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L’analyse des eaux usées, nouvel indicateur pour suivre l’épidémie de Covid en Belgique

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

La Belgique compte un nouvel indicateur de suivi de l’épidémie de Covid : l’analyse des eaux usées. Les premières analyses montrent des tendances comparables aux résultats des tests de dépistage.

La Belgique surveille désormais le coronavirus via les eaux usées. C’est une nouvelle technique de suivi de la circulation du Covid au sein de la population belge. La méthode a été initiée il y a quelques mois. « Le but est d’avoir une idée de la circulation du virus en général par l’intermédiaire de l’analyse régulière des eaux usées », explique le porte-parole interfédéral Yves Van Laethem lors de la conférence de presse du Centre de crise. Ce type de technique est appliqué pour d’autres recherches, pour la consommation de drogues par exemple, note le porte-parole.

Depuis mi-septembre, 42 prélèvements d’eaux usées sont effectués deux fois par semaine à l’entrée des stations d’épuration. Le projet va durer au moins deux ans. Il se base sur le fait que le virus est non seulement présent dans nos voies respiratoires, mais également dans le tube digestif. « C’est une des raisons pour lesquelles on vous a conseillé de baisser la lunette des toilettes avant de tirer la chasse », précise Van Laethem. Ce virus, présent dans le tube digestif, est donc éliminé via les eaux usées et se retrouve au niveau des stations d’épuration. En mesurant la quantité de virus, on peut avoir une idée globale, ou régionale, voire plus précise, de la circulation du virus dans la population. « C’est un reflet de ce qui se passe dans une ville, un village, une région », note-t-il.

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Cette méthode permet notamment d’avoir des tendances totalement indépendantes de la stratégie de testing, qui a parfois dû être modifiée dans notre pays suite à des embouteillages dans les laboratoires ou un nombre de tests trop peu important. L’expression de la circulation du virus dans les eaux usées ne change pas et peut donc être une base de comparaison à plus long terme. « Cela permet aussi d’être indépendant des personnes que l’on ne teste pas, comme les petits enfants que l’on teste moins fréquemment. Ce sont des populations dans lesquelles l’infection peut davantage passer inaperçue. Mais l’expression virale au niveau des selles est la même chez ce type de patients que chez les patients symptomatiques et/ou testés », explique Yves Van Laethem.

Si cette expression virale devient plus importante, cela peut être un premier signal d’une recrudescence et qu’il faut investiguer de manière plus attentive, avec un testing plus important dans la zone en question par exemple. Il s’agit d’une surveillance nationale, qui couvre plus de 40 % de la population belge. Le choix des points de collecte pour l’analyse des échantillons d’eaux usées couvre les zones à haute densité de population, qui sont en théorie les zones présentant un risque plus élevé de transmission du coronavirus.

Les courbes sont pour l’instant provisoires, et doivent encore être affinées, notamment par rapport au nombre d’habitants et au volume d’eau analysé. Mais il semble bien y avoir une correspondance entre la dynamique de l’analyse des eaux usées et la courbe des tests Covid positifs. Voici les principales conclusions de Sciensano :

  • La courbe du virus dans les eaux usées est globalement similaire à celle du nombre de personnes ayant été testées positives dans les 3 régions du pays.
  • La hausse détectée dans les eaux usées est toutefois plus importante à certains moments de la période considérée, ce qui appuie l’intérêt complémentaire de la technique par rapport aux seuls tests.
  • Le rapprochement entre les courbes représentant le nombre de personnes contaminées identifiées par test PCR et la contamination des eaux usées est différent d’une région à l’autre, un constat qu’il faudra tenter d’expliquer.

Cet indicateur peut désormais s’ajouter aux autres indicateurs suivis pour analyser l’évolution de l’épidémie en Belgique. « Sur une base théorique, on pourrait éventuellement avoir des analyses plus fines au niveau de villages ou de structures, comme les maisons de repos. Mais ce n’est pas actuellement en cours. »

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