Une manifestation du personnel soignant réclamant des moyens supplémentaires, en novembre. © Belga

L’argent public est-il devenu un puits sans fond face à la Covid? (analyse)

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

La situation budgétaire est tenable pour l’instant, mais insupportable à terme. La Banque nationale met en garde, à l’heure où le gouvernement De Croo défend son premier budget. Tensions en vue, à terme.

Les écologistes francophones proposent une allocation universelle de 460 euros pour tous les jeunes entre 18 et 25 ans. C’est une façon de compenser ceux qui sont « les grands oubliés de la crise », défendait lundi matin la coprésidente d’Ecolo, Raoae Maouane. L’idée a déjà été rejetée par les libéraux flamands: hors de l’accord de gouvernement et, surtout, budgétairement intenable. Le coût d’une telle mesure s’éleverait à 3,2 milliards d’euros. L’éditorialiste Rik Van Cauwelaert, lui, a déjà moqué l’initiative en espérant… qu’elle aurait aussi un effet rétroactif pour « tous ceux qui ont eu, un jour, entre 18 et 25 ans ».

https://twitter.com/cauwelaert/status/1338472139880603648Van Cauwelaerthttps://twitter.com/cauwelaert

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Il s’agit d’une petite confrontation au sein de la Vivaldi. Pas davantage: Egbert Lachaert, président de l’Open VLD, précise bien que chaque parti a le droit de formuler des propositions. Mais elle survient alors que le gouvernement fédéral défend, cette semaine, son projet de budget pour 2021, au cours de plusieurs séances plénières de la Chambre. Avec, en toile de fond, cette question: jusqu’où pourra-t-on puiser dans l’argent public pour faire face à la crise de la Covid et à ses innombrables conséquences?

L’épure 2021 du budget fédéral a été approuvée la semaine dernière en commission du parlement. C’est le premier budget en bonne et due forme approuvé depuis la chute du gouvernement Michel en décembre 2018. Il est évidemment marqué par la crise sanitaire. Il prévoit un effort d’assainissement de 0,2% du PIB, mais aussi de nouvelles politiques à concurrence d’1,9 milliard d’euros, notamment la première phase de l’augmentation des pensions minimum et des allocations les plus basses.

L’argent public est-il devenu un puits sans fond? Les taux d’intérêt très bas ont permis jusqu’ici de faire face à la crise de façon assez « confortable ». Mais à terme, cela sera davantage compliqué.

La Banque nationale met en garde dans son rapport de fin d’année: « L’économie belge se redresse progressivement après le choc sévère, mais le déficit budgétaire reste insoutenable« . Le PIB devrait chuter de 6,7% cette année et le déficit se situer sous les 10% du PIB. Les pertes d’emploi se situeraient autour de cent mille. Le choc est important, mais il a pu être contenu grâce à la vive reprise consécutive au premier confinement. « Malheureusement, cette reprise a été de courte durée et incomplète », souligne Geoffrey Minne, économiste à la Banque nationale.

https://twitter.com/NBB_BNB_FR/status/1338454204386566145Banque nationalehttps://twitter.com/NBB_BNB_FR

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Pierre Wunsch, son gouverneur, précise que les perspectives sur les prochaines années ne sont toutefois pas soutenables: « Il faudra revenir graduellement à 3 % du PIB d’ici la fin de la législature, et retrouver notre trajectoire budgétaire par la suite ».

Pour la Vivaldi, cela signifie que le contexte budgétaire pourrait s’avérer, à terme, un sacré noeud pour faire face aux conséquences de la crise. La stratégie de relance devrait, au printemps, mobiliser les énergies, disposer de soutiens publics européens et, en toute logique, créer des richesses, d’autant plus si la crise sanitaire est sous contrôle. Mais un nouvel échéancier devrait progressivement être mis en oeuvre pour réduire drastiquement le déficit.

Traduction politique: les tensions budgétaires et socio-économiques entre libéraux et socialistes-écologistes ont été jusqu’ici neutralisées. Dans les années à venir, elles risquent de s’envenimer.

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