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La SNCB adapte ses horaires et supprime 193 trains

La SNCB lancera son nouveau système d’horaires à partir du dimanche 9 décembre prochain. En marge de cette adaptation, elle supprimera 170 trains nationaux et 23 trains transfrontaliers qui transportaient maximum 40 voyageurs et qui ne couvraient pas leurs coûts énergétiques, annonce-t-elle lundi par communiqué. Le collectif de voyageurs navetteurs.be regrette, lui, ces suppressions.

Ces adaptations, dont le but est d’assurer « un meilleur service sur le réseau, une offre élargie quand c’est possible et une qualité de plus haut niveau », tiennent compte de l’introduction de Fyra, un nouveau train international assurant la liaison entre Amsterdam, aux Pays-Bas, et Bruxelles, et de travaux d’infrastructure qui prolongeront de une à deux minutes le temps de parcours de quelques trains.

Cette annonce concerne notamment la liaison Virton-Rodange-Athus-Arlon. Ainsi, en raison d’une incompatibilité du matériel, la desserte de Rodange ne sera plus assurée avec du matériel SNCB. « Cependant, les CFL (Société nationale des chemins de fer luxembourgeois) assureront deux trains par heure entre Luxembourg et Athus. L’offre SNCB au départ d’Arlon et Virton sera adaptée afin d’assurer à Athus la correspondance avec la relation CFL Athus-Luxembourg avec un gain de temps de parcours d’une minute », précise l’entreprise belge.

Contactée par l’Agence Belga, la SNCB a annoncé avoir mis en place une alternative en train pour 140 des trains nationaux supprimés, et une solution via l’utilisation d’un bus pour 7 trains (BIEN 7 TRAINS) circulant sur les lignes Charleroi-Braine-le-Comte, Liège-Waremme et Saint-Nicolas-Dendermonde.

La SNCB a pu trouver une solution pour 90% des 170 trains nationaux supprimés. Les 10% de trains pour lesquels l’entreprise n’a pas trouvé d’alternative concernent des trains ne circulant qu’avec très peu de voyageurs. « Il arrivait même qu’entre deux stations, il n’y ait aucun voyageur à son bord. Selon nos estimations, nous arrivions à un coût annuel de 82.000 euros par passager si nous mettions en place un bus comme alternative à ces trains. Cela n’était pas rentable.

En tant que société publique, nous nous devons d’utiliser au mieux l’argent public. Grâce à cette mesure, nous allons ainsi réaliser une économie de 13 millions d’euros », justifie Nathalie Pierard, porte-parole de la SNCB.

Concernant la circulation transfrontalière et en accord avec l’opérateur ferroviaire SNCF, un train entre Courtrai et Lille (service du dimanche) et un train de Tournai à Lille (samedi) ont été supprimés. Pour la ligne Welkenraedt-Aachen, si deux trains circulant en semaine seront supprimés d’ici fin de l’année, un train (dimanche) sera encore maintenu. Enfin, le train Bruxelles-Luxembourg partant à 21h33 sera limité à Arlon, indique la SNCB.

Le collectif de voyageurs navetteurs.be regrette quant à lui cette suppression. « Nous comprenons les mesures d’économie en cette période de crise », indique Gianni Tabbone, son porte-parole. « Mais, depuis un an que nous tirons la sonnette d’alarme quant à ces suppressions de trains, la SNCB ne nous a jamais entendus. Nous craignons par ailleurs de nouvelles suppressions de trains dans le futur. »

« La SNCB ment »

« La SNCB ment lorsqu’elle annonce qu’elle a trouvé une alternative pour 90% des 170 trains supprimés à partir du 9 décembre », a dénoncé lundi après-midi à l’agence Belga Ronny Balcaen, député fédéral Ecolo. La SNCB, de son côté, répète s’être basée sur des critères objectifs pour la suppression de ces trains et la mise en place d’alternatives, et affirme avoir cherché les alternatives les plus proches et les moins coûteuses.

Ronny Balcaen dénonce les critères « arbitraires que la SNCB a elle-même fixés » à la mise en place des alternatives, à savoir trois trains consécutifs supprimés ou l’absence d’autres trains pendant les soixante minutes suivantes.

Le député fédéral a interpellé la semaine dernière Paul Magnette, le ministre de tutelle de la SNCB, à ce sujet. Pour le député Ecolo, « seules 17 alternatives aux 170 suppressions ont réellement été mises en place, et non 140 comme l’annonce la SNCB, et de 3.000 à 4.000 personnes ne pourront plus prendre le train ».

Ronny Balcaen s’étonne également de « l’incapacité de la SNCB à trouver son modèle économique et à faire rouler des trains avec 2-3 voitures en fin de soirée, ce qui éviterait un gaspillage économique et rendrait la circulation des trains moins énergivore ». Il craint que ces suppressions ne constituent « qu’une première vague ».

La SNCB rappelle, quant à elle, s’être basée sur des critères objectifs pour la suppression de ces trains. « Nous avons essayé de trouver les solutions les plus proches et les moins coûteuses à ces suppressions, mais cela n’est pas toujours possible. En tous les cas, les 140 alternatives dans l’heure annoncées seront bien là à partir du 9 décembre », affirme son porte-parole.

Navetteurs.be déplore que « seuls 10% des trains supprimés bénéficient d’une alternative »

Le collectif de voyageurs navetteurs.be déplore lundi dans un communiqué la suppression des 170 trains normaux annoncés plus tôt dans la journée par la SNCB. « Si l’association peut admettre que l’argent public ne soit pas gaspillé, elle ne peut que déplorer que seuls 10% des trains supprimés bénéficient d’une alternative, ce qui pénalisera une fois de plus des milliers d’usagers, de travailleurs ou encore d’étudiants qui font le choix d’une mobilité durable ou qui y sont économiquement contraints ».

L’asbl annonce ainsi « prendre acte des alternatives mises en place uniquement pour 17 des trains supprimés sur base de critères « purement arbitraires » (une alternative n’est mise en place que si trois trains successifs sont supprimés ou s’il n’y a pas d’alternative dans les 60 minutes).

Pour navetteurs.be, le fait de rediriger les usagers sur le train suivant (60 minutes plus tard) ne constitue pas la mise en place d’une alternative.

L’asbl, qui estime que d’autres postes tels que les frais de consultance auraient pu engendrer des économies sensibles sans pour autant pénaliser les usagers, tient à « dénoncer le non-respect des engagements pris le 18 octobre 2011 par Laurence Bovy, présidente du Conseil d’Administration, ainsi que Marc Descheemaecker, CEO de la SNCB, et confirmés par Inge Vervotte, ministre de tutelle de l’époque, de ne supprimer que les trains qui feraient l’objet d’une alternative, après concertation des sociétés régionales de transport. »

Navetteurs.be tient également « à dénoncer ce nouveau ‘cavalier seul’ de la part d’une entreprise financée en grande partie par de l’argent public et qui, à plusieurs reprises, a ignoré les courriers demandant des réunions de concertation. »

Le Vif.be, avec Belga

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