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L’Agence du médicament échappe à Bruxelles, éliminée dès le premier tour

Le Premier ministre Charles Michel (MR) a eu beau faire, l’Agence européenne des médicaments (EMA) déménage à Amsterdam et non à Bruxelles. Suite au Brexit imminent, l’Agence – aujourd’hui établie à Londres – se voit contrainte de déménager sur le continent européen.

Dix-neuf états membres ont posé leur candidature, car outre l’Agence de médicaments elle-même, ce premier déménagement promet aussi une série de déménagements d’autres institutions satellites. Bruxelles a été éliminée dès le premier tour.

Ce n’est pas une semaine agréable pour la Belgique. Deux institutions européennes cruciales, l’Agence européenne des médicaments et l’Autorité bancaire européenne, devaient annoncer vers quelle ville européenne elles allaient déménager leurs activités après le Brexit.

Outre les exigences logistiques, l’EMA a également tenu compte des desiderata de ses 800 employés. Ils ont également eu leur mot à dire et du coup un certain nombre de candidats ont été éliminés d’emblée parce qu’ils n’ont pas d’école européenne pour les enfants des employés ou parce qu’ils sont difficilement accessibles. Pour le déménagement, l’Europe avait posé un certain nombre de candidats : ainsi, EMA et EBA ne peuvent être attribués au même état membre.

Un certain nombre de pays avaient intégré toute une série de promesses dans leur candidature pour répondre aux attentes de l’EMA. Certains pays ont promis des avantages fiscaux, d’autres pays tels que les Pays-Bas avec Amsterdam de prévoir immédiatement du logement afin qu’en cas de déménagement éventuel aux Pays-Bas, le personnel de l’EMA trouve aussitôt un endroit agréable (et abordable pour l’EMA). Les Pays-Bas ont promis que les enfants EMA seraient scolarisés tout près.

Le dernier tour s’est finalement joué entre Milan, Amsterdam et Copenhague. Milan et Amsterdam ont terminé ex aequo au troisième tour de vote et finalement c’est un tirage au sort qui a finalement été attribué à l’EMA à Amsterdam.

Conséquence

Qu’Amsterdam soit ravie à propos de la venue de l’EMA n’est pas liée uniquement à l’institution, car l’EMA est entourée de nombreux « satellites ». Ainsi, toutes les entreprises pharmaceutiques disposent bien d’un département à Londres (où l’EMA se trouve actuellement) parce qu’un contact fréquent avec le siège principal de l’EMA est primordial pour les licences que doivent obtenir les entreprises pharmaceutiques avant de mettre un médicament sur le marché européen. Il est probable que tous ces bureaux déménagent également à Amsterdam.

En outre, pratiquement tous les organismes de contrôle sont établis à Londres. Il n’y a pas que les médicaments qui doivent décrocher une licence, mais aussi beaucoup d’autres produits et matériaux de santé qui tombent sous la loi des médicaments. Pensez aux valvules cardiaques, implants mammaires, stents, et prothèses de hanche… mais aussi aux seringues à injection et même aux pansements humides… Avant de les mettre sur le marché, ils doivent être contrôlés et surtout approuvés par ce qu’on appelle un notified body. Après le Brexit, ces notified bodies devront également quitter Londres parce que l’Europe affirme que les institutions qui fabriquent un label de qualité pour l’Europe, doivent siéger en Europe.

Aussi semble-t-il logique que ces « notified bodies » déménageront, pour des raisons pratiques, à l’ombre de l’EMA. Aux Pays-Bas donc.

Au total, cela représente pour Amsterdam dix mille nuitées par an, quelque mille résidents permanents (et bien payés) avec toutes les conséquences qui s’en suivent pour l’horeca et le tourisme.

L’EBA a quant à elle été attribuée à Paris. Dublin est resté longtemps dans la course, mais a perdu – tout comme Milan pour l’EMA – au tirage au sort. Là non plus, Bruxelles n’a pas survécu au premier tour. Même Luxembourg – pourtant un candidat valable grâce à son historique financier – n’a pas atteint le deuxième tour.

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