Le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, la princesse Astrid et Didier Reynders, lors d'une mission économique en Arabie saoudite en 2014. © BELGA/Benoît Doppagne

La majorité fédérale prête à imposer un embargo sur les armes vers l’Arabie saoudite

Les partis de la majorité fédérale sont prêts à imposer un embargo belge sur les ventes d’armes à l’Arabie saoudite, ressort-il des amendements déposés mardi à une proposition de résolution d’Ecolo.

Ce faisant, ils renvoient la balle vers les Régions dans ce débat qui a rebondi avec l’entrée du royaume saoudien dans la commission pour les droits des femmes des Nations unies.

La résolution des Verts semblait promise aux limbes parlementaires jusqu’à la polémique d’il y a deux semaines. Mis en difficultés par l’opposition, le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders (MR), a souhaité qu’un débat s’ouvre sur la ligne à suivre à l’égard de l’Arabie saoudite.

Le texte des écologistes demandait notamment de suspendre toute relation commerciale avec cet État en attendant une analyse des flux financiers en provenance ou à destination de celui-ci. La majorité s’écarte de cette proposition. Elle demande que la Belgique soumette ses relations tant commerciales que diplomatiques avec ce pays à une « réflexion approfondie », vu l’attitude de celui-ci en matière de droits de l’homme, afin de déterminer une nouvelle stratégie belge.

Pour ce qui est du commerce des armes et des biens à usage militaire, la majorité propose d’y mettre un terme en concertation avec les entités fédérées. La demande pourrait également être relayée sur la scène européenne et aux Nations unies sur la base d’un accord avec les Régions.

La demande plonge d’une certaine manière le PS et le cdH dans l’embarras. Dans ce dossier très sensible, le PS et le cdH, qui forment la majorité en Région wallonne, ont plaidé jusqu’à présent pour un embargo européen sur les ventes d’armes, estimant que la seule initiative belge n’y changerait rien. L’Arabie saoudite est l’un des meilleurs clients de l’industrie d’armement wallonne, particulièrement de la FN, l’un des leaders mondiaux en armes légères.

L’attitude surprend le ministre Reynders. Le député Georges Dallemagne (cdH) a plaidé mardi en faveur d’un « plan de désengagement » de la Belgique à l’égard de l’Arabie saoudite. « Il faut définitivement considérer ce pays comme dangereux sur le plan de la sécurité », a affirmé le député en commission des Relations extérieures de la Chambre, invoquant le rôle du royaume saoudien dans la propagation du salafisme.

« Si l’on me dit que j’ai quelqu’un de dangereux à côté de moi, je demande un embargo sur les armes », a fait remarquer M. Reynders.

« Nous devons être cohérents à l’extérieur et à l’intérieur du pays », a renchéri le député Richard Miller (MR).

La commission reprendra ses travaux mardi prochain et tentera d’aboutir à un vote. A croire les uns et les autres, personne ne cherche à noyer le poisson. De nombreuses questions demeurent pourtant en suspens. « Ce sont des décisions qui ont de grandes conséquences », a averti le chef de groupe N-VA, Peter De Roover. Une remise en cause des relations entre la Belgique et l’Arabie saoudite en raison du respect des droits de l’homme pourrait avoir des répercussions sur les relations avec d’autres pays ainsi que sur l’approche européenne souvent privilégiée par la Belgique.

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