Eric De Bruycker © Belga

La presse flamande se penche sur le vaudeville autour de Linkebeek

Le Vif

Il n’y a pas que du côté francophone que la décision de Liesbeth Homans de nommer un membre de l’opposition flamande comme bourgmestre de Linkebeek fait des vagues. Cela a réveillé le fantôme communautaire et « excite la presse qui sent le sang » selon les médias flamands.

Pour Kristof Calvo de Groen, la bombe communautaire de Homans montre plus que jamais que la N-VA est le parti du conflit. « Il doit toujours y avoir un ennemi » écrit-il dans une opinion publiée dans De Morgen. « Un jour c’est les chômeurs, un autre les réfugiés et maintenant c’est la périphérie bruxelloise. Cette nomination montre bien que la N-VA ne peut cacher sa vraie nature. Ils sont et restent avant tout des nationalistes. Ils n’ont pas la force de leur conviction comme les nationalistes en Catalogne et en Écosse, mais ils ne seront jamais dans ce genre de dossier du côté du compromis » selon Calvo.

Le politologue Dave Sinardet se demande lui aussi si la N-VA ne pouvait garder le communautaire plus d’un an au frigo. Pour lui le plus étrange est qu’il semble ne pas y avoir eu la moindre concertation au préalable avec le MR. D’autant plus surprenant que sur ce coup, la N-VA donne un coup de pouce au PS dans son opposition au MR. « Parce que jusqu’à présent l’opposition du PS contre le MR n’était pas un franc succès » selon Sinardet sur Twitter.

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Dans le Standaard on remarque aussi que cette décision n’a rien d’anodin. « Il n’arrive jamais, ou presque, qu’un ministre nomme de sa propre initiative un bourgmestre. » D’autant plus lorsque c’est un flamand à la tête d’un conseil en grande majorité francophone et que ce dernier n’a eu que 168 voix de préférence. Un bourgmestre nommé d’office qui n’est lui-même pas très enthousiaste et qui se sent pris au piège selon le quotidien. En effet, refuser l’offre c’est faire comme un gros doigt d’honneur à la ministre, mais accepter revient à du sadomasochisme politique. Le journal précise tout de même que si on est arrivé aussi loin, c’est aussi dû à Thiéry lui-même qui continue à ignorer les lois linguistiques.

Selon une opinion de Karel Verhoeven, rédacteur en chef du Standaard, on pourrait comparer le vaudeville autour de Linkebeek à des exercices militaires. Histoire de tester la réactivité et la communication, tenter de nouvelles techniques et détecter les points faibles chez l’adversaire. Au point qu’on a eu l’impression hier, après à peine un an de gouvernement Michel, de replonger d’un coup en plein dans les années 80. Même si parmi le public on n’est vraiment pas demandeur de ce genre de passe d’armes, l’escalade est inévitable. La N-VA ne peut laisser sanctifier Thiéry, le MR ne peut de son côté le laisser complètement tomber. Il faudra donc des trésors de créativité et de selfcontrôle pour faire faire rentrer ce génie dans sa bouteille selon Verhoeven.

Dans De Morgen, même son de cloche, puisque laisser Thiéry devenir de facto bourgmestre est quelque chose d’impossible pour le gouvernement flamand et pourrait créer un précédent pour les autres bourgmestres francophones des communes à facilités. Et de constater le numéro d’équilibriste du MR qui ne peut mettre en danger son « roi » Michel, ni sacrifier sans procès son « pion » Thiéry. Le soutien vocal et le tweet d’Olivier Chastel en était un bel exemple.

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Selon De Morgen, les partis d’opposition francophone, PS et FDF en tête, dansent déjà la gigue. Car ce genre de dossier, pour eux, c’est tout bonus quoiqu’il arrive. Si le MR est trop ferme, c’est le gouvernement qui est en danger et si il se montre trop souple, c’est l’hémorragie à Bruxelles. De Morgen trouve aussi surprenant qu’on n’ait pas profité du départ de Hervé Jamar pour exfiltrer Thiéry de Linkebeek en lui offrant le poste. Et le fait que le MR ne souhaitait pas prendre le risque d’avoir Thiéry et la N-VA dans un même gouvernement en dit long sur les priorités du parti toujours selon le journal.

Pour l’instant le MR semble vouloir éviter la crise, mais du côté des libéraux francophones tout ne dépend pas seulement d’eux. Lorsque le communautaire s’invite, le facteur émotionnel joue un grand rôle : celui de la pression de l’opposition et des médias. Ce que l’affaire Linkebeek va surtout révéler, c’est à quel point le MR a du sang-froid. Et ce dernier n’a plus qu’à prier pour que la tempête passe rapidement conclut De Morgen.

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