Sophie Gorle. © Belga

La défense d’Alexandre Hart réclame une peine qui n’excède pas 29 ans de prison

Me Molders-Pierre, avocat d’Alexandre Hart (21 ans), a plaidé lundi devant la cour d’assises de Liège une peine qui n’excède pas 29 ans de prison à l’encontre de son client.

« Nous vous demandons de favoriser l’espoir. Et de reconnaître, avec raison, qu’il existe des circonstances atténuantes. » L’avocat général a requis plus tôt la réclusion criminelle à perpétuité à l’encontre de l’accusé.

Les avocats d’Alexandre Hart sont d’abord revenus sur la personnalité de leur client, « dont le portrait dressé par le dossier répréssif ne laissait qu’une très faible latitude pour se faire une opinion personnelle » à son sujet, a déclaré Me Sophie Gorlé. « S’il y a un mot que j’ai retenu pour M. Hart et qui est interpellant par sa justesse, c’est l’adjectif ‘déconcertant’. Il peut déstabiliser par ses réactions surprenantes, sa manière de sourire quand il est nerveux, le mauvais choix de ses mots. C’est quelqu’un qui a toujours été mis à l’écart par les autres. (…) Mais il y a quand même une évolution, ne serait-ce qu’en termes de prise de responsabilité », a décrit l’avocate.

Son confrère, Me Molders-Pierre, a ensuite pris la parole, ajoutant avoir été « scandalisé par le manichéisme des expertises psychiatriques » d’Alexandre Hart. « ‘C’est un psychopathe’. Pourquoi? ‘Parce qu’on vous le dit’. Le mot est lâché. » Mais « psychopathe n’est pas égal à ‘enfermer à vie' », estime-t-il. « On se sert de ce mot pour faire peur, c’est un raccourci trop simpliste. »

L’avocat a également tenu à déconstruire des « mythes et légendes » au sujet de la prison, comme le fait que les jours en détention préventive compteraient comme doubles, ou encore que les conditions de vie en prison sont « coolos » et que « c’est presque le Club Med ». « Quand j’entends l’avocat général énumérer les cours de Zumba, plasticine et autres bricolages en prison, je me demande dans quelle réalité on vit! (…) A Lantin, on y va toutes les semaines et je pense que tous les juges, jurés ou magistrats professionnels devraient y faire un stage avant de prononcer une peine », a-t-il poursuivi. « Le temps y est comme suspendu. Il y a ces odeurs, les rats. Retirez-vous de la tête que l’on s’y amuse follement. »

Il a enfin relevé des circonstances atténuantes dans le chef d’Alexandre Hart, non par rapport aux faits mais bien à sa personnalité, notamment le jeune âge et l’immaturité de son client au moment des faits, l’absence de casier judiciaire, son parcours abîmé et le fait qu’il soit venu au procès « en aveux complets », ce qui constitue « une prise de conscience rassurante pour la suite ». De plus, M. Hart a pris conscience qu’il avait « besoin d’aide ».

L’avocat s’est dit, lors d’une interruption d’audience, « surpris » qu’aucune circonstance atténuante n’ait été retenue par l’avocat général, qui a requis la prison à perpétuité. « C’est un gamin, certes dangereux, mais surtout fragile. Mais un gamin quand même. » « On vous demande de l’enfermer à clé et de jeter la clé le plus loin possible. Madame l’avocat général n’a plus d’espoir et je trouve que c’est triste. (…) Vous avez le choix de céder au désespoir le plus complet, ou non », a-t-il déclaré aux jurés. « Nous vous demandons de favoriser l’espoir. Et de reconnaître, avec raison, qu’il existe des circonstances atténuantes. »

« Mesdames et messieurs les jurés, soyez, comme nous vous le demandons depuis le premier jour, durs mais justes. Etre juste, c’est le contraire de venger », a conclu Me Molders-Pierre.

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