F-35

L’arrivée du F-35 va profondément influencer la composante Air

Le Vif

L’arrivée du nouvel avion de combat de l’armée belge, le F-35 américain, au printemps 2025 à Florennes, puis deux ans plus tard à Kleine-Brogel (Limbourg), va profondément modifier la physionomie de ces bases aériennes, tout comme l’entraînement des pilotes et le fonctionnement de la composante Air, ont indiqué des spécialistes à l’agence Belga.

Le gouvernement Michel a conclu en octobre dernier avec les Etats-Unis l’achat de 34 nouveaux chasseurs furtifs F-35A – des appareils de haute technologie construits par le groupe Lockheed Martin – pour un montant de 3,8 milliards afin de remplacer la cinquantaine de F-16 vieillissants.

Les huit premiers Lightning II seront livrés en 2023 et 2024 aux États-Unis pour servir à la formation des pilotes et des techniciens, probablement en Arizona (sud-ouest des Etats-Unis). Les quatre suivants sont attendus à Florennes l’année suivante. Ce n’est qu’en 2027 que l’autre base de chasse de la composante Air, Kleine-Brogel, recevra ses premiers F-35, avec des livraisons qui se termineront en 2030, deux ans après la date prévue du retrait des derniers F-16.

Les exigences posées par les Etats-Unis aux clients du F-35 en terme de sécurité – tant physique que cybernétique – vont contraindre les militaires à profondément modifier leur manière d’opérer les nouveaux avions, a expliqué le responsable du « bureau du programme » à l’état-major de la Défense, le colonel Harold Van Pee, un aviateur.

La Défense a ainsi publié fin juin un « avis de préinformation » pour la réalisation de deux « complexes » F-35 hautement sécurisés à Florennes et à Kleine-Brogel. Ils doivent être construits, pour un coût total de 275 millions d’euros, selon un concept « Design & Build » (conception et construction), par une entreprise privée. Ils doivent être prêts respectivement fin 2024 et fin 2026.

Bien que le dessin ne soit pas définitivement figé, la Défense songe à construire ces « complexes » les plus semblables possibles sur les deux bases. Elle prévoit d’y consacrer une zone de plusieurs hectares, entourée de levées de terre et de clôtures, hautement sécurisée qui abritera seize « garages fermés » non durcis pour F-35 et un vaste module « bâtiments ». Celui accueillera six « docks » pour l’entretien général ou spécialisé des avions, la fonction « opérations » et les quatre simulateurs de vol hautement perfectionnés dont seront dotés chacune des bases. Le tout en surface, sans abris sous-terrains.

Il s’agira de « zones à accès très restreint » conçues pour accueillir jusqu’à 500 personnes, a souligné un autre responsable du « Programme Office Team F-35 », le colonel Didier Bernard Phaleg.

« Nous allons entrer dans le 21e siècle » et « améliorer le bien-être de notre personnel », a-t-il ajouté en rappelant combien l’infrastructure est parfois vieillotte tant à Florennes qu’à Kleine-Brogel.

Le nombre de militaires occupés sur chaque base va toutefois se réduire – d’environ 1.200 équivalents temps plein (FTE) actuellement à environ 1.100 -, en échange d’une augmentation du nombre de civils pour occuper des fonctions ancillaires (horeca, logement, jardinage…).

Mais la garde restera l’apanage des militaires, tout comme l’entretien des avions au jour le jour mais aussi lors de missions à l’étranger.

En vertu du concept « Train as you fight and fight as you train » (s’entraîner comme l’on combat et combattre comme on s’entraîne), la composante Air souhaite en effet continuer à disposer de son personnel propre pour se déployer en opération, en principe sans l’aide de sous-traitants privés, a souligné le colonel Phaleg.

Le recours à des simulateurs ultra-modernes, capables d’être connectés entre eux – et à terme sans doute avec des dispositifs identiques à l’étranger, va aussi profondément modifier les méthodes d’entraînement.

Le nombre d’heures de vol réel passera de 12.000 par an pour une flotte de 54 F-16 (dont neuf biplaces) mis en oeuvre par 85 pilotes à une fourchette oscillant entre 7.950 et 9.150 avec 34 F-35 et 67 pilotes. Et inversement, le nombre d’heures de vol sur simulateurs (deux actuellement) va croître de 1.200 à 4.500 par an.

Avec la possibilité de simuler des missions de guerre complexes, ce qui est impossible à faire lors de vols réels, a souligné le colonel Van Pee.

Selon lui, le F-35 requiert aussi davantage d’espace aérien pour ses missions d’entraînement – et celui de la Belgique est proche de la saturation. « Il est fort probable que l’on va devoir aller s’entraîner, toujours au départ de la Belgique, un peu plus à l’étranger, plutôt au dessus de la mer du Nord. Et en Italie, en Norvège et aux Etats-Unis. C’est aussi exporter le bruit » et les nuisances sonores, a-t-il dit.

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