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La crise du Covid à la Chambre: « Monsieur le Premier ministre, allez-vous appeler l’armée en renfort? »

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Les députés s’alarment de la deuxième vague, des réponses insuffisamment fermes du gouvernement et du chaos des tests. « Nous devons absolument limiter les contacts non essentiels », dit le Premier ministre.

La crise du Covid se trouve au coeur de la séance plénière de la Chambre, ce jeudi après-midi, à la veille d’un nouveau Comité de concertation.

Catherine Fonck (CDH) entame le débat en affirmant son soutien à l’ancienne Première ministre, Sophe Wilmès. « Tous les signaux sont rouge vif, constate-t-elle. C’est à vous de prendre des mesures fortes, monsieur le Premier ministre, avec plus de clarté et de cohérence. Pas comme la semaines passée quand les mesures ont été contestées à peine qu’elles avaient été prises. » La chef de groupe humaniste regrette les défaillances de la stratégie des tests et demande un soutien massif aux soignants. « Mobilisons les étudiants », dit-elle notamment. « Nous ne pouvons pas arriver à la nécessité de choisir qui soigner. »

Sophie Rohonyi (DéFi): « Monsieur le Premier ministre, j’en ai assez que notre pays soit montré du doigt dans tous les pays du monde. » Elle souligne aussi « en avoir assez » d’entendre dire que tout est sous contrôle, alors que « ce n’est pas le cas ». Elle regrette aussi la défaillance des tests et le retrait des asymptomatiques des tests. « Monsieur le Premier ministre, quelle est notre riposte face à cette seconde vague? Allez-vous appeler l’armée en renfort? »

Raoul Hedebouw (PTB) souligne que la situation est grave tant sur le plan sanitaire qu’économique. « Une solution possible est la solidarité, dit-il. Mais il faut aussi des réponses: comment en sommes-nous arrivés à se retrouver dans la même situation que lors de la première vague. Il faut maintenant de la fermeté et prendre des mesures. »

« Les chiffres sont mauvais, il y a une augmentation des hospitalisations, il faut prendre des mesures fermes », souligne Kathleen Verhelst (Open VLD). Elle souligne la difficulté d’avoir fermé les restaurants, met en avant l’impact économique de cette décision et demande un soutien à l’activité.

Peter De Roover (N-VA) regrette la confusion des mesures, le chaos provoqué par la communication des mesures aux autorités locales. « Le couvre-feu n’est pas constitutionnel », souligne le chef de groupe nationaliste. Il critique aussi la stratégie de tests qui fluctue. « Nous demandons de la fermeté », mais il convient de prendre des mesures claires.

« Nous savions que la mesure de fermeture des restaurants allait être perçue comme injuste, dit le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD). Mais ce n’est pas le cas: cela ne veut pas dire qu’ils sont responsables de ce qui arrive. »

Le Premier ministre rappelle les objectifs poursuivis: le fait que les hôpitaux ne soient pas saturés, veiller à ce que les écoles restent ouvertes, le souci de la santé mentale parce que « ce ne sont pas des temps ordinaires » et le souci de maintenir l’économie en activité avec un télétravail maximal. « Voilà les priorités au niveau de notre société et je n’entends aucun doute à ce sujet. »

« Tous les contacts non-essentiels doivent être limités au maximum », prolonge le Premier ministre. La fermeture des bars et des restaurants n’est pas déraisonnable dans ce sens, souligne-t-il. Et aussi: « Combattre cette pandémie Covid, c’est un travail d’équipe ». Les décisions doivent être prises en équipe et doivent être défendues ensemble, insiste-t-il. « La décision de vendredi a été prise au sein du Comité de concertation les ont soutenues », dit-il pour regretter la confusion qui a suivi.

Neuf des dix provinces sont en phase d’alerte. « Les chiffres sont clairs: le virus est présent partout », dit Alexander De Croo et la dernière province concernée – le Limbourg – sera concernée elle aussi dans les sept jours. « Les décisions prises vendredi sont légitimes. Tout doit être mis en oeuvre pour empêcher les contacts non-essentiels. »

Concernant les tests, il y avait 60000 tests ces dernières semaines, avec un pic de 72000 tests lors d’une journée, et la Belgique figure dans le peloton de tête européen, insiste le Premier ministre. Tout est mis en oeuvre pour tendre vers 90000 tests. « Mais ce marché des tests est sous pression », constate-t-il. « Nous ne testons pas moins », mais les priorités ont changé au vu du nombre de contaminations.

« Madame Fonck, il faut tout faire pour renforcer l’attractivité du métier de soignant »,répond-il ensuite à la cheffe de file CDH, en rappellant que le Fonds des blouses blanches a été renouvélé. « Nous faisons beaucoup d’effort, mais le plus gros effort que nous pouvons faire, c’est réduire la pression sur le secteur en limitant nos contacts. »

« La situation actuelle démontre l’omniprésence du virus », conclut Alexander De Croo. « Les bonnes mesures ont été prises vendredi et il faut attendre dix jours avant d’en percevoir les résultats. Nous allons corriger le tir en Comité de concertation, mais nous devons être déterminés et ne pas changer de stratégie. » Le succès de ces mesures est lié au respect des mesures et des contrôles. « La confiance de la population augmente », constate-t-il.

A aucun moment, le Premier ministre n’évoque la perspective d’un reconfinement plus important, se contentant de marteler que les « contacts non essentiels doivent être limités ».

« Un reconfinement serait le terrible aveu d’un échec collectif », réplique Sophie Rohonyi en regrettant le chaos des derniers temps. « Je vous demande de reconnaître vos erreurs, ce n’est comme ça que nous pourrons travailler en équipe. »

Laurence Hennuy (Ecolo/Groen) s’inquiète pour sa part du taux d’adhésion aux mesures et se dit préoccupée alors que des décisions « lourdes » seront sans doute prises vendredi lors du Comité de concertation.

Lors d’une nouvelle réponse, Alexander De Croo évoque « l’équilibre très difficile à trouver » pour préserver les besons psycho-sociaux de la population. « Voilà pourquoi les décisions ont préservé la bulle sociale à une personne pour les contacts rapprochés, ce qui permet les contacts individuels », dit-il en constatant que la maladie voudrait en réalité qu’il n’y ait plus de contacrs

Au sujet de l’adhésion des mesures: « Je suis persuadé que ce peut être le cas quand les mesures sont simples et que l’on peut faire comprendre que nous comportements individuels ont un impact sur l’épidémie. C’est notre comportement à chacun de nous qui aide à sauver les personnes vulnérables. Nous serons tous vulnérables à un moment de notre vie. »

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