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La Flandre n’est pas forcément meilleure dans tout ce qu’elle fait elle-même

Des bus qui ont une demi-heure de retard, une mauvaise qualité de l’air, des années d’attente pour des soins, des carrefours meurtriers et un enseignement qui a perdu beaucoup de plumes. Le niveau de pouvoir du gouvernement flamand crachote et beaucoup d’électeurs semblent en avoir assez. C’est également l’une des raisons pour lesquelles les partis traditionnels ont été sanctionnés le 26 mai.

La Flandre a toujours eu de grandes ambitions. « Ce que nous faisons nous-mêmes, nous le faisons mieux », déclarait le tout premier ministre-président flamand, Gaston Geens (CD&V), il y a plus de trente ans. Il était fermement convaincu que le gouvernement flamand réussirait là où la Belgique échouait régulièrement. Réforme de l’État après la réforme de l’État, une fois pour toutes, il fallait en finir avec les vieux usages. Les besoins et les problèmes de la Belgique francophone, parfois très différents de ceux de la Flandre, n’entraveraient plus la mise en place d’une nouvelle politique qui profiterait réellement au peuple flamand. Le gouvernement flamand pourrait s’attaquer à des problèmes de longue date sans être infecté par la maladie belge. On progresserait enfin.

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Dans divers domaines de compétence, la Flandre s’en est effectivement mieux tirée que la Belgique francophone ou le niveau fédéral. Dans le domaine de l’enseignement, par exemple, la Communauté flamande a longtemps obtenu de bien meilleurs résultats que la Belgique francophone. Alors que la Flandre a toujours été en tête du classement international PISA, la Wallonie a souvent été en dessous de la moyenne. La Flandre a pu réduire le chômage beaucoup plus encore que les régions de Bruxelles et de Wallonie, et elle a également obtenu de meilleurs résultats que les autres régions sur le plan budgétaire.

Après six réformes de l’État, il semble que la Flandre n’est pas forcément meilleure dans tout ce qu’elle fait elle-même. Dans certains domaines, les choses vont bien. Mais dans d’autres, le moteur flamand cale. Parfois, c’est lié au fait qu’une compétence est devenue trop fragmentée à la suite de réformes successives de l’État. Il pourrait être préférable de régionaliser davantage ou – selon certains – de le transférer à nouveau au niveau fédéral. Parfois, la Flandre est affligée du même mal que la Belgique. Ainsi, le gouvernement flamand devra chercher plus de 600 millions d’euros l’année prochaine afin de maintenir son budget en équilibre. Dans de nombreux cas, le niveau de gouvernement flamand manque également de fermeté et de courage pour répondre à toute une série de besoins et de problèmes majeurs. Ce n’est pas (seulement) la faute du gouvernement Bourgeois, mais aussi des gouvernements qui l’ont précédé. Certains problèmes traînent depuis si longtemps qu’il faut d’énormes sommes d’argent ou des interventions de très grande envergure pour les résoudre.

Après les résultats du scrutin du 26 mai, avec un virage à droite en Flandre et à gauche en Belgique francophone, la Belgique risque d’être ingouvernable longtemps et on discute à nouveau de la possibilité d’un confédéralisme. L’État fédéral belge ne resterait alors compétent que pour la sécurité, les affaires étrangères, la défense et la réduction de la dette nationale, tandis que les autres compétences seraient transférées aux Régions. La Flandre serait donc en charge d’un plus grand nombre de domaines. Mais si vous comparez les réalisations des gouvernements flamands successifs aux développements aux Pays-Bas, en Allemagne et dans les pays scandinaves, entre autres, vous devez conclure qu’une telle régionalisation n’est pas toujours une garantie de succès.

Knack a étudié dix domaines concrets que la Flandre contrôle déjà largement et pour lesquels elle pourrait faire mieux, beaucoup mieux.

1. Soins aux personnes handicapées : les listes d’attente ne cessent de s’allonger

En 2001, il y avait près de 1 200 personnes handicapées sur une liste d’attente ; en 2007, ce nombre est passé à 8 200 et aujourd’hui, plus de 20 000 personnes attendent de l’assistance. C’est dû en partie aux progrès de la science médicale : les personnes qui ne pouvaient être sauvées continuent souvent à vivre avec un handicap. De plus, il est devenu plus attrayant de demander de l’aide, car vous ne pouvez plus seulement réclamer une place dans un centre de jour, une institution ou un projet d’aide à la vie autonome, mais aussi un budget.

Ces vingt dernières années, tous les gouvernements flamands ont fait une priorité de la suppression des listes d’attente, mais aujourd’hui, il semble presque que cette ambition ait été abandonnée. L’accord de coalition précédent stipulait seulement qu’une solution devait être trouvée pour les personnes ayant les besoins de soins les plus graves », déclare Hendrik Delaruelle, directeur général de l’Association flamande de protection sociale. « Si les gens continuent d’investir au même rythme, seulement 20 % des besoins seront satisfaits. »

On ne peut pas dire que rien n’a été fait. Depuis 2017, ce ne sont plus les institutions qui sont financées par le gouvernement, mais les personnes handicapées elles-mêmes. « Cela augmente énormément leur autonomie », dit Kim Vercruysse, de l’organisation Onafhankelijk Leven (Vie autonome). « Mais cela ne change rien aux listes d’attente : il faut maintenant attendre un budget au lieu d’une place dans une institution. Il y a encore des personnes handicapées qui pour cette raison sont poussées vers la marge de la société. »

2. De Lijn : de plus en plus de voyageurs insatisfaits

Année après année, le mécontentement à propos de la société de transports De Lijn grandit. En 2016, 71 % des passagers étaient toujours satisfaits, contre à peine 62 % l’an dernier. Les nombreux retards et les suppression d’autobus agacent particulièrement. Le plus gros problème est le manque de fiabilité « , explique Luc Desmedt du Reizigersbond.

De Lijn est née en 1991 de la fusion de plusieurs sociétés de transport urbain. Dès le début, la société était sous-financée et a donc toujours eu un handicap « , explique le journaliste Herman Welter, spécialisé dans les transports publics. Aujourd’hui, 82% du capital de De Lijn est entre les mains du gouvernement flamand, le reste étant entre les mains des communes, des provinces et d’un certain nombre de particuliers. Chaque année, l’entreprise de transport perçoit 1 milliard d’euros du gouvernement flamand.

Le fait que la moitié des autobus ne circulent pas à l’heure est dû au désordre du territoire et au fait qu’il n’y a toujours pas de circulation fluide pour les bus et les trams. Aucun ministre n’a été en mesure d’assurer ce bon déroulement », déclare Welter.

La liste des plaintes concernant De Lijn est presque infinie. Les voyageurs signalent de plus en plus de bus sales et en panne. Il y a trop peu de connexions. L’information et la communication sont insuffisantes. La relève des chauffeurs prend trop de temps. L’offre le dimanche et le soir a été réduit. Les conseils consultatifs d’utilisateurs ont été abolis. La Cour des comptes a fait un rapport dévastateur sur le coûteux projet Retibo (enregistrement, billetterie et ordinateur de bord). Il y a peu d’endroits en Europe où les transports en bus et en tram sont aussi mauvais qu’en Flandre », dit Desmedt. « À Bruxelles, la STIB assure un meilleur transport que De Lijn. » Pour Welter, « on a abusé de la compagnie De Lijn pour des fins politiques, par exemple avec le transport gratuit financièrement intenable. Mais on n’a jamais élaboré de plan de mobilité qui dévoile clairement le rôle que le tram et le bus devraient jouer en Flandre. »

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3. Circulation : la sécurité toujours insuffisante

La circulation est un écueil. On n’arrive pas à résoudre le problème des embouteillages. Il y a assez de projets pour la taxe kilométrique, mais on ne réussit pas à les mettre en oeuvre. On dit qu’il n’y pas de soutien. La sécurité routière est la priorité absolue. Au début des années 70, il y avait 3.000 personnes tuées par an et aujourd’hui encore, il y a environ 300 morts par an en Flandre. L’ambition est d’atteindre l’objectif zéro mort sur la route d’ici 2050. Selon le professeur Dirk Lauwers (Université de Gand), la courbe de la diminution a récemment été ajustée, ce qui signifie que ce zéro ne sera pas atteint.

Le trafic change aussi. Par exemple, un Flamand sur trois utilise désormais son vélo quotidiennement. C’est une bonne nouvelle, mais le nombre d’accidents mortels et de blessés à vélo est en augmentation. Selon les calculs des compagnies d’assurance, le nombre d’accidents de vélo a augmenté de 47 % entre 2014 et 2018. On a aménagé jusqu’à 7 600 kilomètres de pistes cyclables, mais seulement 54 % d’entre elles sont sûres. 33% sont situés juste à côté de la route et ne sont souvent qu’une ligne peinte.

Le nombre d’accidents est également lié aux « points noirs ». En 2002, on a établi une liste de 809 « points noirs ». De ce nombre, 22 devraient subsister d’ici 2018, mais cette liste a été abandonnée. Une liste de  » points gris  » est maintenant utilisée. Selon Stef Willems du VIAS, l’institut gouvernemental pour la sécurité routière, cela fonctionne mieux parce que cela varie d’une année à l’autre : « Un point noir est, par exemple, un accident ayant fait trois morts. Mais cela a peut-être été causé par un conducteur ivre et sans aucun lien avec l’infrastructure routière. Une zone grise est l’endroit où un accident se produit presque tous les jours, l’accent étant mis sur ‘presque’. Un tel croisement peut être plus dangereux qu’un point noir. Vous pouvez intervenir aux points gris avant qu’il y ait des victimes. »

La sécurité routière s’est de toute façon améliorée, mais selon Willems, il est difficile d’évaluer la part exacte de la politique flamande : « Il y a trop de niveaux politiques fragmentés au niveau fédéral, régional et local qui sont tous compétents pour certaines mesures ».

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4. Éducation : la qualité continue de décliner

En 2003, les coupoles d’enseignement flamand et les responsables politiques étaient aux anges. Leur enseignement des mathématiques était numéro un dans le classement international PISA et ils ont reçu une médaille de bronze pour la compréhension de la lecture. Ils étaient tellement aveuglés par ces résultats qu’ils n’ont pas vu les premiers signes de régression. « La même année, l’étude TIMSS, qui mesure les performances des élèves en mathématiques et en sciences, a montré que nos élèves de 13 ans avaient pris six mois de retard en quatre ans », déclare Jan Van Damme, professeur émérite à l’Unité de recherche des sciences de l’éducation (KU Leuven). « Mais personne n’écoutait ».

Même dans les années qui ont suivi, rien n’a été fait pour prévenir une rechute. « Cela tient en grande partie au fait qu’on a laissé libre aux cours aux organes coordinateurs de l’enseignement », explique Van Damme. Comme le gouvernement ne fixe que des objectifs minimaux, ce sont les organes qui déterminent la qualité de l’éducation à travers leurs programmes. Ces quinze dernières années, le gouvernement flamand s’est principalement concentré sur l’égalité des chances. Là non plus, ce n’était pas un succès sans partage. Il y a deux ans, la Commission européenne a averti que les performances de nos élèves étaient fortement liées à leur milieu socio-économique. C’est particulièrement vrai pour les enfants d’origine étrangère.

La conséquence, c’est que la qualité de l’enseignement flamand s’est considérablement détériorée ces dernières années. Le grand avantage que la Flandre avait encore sur la Belgique francophone dans le domaine de la lecture au début de ce siècle a été presque réduit de moitié. Je m’attends à ce que nous continuions à décliner « , déclare Jan Van Damme. « Il y a eu des améliorations dans certains domaines, mais nous sommes confrontés à un tel enchevêtrement de problèmes qu’un grand nombre de mesures sont nécessaires pour inverser la tendance. »

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5. Politique d’habitation : listes d’attente et chiffres truqués

Au début des années 1990, le gouvernement flamand a lancé un programme d’urgence pour 10.000 logements sociaux supplémentaires. Aujourd’hui, le besoin de logements sociaux est toujours aussi grand. Ces cinq dernières années, leur nombre est passé de près de 147 000 à environ 154 000. En même temps, à la fin de 2017, plus de 11 000 logements étaient vacants parce que vétustes, inhabitables ou à rénover.

Entre-temps, les listes d’attente sont passées à plus de 120 000 candidats, qui y figurent depuis en moyenne trois ans – et même six ans dans certaines villes. Selon Sien Winters de la plateforme Steunpunt Wonen, les sociétés de logement ont une situation financière très difficile, surtout dans les villes. « Elles ont moins de réserves et perçoivent moins de revenus de location parce que leurs résidents ont les revenus les plus faibles et paient donc moins cher. Et après rénovation, la société de logement ne peut pas augmenter le loyer proportionnellement, ce qui a des conséquences financières majeures.

Quiconque rêve de construire sa propre maison se heurtera à l’inconfortable vérité que la Flandre est pratiquement couverte de bâtiments, alors qu’il faut plus d’espace libre. Aujourd’hui, 6 à 7 hectares sont construits chaque jour et devraient être réduits à zéro d’ici 2040 avec un « betonstop » (stop au béton).

D’importants problèmes se posent dans les zones d’expansion résidentielle, où beaucoup d’espaces ouverts sont encore perdus parce que, selon Erik Grietens de l’association environnementale Bond Beter Leefmilieu, les autorités locales perçoivent des impôts sur les biens immobiliers et en tirent parfois la moitié de leurs revenus. Le plan du Betonstop a été démoli par le Conseil d’État et mis de côté. Pour l’instant.

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6. Pauvreté : il y a toujours autant de pauvres

Il y a vingt ans, un Flamand sur dix devait se contenter d’un revenu inférieur au seuil de pauvreté. C’est encore le cas aujourd’hui. La politique de lutte contre la pauvreté des gouvernements flamands successifs n’a donc guère eu d’impact.

Actuellement, le gouvernement flamand ne dispose pas de toutes les armes pour lutter contre la pauvreté. Les prestations sociales, par exemple, relèvent de la compétence fédérale. « Mais cela ne signifie pas pour autant que le niveau de gouvernement flamand ne peut pas avoir d’impact », déclare David de Vaal, du Réseau contre la pauvreté. Grâce à la dernière réforme de l’État, la Flandre s’est vu attribuer d’importants leviers pour lutter contre la pauvreté, tels que les allocations familiales. Mais elle n’en fait pas usage, pas plus qu’elle n’utilise des pouvoirs tels que le logement, l’accueil d’enfants et l’éducation ».

Selon l’expert en pauvreté Wim Van Lancker (KU Leuven), c’est en partie parce que les politiciens ont peur d’offenser la classe moyenne. La lutte contre la pauvreté ne produit pas beaucoup de votes « , dit-il. C’est pourquoi les politiciens disent, par exemple, qu’ils veulent réduire de moitié la pauvreté des enfants, mais n’osent pas aligner entièrement les allocations familiales sur les ménages aux revenus les plus faibles.

Depuis le milieu des années 1990, l’accent est mis de plus en plus sur l’activation et l’autonomisation. Les gouvernements successifs sont partis d’une mauvaise analyse », dit Van Lancker. Ils mettent le problème entre les mains de l’individu, qui doit avant tout être aidé à prendre les bonnes décisions pour qu’il puisse sortir de la pauvreté. Ils ne regardent pas les problèmes structurels sous-jacents. Ceux qui le pensent n’ont bien sûr aucune raison de supprimer la prime au logement afin de libérer plus d’argent pour les logements sociaux ».

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7. Les allocations familiales flamandes ne sont pas assez ambitieuses

Depuis le début de cette année, les allocations familiales fédérales ont été remplacées par une variante flamande : le « groeipakket ». C’est le résultat de la sixième réforme de l’État, où la compétence en matière d’allocations familiales a été régionalisée. Cela représente 3,5 milliards d’euros par an. « Il est encore trop tôt pour évaluer le système flamand », déclare Bea Cantillon, directrice du Centre de politique sociale Herman Deleeck (Université d’Anvers). « En tout état de cause, les points de départ ne sont pas très ambitieux. »

Dans le système flamand de croissance, chaque enfant né à partir de cette année reçoit 163,20 euros par mois. C’est très bien comparé au reste de l’Europe. « Mais au Luxembourg, on reçoit 265 euros par enfant », dit Yves Coemans, du département d’études du Gezinsbond (l’équivalent flamand de la Ligue des familles). En Allemagne, vous recevez 204 euros pour un premier et un deuxième enfant, pour les enfants qui viennent après, le montant augmente encore. En Suisse, le montant varie entre 200 et 400 euros par enfant.

La Flandre aurait pu utiliser le transfert des allocations familiales pour atténuer la pauvreté des enfants. Selon les organisations de lutte contre la pauvreté, cela n’a été fait que partiellement. Les allocations familiales auraient dû servir à augmenter le revenu des familles au bas de l’échelle. La Flandre, plutôt riche, aurait dû faire preuve de plus d’ambition maintenant qu’elle est elle-même compétente en matière d’allocations familiales ».

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8. Aide à la jeunesse : les jeunes ne reçoivent pas ce dont ils ont besoin

Jusqu’à il y a quelques années, personne ne savait exactement combien d’enfants et de jeunes attendaient de l’aide. Il y avait des listes d’attente distinctes pour l’Aide intégrée à la jeunesse et les soins aux personnes handicapées. Beaucoup de jeunes se retrouvaient chaque fois dans un service différent, et entre les deux ils étaient abandonnés à leur sort. Depuis 2014, il n’y a qu’un seul point d’entrée pour les mineurs qui ont besoin d’une place dans une institution pour jeunes ou un centre pour personnes handicapées. Aujourd’hui, il y en a 5 000 sur la liste d’attente pour cette aide à la jeunesse non directement accessible.

L’Agence flamande de bien-être de la jeunesse a calculé que 300 millions d’euros seront nécessaires pour  » faire un grand pas vers une aide à la jeunesse accessible à tous ». « Une bonne aide à la jeunesse s’amortit d’elle-même », dit Delaruelle. Si un enfant peut être aidé à un stade précoce, l’aide n’a pas besoin d’être d’une grande portée et il y a beaucoup moins de chances que nous le revoyons une fois adulte. »

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9. Politique du marché du travail : trop peu de Flamands travaillent

Le taux d’emploi, c’est-à-dire le nombre de personnes âgées de 20 à 64 ans qui travaillent, est de 75% en Flandre. C’est juste au-dessus de la moyenne des 28 États membres de l’Union européenne, mais inférieur aux 80 % des Pays-Bas et de l’Allemagne. Le taux de chômage flamand, à 2,5%, est très bas, mais il y a beaucoup de personnes inactives : des personnes qui n’ont pas d’emploi et qui n’en cherchent pas. Il s’agit principalement des femmes et des hommes au foyer, des malades de longue durée, des jeunes retraités, des immigrants et des personnes peu qualifiées. La Flandre compte 23% de personnes inactives, soit un peu plus que la moyenne européenne ; aux Pays-Bas et en Allemagne, ce chiffre n’est que de 18%. « La situation ne s’améliore pas en Flandre », déclare Stijn Baert (Université de Gand), spécialiste du marché du travail.

La Flandre aime se vanter de son faible taux de chômage, mais il est facile d’oublier qu’elle compte un très grand nombre de personnes inactives. « La Flandre n’y est pas encore », déclarent Baert et Denys en choeur. « Nous devons nous inspirer des Pays-Bas, de l’Allemagne et des pays scandinaves, puis nous devons faire passer le taux d’emploi de 75 à 80%. Ce ne sera pas facile, car les gains faciles ont déjà été réalisés ».

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10. Environnement : beaucoup de mots, des actions lamentables

Depuis vingt ans, la politique environnementale flamande se caractérise par des promesses coûteuses et des objectifs élevés, qui ne sont pas atteints ou ne le sont que partiellement.

La pollution de l’air par l’industrie et le chauffage diminue grâce à des normes plus strictes. Mais la qualité de l’air reste médiocre, avec des concentrations élevées de particules. C’est principalement dû à l’augmentation du trafic automobile. Dans les régions d’Anvers, de Gand et de Bruxelles en particulier, les normes européennes sont souvent largement dépassées.

Il y a vingt ans, on a promis dix mille hectares de forêt supplémentaires, en plus des 146 000 hectares estimés à l’époque. Aujourd’hui, l’organisation Bos+ estime la superficie à 140.000 hectares et la Flandre reste l’une des régions forestières les plus pauvres d’Europe. Il n’y a toujours pas d’inventaire fiable. Cependant, les forêts jouent un rôle crucial dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Depuis un quart de siècle, la qualité de l’eau est également un problème. La norme européenne est qu’un maximum de 5% de nos cours d’eau peuvent avoir un surplus d’azote. La Flandre est à 36%. Il y a deux ans, c’était encore 20 %. L’industrie a fait de gros efforts pour purifier l’eau, mais un secteur est resté en arrière : l’agriculture. Des plans d’action pour le fumier strict (PAM) étaient destinés à remédier à cette situation. La MAP 6 est maintenant en vigueur. Peter Goethals, professeur d’écologie de l’eau (Université de Gand), estime que ce n’est pas seulement le secteur agricole qui doit être souligné,  » parce que le mauvais état de nos ruisseaux, rivières et eaux souterraines montre que le problème est beaucoup plus vaste. Le secteur est en partie responsable, mais la politique a permis pendant des décennies que les mauvaises pratiques restent impunies ».

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