Alexander De Croo © Belga

La dette, l’un des défis du gouvernement De Croo

Mélanie Geelkens
Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Le Vif pointe les défis du gouvernement De Croo. Parmi eux, la dette.

On tranche. Ça repousse. On brûle. Ça revit. On tue. Ça renaît. Depuis la crise de 2008, la quête perpétuelle d’un équilibre budgétaire entre dans une légende chantée par les aèdes de la rigueur. La coalition suédoise de Charles Michel, et dont Sophie Wilmès fut ministre du Budget, s’était engagée à l’atteindre en 2017, puis en 2019, puis plus tard, puis jamais, et avait terminé un exercice 2019 traversé en affaires courantes, avec un déficit de douze milliards d’euros. Depuis, les importantes dépenses consenties pour compenser les conséquences de la pandémie (chômage temporaire, droit passerelle, etc.), couplées à l’effondrement annoncé de la croissance, donc des recettes fiscales, ont fait estimer, par le Comité de monitoring, le trou à combler à 33 milliards pour 2020, et à 24 milliards en 2021.

Ce sont les anciens des partis de la suédoise (CD&V, Open VLD et MR) qui ont le plus insisté pour que l’accord de gouvernement tienne l’incontrôlable sous contrôle. Et ce sont ces questions qui ont retardé la conclusion définitive de l’accord Vivaldi.

Plus de retour à l’équilibre

Il faudra financer les quelque cinq milliards de nouvelles dépenses programmées pour des politiques nouvelles. Et, sagement, le chapitre budgétaire de l’accord ne prévoit plus un retour à l’équilibre budgétaire avant la fin de la législature: le déficit s’élèverait à plus de 4% en 2024. Et les efforts variables (poussés à 0,2% du PIB par an, et ventilés entre un tiers de réduction de dépenses, un tiers d’augmentations des recettes et un tiers de « divers ») ne seront consentis qu’à partir de l’exercice 2022. D’ici là, pour éviter que ne repoussent les têtes méchantes d’une hydre, dont la Commission européenne a toutefois lissé les dents en autorisant les Etats membres à sortir des rigidités de ses traités budgétaires, la Belgique devra s’imposer un « effort fixe » s’élevant lui aussi à 0,2% du PIB. Mais elle s’engage, simultanément, outre ses nouvelles dépenses sociales et les allégements fiscaux consentis pour les PME (un milliard d’euros de mesures provisoires, et 3,2 milliards à des mesures structurelles), à dégager un milliard d’euros pour des investissements publics. C’est l’Open VLD qui a réclamé la compétence du Budget, cédée à la nouvelle secrétaire d’Etat Eva De Bleeker. Celle-ci dépendra directement du Premier ministre. La tâche est, bien sûr, herculéenne. Seul Alexander De Croo pourra assumer de ne l’avoir pas accomplie.

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