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« La syndicalisation nuit à la Wallonie »

Infiltration syndicale des milieux étudiants, lavage de cerveaux, taux de syndicalisation excessif. Quand il entend le mot « culture syndicale », le député fédéral MR de La Louvière, Olivier Destrebecq sort son revolver.

Un bleu qui voit rouge, ça va fort et ça ne fait pas dans la dentelle.

La semaine dernière, les étudiants FGTB de l’Université Libre de Bruxelles, font reculer ArcelorMittal en menaçant de perturber la présence du sidérurgiste lors d’un Jobday organisé sur le campus de l’ULB. Olivier Destrebecq en est tout « consterné, scandalisé, effrayé. » Alors, le député fédéral MR monte à son tour aux barricades. Mais c’est pour passer à la sulfateuse toute la culture syndicale : selon lui, elle nuirait gravement à la santé de la Wallonie.

Vous n’y allez pas avec le dos de la cuiller…
Autant je reste convaincu que les syndicats ont eu une nécessité d’existence, autant je reste persuadé que si la Belgique, et singulièrement la Wallonie, sont à la traîne, c’est en raison d’un taux de syndicalisation beaucoup trop élevé : il est supérieur à 50% de la population, avec un taux proche de 100% dans certains secteurs. Le système le veut ainsi.

L’affiliation à un syndicat n’est-il pas un droit démocratique ?
Tout à fait d’accord. Mais je constate que des éléments poussent certaines catégories de travailleurs à se syndiquer. Pour toucher des primes, par exemple.

J’ai récemment visité un salon de l’Emploi à Tubize : avant d’arriver aux stands des entreprises, vous commencez par passer devant les stands des syndicats, de l’Onem, du Forem. Un schéma-type en Wallonie : la culture syndicale avant la culture du travail.

Quel rapport au juste avec l’incident des étudiants FGTB à l’ULB que vous dénoncez avec virulence?
Dès l’école, dans les universités, la culture syndicale se répand. Ce n’est pas bon du tout. Je suis choqué de voir des étudiants, qui sont en train d’apprendre leur métier et ne sont pas encore entrés dans le monde du travail, être déjà sensibilisés à cette culture syndicale.

Les étudiants n’ont-ils pas leur place dans les syndicats ?
Je n’ai pas envie de dire cela. En tant que libéral, je respecte toute libre démarche. C’est la mainmise syndicale sur le monde étudiant qui me dérange.

Parler, comme vous le faites, d’ « infiltration, de lavage de cerveaux » par les syndicats, n’est-ce pas carrément leur prêter des visées subversives ? La présence syndicale sur les campus universitaires est totalement inutile. Les étudiants ont des organisations représentatives dans les instances universitaires.

Votre discours ne relève-t-il pas de l’anti-syndicalisme primaire ?
Non, je suis pour la concertation et je ne suis pas opposé au monde syndical. Dans un passé, hélas lointain, les syndicats ont eu le mérite de rééquilibrer les choses par rapport au monde patronal. Mais les récentes actions syndicales montrent que le droit de grève a pris le pas sur le droit du travail. Il y a urgence à renverser la vapeur si on veut évoluer.

Vous comptez agir ?
Il faut légiférer pour que les piquets de grève autorisés ne soient pas bloquants mais filtrants. En tant que député fédéral, je compte prendre des initiatives pour que l’on s’attaque à la culture syndicale de manière globale. Les syndicats doivent être remis à leur place.

Une milice privée envoyée d’Allemagne pour venir faire le ménage dans l’entreprise Meister Benelux à Sprimont en proie à un conflit social, cela ne vous choque pas ?
Je condamne le procédé avec autant de virulence. Mais quand on en arrive là, c’est que l’étape suivante ne pourra être que catastrophique.

Entretien : Pierre Havaux

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