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La pension minimale à 1500 euros net au 1er janvier 2024: ce qu’en pensent les experts

Thierry Fiorilli
Thierry Fiorilli Journaliste

Dans le projet de réforme défendu par Karine Lalieux figurent des mesures, propositions, intentions ou poursuites d’objectifs. Nous en avons soumis cinq à six spécialistes ou représentants de catégories de la population active belge.

La réforme des pensions, une réforme à prendre, à moduler ou à jeter ? Première mesure de la réforme décodée: la pension minimale à 1500 euros net au 1er janvier 2024. Est-elle probable ? Souhaitable ? Payable ? Découvrez les réponses de nos six experts, ainsi que quatre autres mesures décodées en fin de texte.

La situation actuelle

Pension minimale de 1 379,52 euros (isolé) et 1 723,86 (ménage) après une carrière complète (45 ans) de salarié. Montants proratisés en fonction de la longueur effective de la carrière: multipliés par le nombre d’années prestées puis divisés par 45.

Quelle probabilité?

FORTE

Florent Hendrickx: « Elle se trouvait dans l’accord de gouvernement, je ne vois pas comment elle pourrait échouer. »

Marie-Noëlle Vanderhoven: « Elle est très probable. »

Sylvie Lausberg: « Si pas, c’est une claque à l’égard des femmes, un désaveu à l’égard de la ministre et de sa déclaration politique. Ce serait se ficher du monde. »

Jean Hindriks: « C’est la mesure qui a le plus de chances de voir le jour. »

Une bonne idée?

  • OUI

Florent Hendrickx: « Il est nécessaire d’octroyer une pension suffisamment confortable pour offrir un matelas de sécurité contre la pauvreté. »

Selena Carbonero: « Le relèvement de la pension minimale – qui, en Belgique, est l’une des plus basses d’Europe – est une de nos revendications de longue date. Maintenant, il faut mettre ça en parallèle avec le relèvement progressif de l’âge d’accès à la pension, qui aura un impact sur le calcul final. »

Sylvie Lausberg: « Soixante pour cent des bénéficiaires de la pension minimale sont des femmes, donc elles bénéficieront d’une augmentation de leurs revenus et de leur pouvoir d’achat, évidemment sans pouvoir prétendre toutes aux 1 500 euros, qui seront proratisés en fonction de leur carrière effective. »

  • OUI MAIS

Jean Hindriks: « Quarante-cinq années de carrière effective, personne ne les aura. Et il faut harmoniser les conditions d’accès. »

Pierre Devolder: « Il aurait été plus judicieux d’arriver à un montant universel. Et puis, la référence utilisée est dangereuse: 1 500 euros, c’est le tarif moyen mensuel d’une maison de repos ; si les homes augmentent leurs tarifs, augmentera-t-on la pension minimale en fonction? »

  • NON

Marie-Noëlle Vanderhoven: « En soi, pas de problème avec un relèvement du montant pour des personnes qui ont travaillé durant toute leur carrière. Mais cette augmentation est décidée hors cadre d’une réforme globale. Et 1 500 euros nets, c’est trop élevé par rapport à la pension calculée « normalement ». On se dirige vers un régime de pension forfaitaire ou universelle. »

Quels bénéficiaires?

Florent Hendrickx: « Les petits indépendants, les femmes, dont la carrière est souvent plus courte et moins rémunératrice, et les travailleurs peu qualifiés et à faibles revenus. »

Marie-Noëlle Vanderhoven: « Les travailleurs avec beaucoup de périodes assimilées (chômage, arrêts maladie, congés de maternité, certains crédits-temps…). »

Selena Carbonero: « C’est loin de concerner la majorité. Et ça reste discriminatoire pour les femmes, qui ont une carrière moyenne largement inférieure à celle des hommes: autour de 37 années. »

Sylvie Lausberg: « Les femmes qui travaillent aujourd’hui et seront à la pension demain. Mais il faut aussi en finir avec les discriminations sur le marché de l’emploi. On ne peut pas corriger des inégalités structurelles de manière diluée dans le temps. »

Est-ce payable?

  • PAS SUR

Florent Hendrickx: « La source de financement reste floue, bien qu’on évoque principalement la future réforme du marché du travail, qui a pour objectif de maximiser le taux d’emploi des plus de 55 ans. Double risque: on dépense de l’argent qu’on n’a pas encore et on est tributaire de la réussite ou de l’échec de cette réforme du travail. »

Selena Carbonero: « Il y a une estimation budgétaire de 1,2 milliard. »

Pierre Devolder: « Il n’y aucune vue précise de soutenabilité de cette mesure. »

  • NON

Marie-Noëlle Vanderhoven: « D’autant que pour restaurer le lien entre ce que l’on verse comme cotisations et ce que l’on perçoit comme pension, le gouvernement a augmenté le plafond pour le calcul de la pension. Cela aura un coût gigantesque. »

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