de ne pas entrer au gouvernement fédéral ?

Si la coalition bourguignonne est écartée, le CD&V devra réfléchir à rejoindre une coalition arc-en-ciel (composée de socialistes, de libéraux, et d’écologistes flamands). C’est un choix très épineux, car non seulement, le parti serait superflu en nombre de sièges, mais il se retrouverait face à une opposition constituée de la N-VA et du Vlaams Belang.

En revanche, si le CD&V n’entre pas dans une coalition arc-en-ciel, il se trouvera confronté à une tâche difficile. Le parti, qui a un programme de centre, devra lutter pour sa visibilité contre les bulldozers politiques que sont la N-VA et le Vlaams Belang. Ce sera difficile de se mesurer à eux en termes de communication. Les chrétiens-démocrates flamands, qui ont donné pas mal d’électeurs à la N-VA et au Vlaams Belang aux dernières élections, risquent de voir ces deux partis de droite leur prendre encore plus d’électeurs. Bref, le CD&V risque fort d’occuper une position inconfortable, qu’il soit dans la majorité ou l’opposition.

Doit-on s’attendre à de nouvelles élections ?

Si la N-VA et le PS ne réussissent pas à se rapprocher pour former une bourguignonne, le CD&V envisagera la coalition arc-en-ciel. S’il refuse cette formule, les formateurs essaieront de former une coalition arc-en-ciel sans le CD&V et si là, ils n’aboutissent toujours pas, il y aura peut-être de nouvelles élections.

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