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L’école toujours trop reproductrice des inégalités sociales

L’école en Fédération Wallonie-Bruxelles génère encore et toujours trop d’inégalités sur base sociale ou ethnique, dénonce lundi Unia, le centre interfédéral pour l’égalité des chances sur base de son nouveau baromètre sur la diversité dans l’enseignement.

En s’appuyant sur les témoignages recueillis auprès 662 enseignants et directeurs de 320 écoles en Fédération, l’étude montre notamment que les décisions des conseils de classe ne sont pas toujours motivées par les seules compétences des élèves.

« En effet, de manière inconsciente souvent de la part du personnel enseignant, l’origine sociale ou ethnique peut jouer un rôle déterminant quant aux décisions prises », affirme Patrick Charlier, directeur d’Unia.

A résultats identiques, les justifications apportées pour choisir telle ou telle attestation d’orientation (réussite, redoublement ou réorientation) ne sont pas les mêmes selon les caractéristiques des élèves. Il arrive ainsi que les enseignants justifient leurs décisions de réorientation par le manque de soutien parental supposé de l’élève d’une origine sociale peu élevée et/ou étrangère.

Parfois, certaines écoles, soucieuses de préserver leur réputation, hésitent même à garder les jeunes issus de milieux plus modestes.

« L’origine des élèves influence encore la manière d’appréhender leur accompagnement et leur orientation. Et cela entraîne des différences d’opportunités entre les élèves ayant pourtant des capacités comparables. Nous ne pouvons plus accepter cela », insiste Patrick Charlier.

Plus les réorientations scolaires sont précoces, plus cela renforce l’inégalité selon l’origine sociale, constate encore Unia qui soutient dès lors l’ambition du gouvernement de la Fédération d’allonger le tronc commun de la 2e jusqu’à la 3e secondaire.

Par ailleurs, si 70% des enseignants et des directeurs souhaitent bâtir une école où les élèves LGBT (lesbiens, gays, bisexuels et transgenres) se sentent les bienvenus, 30% estiment toutefois que leur école n’est pas encore en mesure de s’adapter aux réalités nouvelles comme par les familles homoparentales.

« Les acteurs de l’enseignement doivent développer une approche anti-harcèlement pour les jeunes LGBT en évitant l’hétéronormativité », recommande à cet effet Unia.

Enfin, en matière d’enfants en situation d’handicap, l’enquête montre un important hiatus. Quatre-vingts pour cent des directeurs d’écoles primaires déclarent ainsi soutenir les enseignants dans la prise en charge des élèves en situation de handicap. Mais à peine 20% des répondants affirment que leur école dispose d’un programme spécifique pour ces élèves…

Signe que l’enseignement inclusif peine à convaincre, 56% des directeurs se disent d’ailleurs favorables à réorienter les élèves ayant des besoins éducatifs spécifiques vers… l’enseignement spécialisé.

Face à tous ces défis, les enseignants se sentent bien souvent démunis, montre encore l’enquête.

Quarante pour cent d’entre eux s’estiment ainsi insuffisamment outillés pour la mise en place d’aménagements raisonnables, un chiffre qui monte même à 80% pour l’accueil des élèves primo-arrivants.

« Face à l’absence d’une politique globale en la matière, ils sont souvent contraints de bricoler », déplore Unia qui plaide en conséquence pour un meilleur soutien aux profs, une meilleure formation pour ceux-ci et une revalorisation de leur profession.

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