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La guerre en Ukraine va-t-elle faire flamber les prix dans les supermarchés ?

Stagiaire Le Vif

Après la hausse des prix de l’énergie, la guerre en Ukraine va-t-elle aussi faire flamber les prix dans les supermarchés belges ? Le prix des céréales et de l’huile de tournesol devraient augmenter dans les prochaines semaines, impactant indirectement d’autres produits alimentaires.

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la tonne de blé aurait augmenté de 37%. En cause, les deux pays, surnommés le « grenier de l’Europe », produisent entre 20 et 30% des exportations mondiales de céréales. Les consommateurs belges craignent que plusieurs pénuries alimentaires ne guettent la Belgique. Après la hausse du prix des énergies, faut-il craindre une nouvelle explosion des prix, cette fois dans les supermarchés belges ?

Depuis plus de deux semaines, « les matières premières quittent plus difficilement l’Ukraine », explique Sylvie Vanhout, responsable de la Gondola Academy. Les marchés agricoles sont perturbés, notamment suite aux bombardements du port d’Odessa, par lequel 95% des exportations de blé ukrainien transitent. Pour le moment, les supermarchés belges sont davantage impactés par la hausse des prix de l’énergie que par la guerre en Ukraine, estime la spécialiste. Selon l’experte, plusieurs fabriques sont déjà gravement touchées en Italie par la hausse du coût de l’électricité, du gaz, de la main d’oeuvre et des matières premières. Produisant à perte, « ils ne tiennent plus le coup » et décident de se mettre à l’arrêt.

Philippe Burny, professeur en politique et économie agricoles à Gembloux, estime également que l’augmentation des prix dans les supermarchés n’est pas que le fruit de la guerre en Ukraine. Le chercheur pointe du doigt l’inflation – qui en février est passé à 8,04%, soit le plus haut niveau depuis 1983, relève Statbel -, la hausse du prix des énergies, le coût de la main d’oeuvre, le réchauffement climatique (et la sécheresse), la spéculation provoquée par l’instabilité des évènements géopolitiques ou encore une augmentation de la demande à cause des personnes qui font des stocks.

Les produits de transformation de céréales, comme la biscuiterie ou la pâtisserie, et les produits de transformation de la pomme de terre, telle que l’huile de tournesol, devraient progressivement augmenter dans les prochaines semaines, s’inquiète Sylvie Vanhout. Le conflit en Ukraine devrait également « renchérir le prix des produits animaux, comme les viandes ou le lait », indiqué Philippe Burny.

« Notre dépendance n’est pas rédhibitoire »

« Au cours de ces dernières années, la Russie et l’Ukraine sont devenues des exportateurs majeurs sur le marché mondial céréalier », explique Philippe Burny. Les deux pays, appelés le « grenier de l’Europe », représenteraient en effet 22% des exportations mondiales de blé (17% pour la Russie et 12 % pour l’Ukraine). L’Ukraine est même le premier producteur mondial d’huile de tournesol et représente, avec la Russie, 60% de la production mondiale.

Le professeur rappelle qu’il existe d’autres fournisseurs mondiaux de produits céréaliers, comme l’Australie, le Canada ou encore les Etats-Unis. L’agriculture française serait même la première cultivatrice de céréales en Europe, avec 56,9 millions de tonnes produites en 2022. . « S’il y a un déficit de l’offre en céréales, on peut s’attendre à ce que des agriculteurs du monde entier essayent de produire plus pour combler ce déficit éventuel« , souligne Philippe Burny. « Notre dépendance [à l’Ukraine et la Russie] n’est donc pas du tout rédhibitoire », conclut le chercheur. Pour ce qui est de l’import d’huile de tournesol, Philippe Burny rappelle que les huiles alimentaires restent très nombreuses.

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