La prise du Château d'eau à Paris, place du Palais-Royal, lors de la Révolution de 1848. © belga image

Le 26 février 1848, Léopold Ier craint pour son pays

En février 1848, Paris s’embrase. Alors qu’un « printemps des peuples » s’apprête à déferler sur l’Europe, Bruxelles a peur. Parviendra-t-elle à échapper à la fronde populaire?

« Comment cela finira-t-il? […] Dieu seul sait ce qui va advenir de nous. » Avis de tempête sur Laeken. Assis à sa table de travail, le roi guette le ciel. Et y voit de sombres présages. Léopold Ier sait que son pays est jeune – 17 ans, ce n’est même pas l’âge de la majorité! Il sait que son pays est fragile – son existence n’est-elle pas liée au bon vouloir des grandes puissances? Alors, il prend la plume et écrit à sa nièce. Il lui fait part de ses craintes, dont il espère le soutien. C’est une véritable supplique qu’il adresse à la reine Victoria d’Angleterre: « Dieu seul sait ce qui va advenir de nous. »

L’orage a éclaté quelques jours plus tôt, à Paris. Un banquet politique doit s’y tenir le 22 février, pour protester contre le suffrage censitaire. Mais le régime, opposé à la liberté de réunion, interdit la rencontre. Qui se tient malgré tout… au son des protestations et des balles. Dès le lendemain, la capitale s’enflamme. La foule est dans la rue, réclamant le suffrage universel et la chute du régime. Le 24, elle s’attaque aux Tuileries. La pression est maximale: le roi Louis-Philippe abdique.

Louis-Philippe est sans doute l’un des plus précieux soutiens de la Belgique. N’est-ce pas la France qui a ardemment défendu son indépendance à l’automne 1830? N’est-ce pas ce roi qui offrit sa fille à Léopold de Saxe-Cobourg? Autre chose: cette ire ne risque-t-elle pas de s’étendre au-delà des frontières? La Belgique libérale et bourgeoise, également adepte du suffrage censitaire, n’est-elle pas aussi menacée par la fronde populaire? Léopold Ier n’est pas le seul à s’inquiéter. « Nous voici jetés dans l’abîme ; dans huit jours, serons-nous encore Belges?« , s’interroge l’homme politique catholique Adolphe Dechamps.

A Paris, les révolutionnaires ne se contentent pas de faire tomber le roi ; ils abolissent la monarchie. L’inoxydable Metternich, grand ordonnateur de ce Congrès de Vienne définissant les nouvelles frontières de l’Europe et étouffant les aspirations nationales, est contraint à l’exil. Des troubles éclatent à Budapest, Prague, Berlin ou encore Venise. La vieille Europe conservatrice vacille.

Pendant ce temps, Bruxelles décide d’abaisser le montant du cens exigé pour pouvoir voter. Un symbole fort. Au même titre que la Russie, les Pays-Bas ou l’Angleterre, la Belgique échappe à la déferlante. La menace, pour autant, ne disparaît pas. En 1852, Louis-Napoléon Bonaparte se proclame empereur. Or, un empire n’a-t-il pas vocation à s’étendre? De protectrice, la France devient prédatrice. En 1860, elle n’hésite d’ailleurs pas à envoyer des agents chargés de préparer la population belge à une annexion! A différents titres, les craintes de Léopold Ier étaient donc justifiées. Miraculeusement, elles ne se vérifieront pourtant pas.

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