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La mort et le salut nazi qui choquent les politiques et font vaciller la police

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

André Desenfants, numéro deux de la police fédérale, fait un pas de côté. Les images de la violence contre un citoyen slovaque, en février 2018 à l’aéroport de Charleroi, et le salut nazi d’une policière ont indigné la classe politique.

« Nous vivons dans une société où une bagarre à Blankenberge fait plus de bruit que les révélations autour de la mort dramatique de Jozek Chovanec et de ce scandaleux salut hitlérien dans notre police! » Le message, indigné, a été posté ce jeudi matin par Jamal Ikazban, chef de groupe PS au parlement francophone bruxellois. Ce sentiment commence à se répandre après les révélations faites par le quotidien flamand Het Laatste Nieuws. L’histoire a, potentiellement, de tristes relents d’une affaire Floyd à la belge.

Le séisme a été important, tout au long de la journée de jeudi. En fin d’après-midi, De Standaard annonçait qu’André Desenfants, le numéro deux de la police fédérale fait un pas de côté, le temps d’une enquête interne. Il n’est autre que le responsable de la police fédérale aéroportuaire. Désigné l’année précédant les faits, il affirme « ne pouvoir tolérer ce qu’il a vu ».

Des faits de février 2018

Les faits remontent au 23 février 2018, à l’aéroport de Charleroi. Un citoyen slovaque, Jozef Chovanec, pose des problèmes lors de l’embarquement de son vol pour retourner dans son pays. Turbulent, ce trentenaire bouscule une hôtesse, se comporte de façon inadéquate et le commandant de bord refuse de le laisser dans l’avion.

La police portuaire fédérale intervient et doit composer avec une nouvelle rébellion du colérique sur le tarmac. L’homme est finalement emmené en cellule où il se donne des coups. Nouvelle intervention des forces de l’ordre. C’est là que survient l’incident : un policier maintient une pression sur sa poitrine pendant plus de dix minutes, sous le regard visiblement hilare de ses collègues. Une femme policière fait même le salut nazi. « Sur des photos, on voit une policière mimer un salut hitlérien et d’autres policiers rire », confirme Ann Van de Steen, avocate des proches de la victime. L’homme fait un arrêt cardiaque durant l’incident et décèdera deux jours plus tard.

Si ces informations et ces images sortent seulement deux ans et demi après les faits, c’est parce que les proches de la victime, qui se sont portés partie civile, estiment que les procédures judiciaires sont trop lentes. Une enquête a été ouverte, les policiers ont été entendus et des devoirs complémentaires ont été demandés, dont une expertise médico-légale, mais la crise du coronavirus a retardé l’évolution du dossier. La révélation des images dans la presse a eu un premier effet: l’agent qui a effectué le salut hitlérien n’est plus autorisé à effectuer des services opérationnels ou à être en contact avec le public, a décidé mercredi la police fédérale.

Paul Magnette, président du PS et bourgmestre de Charleroi, exprime, lui aussi, son indignation: « Je suis, comme beaucoup, choqué par les images diffusées dans la presse. Ces comportements sont inacceptables. S’agissant de la Police Fédérale sous l’autorité du ministre de l’Intérieur, je demande à ce dernier de faire toute la lumière sur ces agissements. » Il semble bien que le sujet, sensible, pourrait devenir aussi un brûlot politique.

https://twitter.com/PaulMagnette/status/1296335026834022401Paul Magnettehttps://twitter.com/PaulMagnette

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François De Smet (DéFi) avait été le premier à s’indigner: « Que s’est-il passé il y a deux ans à l’aéroport de Charleroi? Il est essentiel, pour l’état de droit et pour la police elle-même, que la lumière soit entièrement faite. »

https://twitter.com/francoisdesmet/status/1296188319525675008François De Smethttps://twitter.com/francoisdesmet

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Les écologistes ne sont pas d’ailleurs en reste: « Des faits graves », clame le député fédéral Simon Moutquin. Isolés, mais trop souvent répétés pour être ignorés. Toute la lumière doit être faite sur cette affaire, mais il est aussi temps de questionner les sanctions appliquées, la formation, le recrutement et les méthodes d’interventions des policiers! »

https://twitter.com/SimonMoutquin/status/1296349279796301824Simon Moutquinhttps://twitter.com/SimonMoutquin

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Même sentiment de la part de Maxime Prévot, président du CDH: « Les circonstances du décès à l’aéroport de Charleroi sont interpellantes et les images particulièrement choquantes. Il est essentiel que dans un délai raisonnable on puisse avoir toute la lumière sur ce dossier. »

Les indignations ont été nombreuses en Flandre également, notamment au CD&V, parti du ministre de l’Intérieur, Pieter De Crem. Le MR, qui a dénoncé à plusieurs reprises les critiques contre la police ces dernières semaines, ne s’était pas exprimé.

https://twitter.com/prevotmaxime/status/1296351194424709120Maxime PREVOThttps://twitter.com/prevotmaxime

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Thierry Belin, secrétaire national du syndicat nation de la police et du personnel de sécurité, regrette dans un communiqué: « Lors de cette intervention un homme a trouvé la mort dans des circonstances qui restent encore à déterminer avec précision. Néanmoins, après deux ans, la Justice belge moribonde n’a pas réussi à établir une vérité judiciaire ni à apporter les réponses aux légitimes questions que se pose la famille du malheureux défunt. Cette famille a eu récemment accès au dossier d’enquête et nous constatons aujourd’hui que la presse fait ses choux gras avec une image (capture d’écran) sur laquelle une policière semble faire le salut nazi. Cette image nous a bien évidemment interpellés et même choqués.

Mais comme le fait tout ‘flic’ digne de ce nom, et comme devrait le faire un journaliste digne de ce nom, nous nous sommes interrogés sur les circonstances précises de cette intervention et de cette image. Une récente image sur laquelle apparaissent Didier REYNDERS, Bruno VENANZI et d’autres dans un stade de football a montré combien l’angle de prise de vue pouvait être important. Une autre photo de cette même situation a prouvé que les personnes intéressées respectaient parfaitement la distance physique ‘Covid19’ contrairement à ce que tentait de faire croire malhonnêtement le premier cliché.

Dans ce dossier précis de l’aéroport de Charleroi, le secret de l’instruction nous interdit de donner davantage de détails. Néanmoins, après renseignements, il est cependant très clair pour le SNPS que la photo montrant cette jeune collègue effectuant le salut nazi a été totalement et honteusement tirée de son contexte. L’enquête a été effectuée en son temps par le Comité P et le fait que les collègues soient toujours en service après cette enquête aurait dû faire réfléchir la presse sur cette photo et ses circonstances. L’explication est en effet claire quand elle est énoncée.

Plutôt que de nous adonner, comme cela semble être très à la mode ces temps derniers, à du police bashing en ‘assassinant’ cette jeune collègue avant même de connaître les tenants et les aboutissants de la situation, le SNPS a préféré prendre connaissance de tous les éléments avant d’émettre un avis ou, pire encore, un jugement. Et nous nous en félicitons maintenant !

N’en déplaise à certains grands ‘procureurs’ des médias sociaux, la Belgique est toujours un état de droit et chacun est présumé innocent jusqu’à preuve du contraire, la charge de la preuve revenant au ministre public. Les arguments de la défense devaient donc être respectés et l’ont été. Laissons la justice se faire dans les prétoires, pas dans les gazettes! »

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