Aux funérailles des policiers tués dans l'attentat de Liège. © BELGA/Yorick Jansens

L’ONU pointe le manque de soutien des autorités belges aux victimes du terrorisme

Le Vif

« Lors de réunions avec des victimes des attentats du 22 mars à Bruxelles, la rapporteuse spéciale a été profondément touchée par les informations selon lesquelles les autorités avaient fait preuve d’un manque de réactivité face aux besoins médicaux et psychologiques », déplore la Rapporteuse spéciale des Nations unies sur les droits de l’homme et les libertés fondamentales, l’Irlandaise Fionnula Ni Aolain, dans un rapport présenté vendredi.

« La Belgique a beaucoup de bonnes pratiques à partager en matière de lutte contre le terrorisme », note la Rapporteuse spéciale des Nations unies. Mais elle déplore notamment un manque d’attention porté aux victimes du terrorisme.

« Les victimes se sentaient abandonnées et avaient du mal à trouver un soutien médical ou autre tout en faisant face à une perte, une douleur et un traumatisme accablants. » Dans son rapport, elle dit s’inquiéter « des lacunes qui subsistent dans le cadre applicable aux victimes du terrorisme en Belgique. »

Fionnula Ni Aolain a effectué une visite en Belgique du 24 au 31 mai dernier, et était donc présente dans notre pays au moment de la fusillade perpétrée par le radicalisé Benjamin Herman à Liège. Lors de son séjour, elle a notamment pu visiter l’aile dévolue aux détenus radicalisés de la prison de Hasselt, rencontrer les différentes autorités du pays et écouter des victimes des attentats du 22 mars à Bruxelles. Mme Ni Aolain a présenté son rapport final vendredi.

De manière générale, la rapporteuse se félicite « de l’approche mesurée mais délibérée du gouvernement face à la menace terroriste ». Elle affirme ainsi que la Belgique « a beaucoup de bonnes pratiques à partager et que son engagement en faveur des droits de l’homme est une dimension essentielle de son travail en matière de lutte contre le terrorisme. »

Cependant, elle constate « plusieurs problèmes fondamentaux en matière de droits de l’homme ».

La rapporteuse souligne ainsi « son inquiétude particulière face au fait qu’aucun programme de déradicalisation systématique et adapté à chaque cas ne soit mis en place dans les prisons belges. »

En matière de respect de la vie privée et de collecte des données personnelles, elle pointe « la nécessité d’un cadre juridique clair et respectueux des droits de l’homme sur le rôle du secret professionnel ». Elle encourage également le gouvernement à « assurer un contrôle indépendant, efficace et complet des pouvoirs en matière de collecte, de traitement, de partage et de conservation des données dans le contexte de la lutte contre le terrorisme. »

La rapporteuse évoque aussi la nécessité « de créer un organe de contrôle indépendant, doté de ressources suffisantes, qui procéderait à un examen du fonctionnement général de la Convention » des droits de l’homme en Belgique ainsi que la création d’une institution nationale indépendante de défense de ces droits.

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