Photo d'illustration. © Getty Images/iStock

La communauté belge du renseignement 2021: qui fait quoi? (infographie)

L’idée de « communauté du renseignement » est récente en Belgique, où la culture du renseignement navigue entre fantasmes et manque de considération.

Appliquée à la Belgique, l’expression « communauté du renseignement » est-elle pertinente? Arnaud Lelièvre, auteur d’une thèse de doctorat, disponible en ligne, sur la communication Web des services de renseignement (UCLouvain), émet une objection: « Si cette dénomination a du sens pour les Etats-Unis où l’ Intelligence Community compte dix-huit agences, en Belgique, nous avons deux agences de renseignement: la VSSE et le SGRS. La loi organique de 1998 est claire à ce sujet et elle introduit une distinction entre les deux: un service civil et un service militaire. Le bataillon Istar, selon moi, est une unité militaire dont la mission est la reconnaissance et le renseignement militaire. Ce n’est pas un service de renseignement, au sens de la loi organique. »

Pour Le Vif, Arnaud Lelièvre dresse cette typologie.

Civil/militaire

« Cette délimitation apparaît comme de plus en plus floue puisque l’atténuation de la délimitation entre temps de paix et temps de guerre conduit parfois certains services à travailler sur des thématiques hybrides. De même, des services à vocation plutôt civile peuvent compter sur un contingent militaire (DGSE) et se voir déployer sur des théâtres d’opération (CIA). »

Intérieur/extérieur

« Plusieurs pays disposent d’un seul service dont les prérogatives s’étendent aussi bien à l’intérieur qu’ à l’extérieur. De la même manière, des services davantage tournés vers l’intérieur mènent parfois des opérations à l’étranger. Cette organisation, c’est-à-dire la répartition des prérogatives et le rattachement des organes de renseignement à des ministères différents, offre l’avantage d’un meilleur contrôle. Elle est retenue ordinairement dans les Etats démocratiques occidentaux, mais pas uniquement puisque c’est aussi le cas en Russie (SVR/FSB) ou au Maroc (DGST/DGED). Dans un monde globalisé où certains flux informationnels sont par nature dématérialisés et ne connaissent pas de frontières, la question de la limitation géographique du champ d’activité de certains services se pose de plus en plus, de même que l’interconnexion entre des intérêts politiques et économiques qui ne connaissent également pas de frontières. Comment, dès lors, attendre d’un service de renseignement qu’il observe une stricte obéissance aux délimitations géographiques? »

Multimodaux/monomodaux

« La VSSE et le SGRS sont des services multimodaux dans le sens où la captation des informations et la production de renseignement se fait grâce à un ensemble diversifié de méthodes. Le GCHQ britannique et la NSA américaine sont davantage monomodaux puisqu’ils sont spécialisés dans l’interception de données. »

Opérations clandestines

« Certains services possèdent une unité opérationnelle clandestine destinée à mener des actions souvent paramilitaires et non revendiquées: Service Action DGSE, Special Activities Division CIA, Kidon Mossad, etc. »

Relation à l’Etat

« Dans le modèle intégré, forte imbrication entre le sommet de l’Etat et les services (Israël, Royaume-Uni). Dans le modèle unifié, une seule agence de renseignement (Espagne, Corée du Sud). Dans le modèle communautaire, une constellation d’agences unifiée (Etats-Unis). »

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