Olivier Maingain © Belga

La N-VA, cette « extrême droite populiste qui n’est pas nostalgique du nazisme »

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

Le président du futur ex-FDF maintient le suspense sur la nouvelle appellation du parti. Mais il en promet une mue radicale et annonce un premier engagement solennel : ne jamais gouverner avec la N-VA, cette « extrême droite populiste ».

Le Vif/L’Express :Afficher explicitement un combat « francophone » n’est-il plus porteur ni audible ?

Olivier Maingain : Non, mais nous n’avons plus besoin de le dire pour être cru. Nous sommes crédibles sur notre vigilance francophone, et personne ne peut le nier : nous sommes le parti le plus lucide quant à l’évolution institutionnelle de la Belgique. Que n’avons-nous dit que cette sixième réforme de l’Etat serait profondément déséquilibrée ! Ses promoteurs sont d’ailleurs tous aux abris… Dès lors que nous avons pu retrouver notre pleine autonomie, nous devons montrer notre capacité à être un parti généraliste qui s’exprime sur l’ensemble des enjeux de société. Ce changement de nom et de sigle exprimera nos choix idéologiques de manière plus transparente encore. Il ne faut pas non plus se le cacher : le divorce belge est en train de se confirmer sous la poussée nationaliste. Nous décidons de ne pas être dans le camp de ceux qui se lamentent, mais dans le camp de ceux qui se projettent dans vingt ou trente ans.

Paradoxe : plus aucun parti ne se revendiquera « francophone », alors qu’en Flandre, du CD&V à l’Open VLD en passant par la N-VA, ils ont intégré l’étiquette « vlaamse » dans leur appellation…

Révélateur, en effet : au nord du pays, les esprits se replient sur une dimension nationaliste, qu’elle soit de plus en plus nauséabonde chez certains partis, ou médiocre chez d’autres. Côté francophone, on affiche en revanche une dimension plus ouverte, plus internationale. Le nationalisme flamand est en train de donner des oeillères à la Flandre, et cette chape de plomb enferme son dynamisme. Ce qui me fait dire que la dynamique de renouveau de ce pays se situe davantage au sud qu’au nord.

« Xénophobe », à la limite « extrême droite »: la N-VA en prend pour son grade côté francophone mais reste fréquentable. Lui pardonne-t-on ce qu’on n’a jamais toléré du Vlaams Blok/Belang ?

La N-VA n’est pas le Vlaams Belang. Le Belang relève de l’extrême droite fasciste, alors que la N-VA, du moins certains de ses leaders, cousine avec une extrême droite populiste mais qui n’est pas nostalgique du nazisme. Il y a dans le disque dur de la N-VA cette allégeance à l’histoire noire du mouvement flamand, à ce vieux fond ambigu sur le plan des valeurs démocratiques, qui toujours exige plus d’homogénéité linguistique et culturelle de la Flandre. J’ose espérer que certains finiront par se détacher de ce vieux fantasme nationaliste dont on ne peut accepter qu’il perdure dans des choix politiques actuels. Ce qui me déplaît profondément dans la démarche d’un Bart De Wever ou d’un Theo Francken, c’est qu’elle part d’une méfiance généralisée à l’égard de toutes les catégories de la population d’origine étrangère. Ce discours plaît d’ailleurs à une partie de l’opinion publique francophone.

Faut-il pour cela que les partis francophones en arrivent à appliquer un cordon sanitaire autour de la N-VA, à l’instar de celui imposé au Vlaams Belang ?

Un cordon sanitaire autour de la N-VA ? Le MR l’a rompu. Quand j’entends le Premier ministre Charles Michel dire qu’il n’a rien à reprocher sur le plan démocratique à la N-VA et que je relis ses déclarations juste avant les élections… Un homme politique qui est à ce point girouette me laisse pantois. A terme, la N-VA va se fissurer, on sent poindre en son sein des réticences quant à son évolution. Soit le choix de cette majorité actuelle (NDLR : N-VA-MR-CD&V-Open VLD) ne durera que le temps d’une législature et n’aura été qu’un mauvais rêve. Soit le MR persistera dans cette logique infernale, parce qu’intenable sur le plan institutionnel, d’être le seul partenaire francophone d’une coalition avec des partis flamands.

Puisque le futur FDF, dites-vous, sera le parti des engagements clairs et tenus : gouverner un jour avec la N-VA, c’est non à jamais ?

Pour moi, c’est clair. Ni au fédéral ni à Bruxelles. C’est aussi une question de choix de société.

L’intégralité de l’entretien dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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