« L’idéologie de la N-VA est radicalement antidémocratique »

Dimanche dernier on a pu constater de façon magistrale que la N-VA a réussi à noyer son idéologie radicale sous une sauce plus modérée. C’est en tout cas la conclusion de la thèse de doctorat d’Ico Maly, un chercheur de l’université de Tilburg, aux Pays-Bas et auteur de nombreuses parutions en Flandre sur l’image de l’Islam et le racisme.

Ce n’est pas une grosse surprise : La N-VA a fait d’excellents scores en Flandre ce 14 octobre. Mais est-ce que les électeurs savent vraiment pour quoi ils ont voté ? Ico Mally de l’université de Tilburg qui vient de finir sa thèse sur le programme et les idéologies de la N-VA en doute. « J’ai été moi-même surpris de découvrir un parti aux idées très radicales et néolibérales.

Comment la N-VA est-elle parvenue à rendre si populaire un message si peu glamour ?

Ico Maly: Pour commencer, son histoire n’est pas neuve. Bart De Wever ne fait que radicaliser des idées qui existent déjà depuis longtemps, et c’est précisément pour cette raison qu’il est si difficile à contrer par les autres partis. Comment les libéraux pourraient-ils décrier le néolibéralisme et les idées nationalistes flamandes alors que ces dernières ont longtemps été reprises dans les manifestes citoyens édités par Guy Verhofstadt ? Pour le CD&V c’est encore plus délicat puisqu’il a formé des années durant un cartel avec ce parti.

Mais le message que défend la N-VA n’est pas particulièrement mainstream?

L’idéologie de la N-VA est par certains aspects très radicale et même anti-démocratique, mais elle est enrobée dans une communication sur mesure. C’est pour cette raison qu’elle passe sans accrocs.

Qu’y a-t-il de si antidémocratique dans l’idéologie de la N-VA ?

Pour commencer, De Wever réduit la démocratie à la Vox Populi. Tout ce qui compte c’est la voix du peuple et dont le politique se fait l’écho. De cette manière, on passe à côté des vrais fondements de la démocratie : l’égalité et la liberté. Dans son discours, la démocratie est comparée au nationalisme : plus de démocratie signifie plus de nation flamande. Foutaises bien entendu, parce que la démocratie n’est pas fondée sur une identité, mais bien une constitution, la liberté et l’égalité et des citoyens rationnels. Mais Bart De Wever ne croit pas en cela.

Qu’est-ce qui diffère vraiment la N-VA et le Vlaams Belang ?

Le nationalisme du Vlaams Belang est purement ethnique: le sang et le sol. La N-VA y rajoute une espèce de nationalisme civique. Cela signifie que tout le monde peut devenir membre de la nation flamande, même les allochtones, mais à la condition expresse que l’on s’adapte entièrement à l’ordre moral de cette nation ethnique. La différence est subtile, car en substance le Vlaams Belang dit lui aussi qu’il faut s’adapter ou dégager. A contrario le contraste s’agrandit lorsqu’il s’agit de racisme explicite. On n’entendra par exemple jamais De Wever se plaindre de l’argent qui disparait dans la poche de Mohammed. En d’autres mots, la vraie différence est surtout une question d’emballage.

(AP)

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire