Thierry Fiorilli

Le bruit de la semaine: la musique sismique (chronique)

Thierry Fiorilli Journaliste

Chaque semaine Thierry Fiorilli évoque un bruit. Cette semaine, il revient sur les ondes que dégagent les tremblements de terre. D’ondes sysmiques à ondes sonores. Récit.

C’est comme un orage, très fort, très énervé, on entend bien qu’il compte en découdre, pas là par hasard lui, vous allez voir ce que vous allez tous prendre, sauf qu’il vient du sol. C’est le même son, les gargouillements barytons, avec comme des explosions aussi, ou des coups de canon, mais sans la foudre, et émis depuis en dessous, pas du ciel. Voilà à quoi ressemble la musique de la plupart des tremblements de terre.

C’est quelque chose, la sonorité des colères sismiques. Parce que, quand l’écorce terrestre bouge, on décrit les secousses, on montre ce qui s’éventre, ce qui s’effondre, on décompte les victimes, on évalue les dégâts matériels, ça va coûter des milliards la reconstruction, mais on évoque assez peu le bruit. Pas celui des bâtiments qui craquent, des routes qui se tordent, des murs qui vibrent, non, celui de l’agitation des entrailles de la planète. Celui de l’orage souterrain. Celui de ce qui va provoquer miettes et désolation, au moment où ça s’ébroue, et puis celui des différentes répliques.

Dans un dossier de 2017, intitulé « Le doux son des séismes », le site Internet de la prévention du risque sismique planseisme.fr – qui en propose des enregistrements et permet d’accéder à plusieurs autres – explique que « lorsqu’elles atteignent la surface, les ondes sismiques transfèrent une partie de leur énergie sous la forme d’ondes acoustiques, qui sont ensuite transmises dans l’air ».

Encore mieux dit: « Mise en mouvement par les séismes, la surface du sol agit donc en quelque sorte comme la peau d’un tambour, la vibration de cette peau créant des sons par le déplacement de la masse d’air. Ce sont ensuite les règles de l’acoustique qui feront que les sons seront perçus plus ou moins intensément et avec différentes tonalités, et se propageront sur des distances plus ou moins grandes. » Ceux qu’on peut écouter tiennent de l’explosion, puis du grondement, avec comme un vent terrible, on doit être dans la catégorie des tempêtes, et des volets qui battent, violemment, à intervalles plus ou moins réguliers, mais en baissant d’intensité, comme un enchaînement d’échos.

Dans certains cas, il est possible d’entendre un su0026#xE9;isme avant d’en ressentir les secousses.

Le site français précise aussi que « l’intersection entre les fréquences des ondes sismiques et les ondes « audibles » recouvre une bande assez restreinte comprise entre une vingtaine et une soixantaine d’hertz. Il s’en est donc fallu de peu pour que cette rencontre acoustique entre l’homme et les séismes ne puisse pas avoir lieu: si – à l’instar des chauves-souris – l’oreille humaine avait été sensible à des gammes de fréquences plus élevées, nous serions tout simplement sourds aux doux bruits des séismes. »

Pour autant, en vrai, en direct, « ces sons sismiques sont caractérisés par des longueurs d’onde bien plus importantes que la distance qui sépare nos deux oreilles, ce qui nous rend proprement incapables d’en localiser la provenance dans l’espace ». Même si, dans certains cas, « il est possible d’entendre un séisme avant d’en ressentir les secousses ». Mais – contrairement, semble-t-il, à certains animaux, qui perçoivent, plus tôt, des signaux d’alerte inaudibles pour nous – sans qu’on puisse y échapper.

Ça semble décidément une manie humaine. Quel que soit le type de désastre. Et le fracas avec lequel il s’annonce.

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