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La Belgique était parée contre une pandémie depuis 2006. En théorie…

François Remy
François Remy Journaliste

Exhumés du web sans grandes difficultés, deux documents officiels attestent de la préparation des autorités belges à la lutte contre un « virus pandémique ».

Brutale mais surmontable, l’adversité d’une pandémie sert de test grandeur nature à la gouvernance. Ce n’est pas politiser l’épreuve actuelle que de rappeler que gouverner, c’est prévoir. Or, de rapides fouilles sur Internet permettent à quiconque de (re)découvrir l’existence de documents troublants de prévoyance.

Le premier s’intitule « Plan belge en cas de pandémie grippale » et sa finalisation remonte au mois de juillet 2006. Il s’agit d’un manuel d’une cinquantaine de pages voulu comme un outil de travail pratique qui aborde les mesures adéquates pour chaque aspect d’une crise sanitaire mondiale: l’organisation des structures décisionnelles, la prévention (grâce notamment à des masques chirurgicaux et respiratoires), la surveillance virologique et épidémiologique, la logistique (achat de matériel, production, distribution), les mesures socio-économiques, ou encore la communication pour les professionnels de la santé et le grand public.

Le degré de préparation semble à ce point élevé que même « un modèle mathématique a été développé afin de pouvoir créer des scénarios qui donnent une image de l’impact médical ou socio-économique qu’aurait une pandémie« , stipule le chapitre logistique, affirmant que « ces scénarios montrent la nécessité de se préparer ensemble« .

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À la lecture, cette ancienne marche à suivre apparaît en fait prédestinée à combattre le COVID-19.

Ce plan a, en tout cas, été utilisé pour la gestion de l’épidémie A/H1N1 trois ans plus tard, sous la houlette du Commissariat interministériel Influenza, l’organe de coordination avec les diverses instances aux niveaux fédéral, régional et communautaire, et dont la mission principale était de maintenir à jour un plan pour gérer efficacement une éventuelle pandémie.

Le second document, appuyant officiellement la stratégie belge, date lui du 30 mars 2009, le monde se trouvant alors selon l’OMS en phase d’alerte pandémique. Il s’agit d’un avis du Comité de bioéthique de Belgique d’une quarantaine de pages, disponible en accès libre sur… le site du SPF Santé publique. Là aussi, toute ressemblance avec l’actualité n’est malheureusement pas fortuite.

Jugeant « moins extravagant » l’achat de respirateurs supplémentaires et « insuffisant » le stock constitué de millions de masques FFP2, les experts appelaient à l’époque à « consacrer une partie des budgets disponibles à la recherche épidémiologique d’une part et organisationnelle en soins de santé d’autre part, à large échelle.  » Malgré l’éclatement de la crise financière, il leur semblait « inacceptable d’économiser ces dépenses.« 

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.© D.R.

Bref, si l’heure est à la solidarité pour vaincre le coronavirus, des réclamations montent déjà des rangs de l’opposition parlementaire aux permanences syndicales: l’incurie ne pourra pas rester impunie.

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