L’entreprise de transport Jost pointée du doigt pour dumping social

Jost Group, la firme de transport international dont la filiale belge est installée notamment à Herstal, est à nouveau pointée du doigt pour une affaire de dumping social. Cette fois c’est la CSC qui a décidé de porter l’affaire devant la justice, ont révélé mercredi la RTBF, La Libre et la Dernière Heure.

Selon le syndicat chrétien qui enquête depuis deux mois sur le dossier, le transporteur affrète tous les 15 jours, le dimanche matin, un avion entre Bucarest et Maastricht. « Cet avion achemine (…) quelque 160 travailleurs à 180 Roumains ». Arrivés à Maastricht, ils sont emmenés par autocar dans des hangars sur le site de Herstal, près de Liège. On les retrouve ensuite au volant de camions du groupe sur les routes belges mais également internationales », détaille Roberto Parillo, responsable général de la CSC Transcom.

Le syndicaliste accuse le transporteur de concurrence déloyale et de dumping social.

« À entendre les chauffeurs, ils sont payés entre 550 et 600 euros brut par mois, plus 50 à 55 euros par jour de travail, mais ce surplus est payé en noir! En Belgique, un chauffeur coûte à l’employeur entre 4.500 et 5.000 euros par mois », précise-t-il.

Et de compléter, chiffres à l’appui: « D’après le bilan déposé par l’employeur de ces Roumains, la société Skiptrans installée à Cluj, un chauffeur à temps plein coûte environ 9.000 dollars par an, alors qu’en Belgique ce coût est de 45.000 dollars. Le succès est tel que la société Skiptrans, qui était mal en point il y a une dizaine d’années, se porte aujourd’hui très bien. Elle est d’ailleurs passée de 20 travailleurs en 2007 à 845 en 2019. (…) Bref, c’est un montage illégal et de la concurrence déloyale pour les transporteurs belges qui respectent les règles puisque le coût salarial représente 35 à 40% du coût global d’un transport », ponctue-t-il.

« Présomption d’innocence »

De leur côté, le groupe Jost et la société Skiptrans réfutent, par l’intermédiaire de leurs avocats, « toutes les accusations portées contre eux et réclament le bénéfice de la présomption d’innocence ».

Dans les conditions qu’impose la crise Covid, il est apparu pour la société Skiptrans qu’il fallait organiser le déplacement des chauffeurs « dans les meilleures conditions par voie aérienne », peut-on lire dans un communiqué transmis à l’agence Belga.

Ceux-ci rejoignent au départ de Maastricht leurs différents lieux de chargement en Europe, aux Pays-Bas, en Allemagne et en Belgique en vue d’exécuter les missions de transports internationaux qui leur sont confiées, précisent les avocats.

« Les conditions de travail et d’hébergement cités par l’organisation syndicale, de même que les conditions de paiement du salaire, relèvent à nouveau de la pure diffamation. Le salaire moyen d’un chauffeur travaillant pour compte de Skiptrans s’élève à un montant variant entre 2.300 euros et 2.600 euros net par mois », rétorquent les sociétés incriminées.

Pour rappel, Jost Group est déjà sous le coup depuis 2015 d’une enquête menée par le parquet fédéral pour des faits de fraude sociale et pour trafic d’êtres humains. Cela concerne ses filiales roumaine et slovaque.

Contenu partenaire