Joris Van Hauthem, Filip Dewinter, Frank Vanhecke et Wim Verreycken (de g. à dr.). Après la condamnation, le Vlaams Blok se dissout pour fonder le Vlaams Belang. © JOCK FISTICK/REPORTERS

Le 21 avril 2004, le jour où la justice (n’a) tué (qu’à moitié) le Vlaams Blok

Victoire pour la démocratie ? Après des années de procédure, trois associations appartenant à l’orbite du Vlaams Blok sont condamnées. Enfin, le vrai visage du parti est dévoilé : un groupement pratiquant le racisme et la xénophobie.

Sauf que la victoire n’est que judiciaire. Et ne changera rien à la nature profonde de la formation. En un tour de passe-passe, tel le phénix, le Blok devient Belang. Tout en conservant son incroyable pouvoir d’attraction.

L’affaire est ancienne. Dès 2001, le Centre pour l’égalité des chances et la Liga voor mensenrechten entendent faire condamner le parti. Mais les voilà confrontés à un premier obstacle : comme toute formation politique, le Vlaams Blok n’est qu’une association de fait. Ne disposant pas d’une personnalité juridique, il est donc  » inattaquable « . La parade est aussitôt trouvée : ce sont les trois asbl les plus proches du parti qui seront poursuivies : la Nationalistische omroepstichting, le Nationalistische vormingsinstituut et la Vlaamse concentratie. La première produit des émissions en télé et en radio ; la seconde s’occupe de formation ; la troisième gère les cordons de la bourse du Blok. Elles sont accusées de faire partie d’un groupement qui prône publiquement la discrimination et la ségrégation.

Mais les juges bottent en touche. En juin 2001, le tribunal correctionnel de Bruxelles se déclare incompétent. En février 2003, la cour d’appel de la capitale adopte la même position. L’un comme l’autre estiment qu’ils n’ont pas à se positionner sur un délit politique. Quelques mois plus tard, le Blok cartonne aux législatives, ralliant le coeur – et la voix – de près de 18 % des électeurs du nord.

En novembre 2003, la Cour de cassation entre en action. Annulant l’arrêt de la cour d’appel de Bruxelles, elle renvoie l’affaire à la cour d’appel de Gand. Qui, elle, se déclare compétente. Et condamne : chacune des trois asbl se voit ainsi contrainte de payer 12 400 euros d’amende et 5 000 euros de dommages et intérêts aux parties civiles. Dans un arrêt détaillé de 60 pages, la cour s’explique. Elle reproche au Blok (et à ses satellites) d’utiliser la technique du  » bouc émissaire « , de noircir et de ridiculiser l’image des étrangers, d’instrumentaliser les chiffres. En clair : d’entretenir la haine pour obtenir des voix.

L’arrêt réjouit le sud, qui y voit un  » signal fort « . Et en profite pour réclamer (à nouveau) la suppression du financement public des partis liberticides. Au nord, on est plus mesuré. Il faut dire que la diabolisation du Blok n’a jamais fait gagner des voix à ses adversaires. N’est-il pas temps de changer de stratégie ? De moins en moins discrètement, certains s’interrogent sur la pertinence du maintien du cordon sanitaire…

Pendant ce temps, le parti orange et noir prépare sa mue. Adoucissement de certains propos, nouveaux statuts et modification du nom participent d’un renouvellement du ton. Mais le programme ne change pas. Et le succès demeure au rendez-vous. En juin 2007, le Vlaams Belang confirme son statut de deuxième parti flamand.

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