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La chaotique gestion du Centre wallon de recherches agronomiques

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

Budget nébuleux, dépenses hasardeuses, marchés publics douteux… La gestion du CRA-W interpelle la Cour des comptes et l’Inspection des finances. Surtout lorsque 19 millions d’euros publics annuels sont en jeu…

Le Centre wallon de recherches agronomiques (CRA-W), organisme d’intérêt public employant près de 450 personnes, fait l’objet de vives critiques. Transférée du niveau fédéral vers la Région en 2003, la structure peine à évoluer avec efficacité et transparence depuis une profonde réforme mise en oeuvre en 2010. Malgré un budget annuel de 35 millions d’euros, dont 19 émanent du pouvoir public régional, d’importantes failles persistent dans le contrôle du CRA-W, placé sous la tutelle du ministère de l’Agriculture.

Budgets incomplets, dépenses hasardeuses, soupçons autour des marchés publics… La Cour des comptes et l’Inspection des finances tirent la sonnette d’alarme, tandis que la justice passe quelques dossiers au peigne fin. Les principaux griefs ciblant la gestion controversée du centre de recherches ?

Le chaos dans les comptes depuis 2006 : le CRA-W n’en a rentré aucun depuis. Le recours aux réserves budgétaires : 2,97 millions à charge du fonds Moerman, issus de la déduction du précompte professionnel octroyé aux instituts de recherches 1,5 million afin de mettre aux normes ses bâtiments. Les évincements et le sous-effectif chronique : le service comptabilité du CRA-W fonctionne sans responsable depuis janvier 2011 ; plus récemment, le centre s’est séparé de la contrôleuse de gestion engagée en 2008 (il lui est notamment reproché d’émettre des « suspicions sur la gestion budgétaire et comptable de la direction générale afin de la discréditer ») ; 73 postes sont vacants dans un cadre de 252 personnes et aucune évolution n’est attendue. Des marchés publics douteux : sur les 211 marchés analysés par la Cour des comptes, 186 ont été conclus pour des montants inférieurs à 5 500 euros. En dessous de ce seuil, les obligations légales pour l’octroi de marchés publics sont allégées… Des soupçons de prise d’intérêts : la justice namuroise s’intéresserait aux interactions entre le CRA-W et quelques sociétés. Six dossiers seraient à l’examen, impliquant cinq personnes du centre pour la passation de marchés publics ou pour des prises d’intérêts éventuelles.

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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