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La sécheresse cause des dommages dans l’agriculture

Stagiaire Le Vif

Avec un printemps sec et des températures caniculaires en été, l’agriculture a souffert. Si la situation est hétérogène, des pertes sont tout de même observées. Avec le réchauffement climatique, la situation devrait empirer dans les années à venir.

« La situation est très hétérogène », explique la présidente de la Fédération Wallonne de l’Agriculture (FWA) Marianne Streel. « Autant entre régions, que dans les régions et même par parcelles. Tout dépend du sol. Un sol plus argileux ou limoneux garde beaucoup mieux l’eau qu’un sol, avec des cailloux ou avec beaucoup de sable ». Mais en moyenne, le climat sec de l’année 2020 a provoqué des pertes dans les récoltes en juillet, 10% pour le froment et dans les 20% pour les escourgeons.

En septembre, les pommes de terre, betteraves et chicons et carottes sont récoltés. La chaleur est bénéfique pour le taux de sucre dans les betteraves, mais elles ont aussi besoin d’eau. « J’ai dû installer un système d’irrigation, et c’est très couteux », témoigne Philippe Debehogne, agriculteur à Eghezée, dans la province de Namur. « Je vois déjà de nombreuses feuilles de betterave qui sont fanées, comme du tabac. » Pour les chicons, « la récolte doit être reculée de trois semaines, le sol est encore trop sec et les racines peuvent casser », note Marianne Streel.

Pour les éleveurs, la sécheresse représente aussi une difficulté. Les vaches doivent être sorties le soir, et rentrées durant la journée, en période de canicule. Dans les prairies, l’herbe est de mauvaise qualité à cause de la chaleur et le foin produit est aussi moins abondant et de moins bonne qualité. Dans les poulaillers, il faut installer des brumificateurs, qui diffuse de la brume d’eau pour refroidir l’air. Tout cela engendre des frais supplémentaires.

Face à la sécheresse, la FWA offre une assurance aux fermiers, pour indemniser les pertes et les coûts provoqués par la chaleur. Marianne Streel pointe comme solutions de choisir des variétés de plantes plus fortes, plus récentes et de mieux travailler et nourrir le sol. Et surtout lutter contre le réchauffement climatique, qui ne fera qu’empirer la situation dans les années à venir.

Le réchauffement climatique

« Les étés à venir vont varier. Ils peuvent être plus secs ou plus humides, mais on voit que statistiquement, les périodes estivales deviennent plus chaudes », explique Cathy Clerbaux, directrice de recherche au Centre National de Recherche Scientifique (CNRS, en France) et professeure en sciences de l’environnement à l’Université libre de Bruxelles (ULB). Depuis une dizaine d’années, les canicules deviennent aussi plus longues et plus intenses.

Pour limiter le réchauffement climatique et de telles chaleurs, « il faut adapter les zones urbaines, notamment en incluant plus de verdure et en peignant les toits avec des matières réfléchissantes », poursuit la scientifique.

Dans un article publié sur le site du média « The Conversation », Cathy Clerbaux analyse les différentes vagues de chaleur observées en 2020, comme les feux en Australie, en Sibérie, mais aussi le printemps chaud et sec en Europe. Cela est, entre autres, dû à un phénomène météorologique. Des courants d’air chauds et secs et de l’air froid et humide, ou de haute et de basse pressions se chassent et se suivent sur le continent. Mais il arrive que l’un d’eux reste bloqué à un endroit et empêche l’autre de passer, ce qui amène des périodes de canicule, de sécheresse ou de grand froid. Couplé au réchauffement climatique et aux gaz à effet de serre, ce phénomène est exacerbé. « Un cocktail éminemment dangereux ».

Charly Pohu

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