A. Dubart, la conscience. © A. Dubart

L’oeuvre de la semaine: La conscience

Guy Gilsoul Journaliste

Cette gravure signée Agnès Dubart (°1985) offre de la conscience une image non conforme à la raison qui, le plus souvent, accompagne ce terme.

Il est vrai que depuis Freud, nous savons que dans cette zone apparemment claire de notre esprit rampent et sautillent bien des flammèches venues des ombres. Et soudain, semble nous dire l’oeuvre, apparut une clairvoyance étonnée, gourmande, presque hallucinée.

Le personnage regarde vers le bas et vers le haut à la fois. Il porte en ses tripes, une lune vive et palpitante. Mais alors que par ses pieds bien plantés sur le livre ouvert, il croyait détenir le secret du savoir, il ne peut empêcher que, des pages s’échappent des homoncules dansant la carmagnole, des joyeux lurons de carnaval qui fêtent lune et soleil.

Il avait pourtant tout misé sur cette échelle des connaissances écrites. Hélas, trois fois hélas, alors que se devine la patience qui d’échelon en échelon devait l’amener à la lumière, l’échelle ne lui servira plus. Alors, il s’agrippe à l’astre d’argent comme d’autres à leur ventre, à leur or, à leur orgueil et sent, par-dessus sa tête, venir à lui la sagesse d’un arbre et plutôt même des racines dont la progression peu à peu, dématérialise son corps.

La conscience serait-elle cette dissolution du corps dans un tout dont les signes viendraient des rythmes végétaux et des cycles planétaires.

Si Agnès Dubart, depuis de longues années, s’est plongée dans l’étude des mythes et du folklore, si, dans la vie de tous les jours, comme dans son regard, elle sillonne l’imaginaire des hommes, c’est elle seule, tête à l’envers, tête à l’endroit qu’elle fonde peu à peu. L’aventure de l’oeuvre en marche se confond ainsi avec ce qui peu à peu, construit sa conscience du monde. L’exposition tisse un parcours mis en rapport avec les mécaniques célestes alors que dans une autre partie du musée, l’oeuvre est confrontée avec des gravures du XVIe siècle.

Gravelines. Musée du dessin et de l’estampe originale.

Site de l’Arsenal. Jusqu’au 5 novembre.

Tous les jours sauf mardi de 14h à 18h.

www.gravelines-musee-estampe.fr

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