Armand De Decker © BELGA

Kazakhgate: Armand De Decker est bien intervenu auprès du ministre de la Justice dans l’affaire Chodiev

L’ancien président du Sénat et ancien ministre Armand De Decker (MR) a bien joué un rôle central dans l’affaire de corruption liée au milliardaire belgo-kazakh Patokh Chodiev, rapportent samedi Le Soir et les titres Sudpresse.

L’ancien président du Sénat belge Armand De Decker (MR) est intervenu auprès du ministère de la Justice belge en faveur d’un homme d’affaires belgo-kazakh, selon des éléments d’un volet de l’enquête sur le « Kazakhgate », affirment samedi les médias Le Soir et Mediapart.

Le parquet de Bruxelles avait annoncé fin octobre 2015 qu’il soupçonnait Armand De Decker d’avoir perçu de l’argent pour accélérer le vote d’une loi permettant à Patokh Chodiev, un milliardaire belgo-kazakh, d’échapper à des poursuites.

M. Chodiev, considéré comme proche du président kazakh Noursoultan Nazarbaïev, avait échappé à une lourde condamnation en versant 23 millions d’euros à l’Etat belge, une transaction qui a mis fin aux poursuites. La loi votée en un temps record au printemps 2011 avait élargi ce genre de « transaction pénale » aux faits de corruption, expliquait alors la presse belge.

Le quotidien belge et le site français, qui ont eu accès à « diverses pièces des procédures judiciaires belge et française (…) confirmées par des sources » des deux côtés de la frontière, rapportent deux visites de M. De Decker en compagnie d’une avocate française, Me Catherine Degoul.

Dans un premier temps, les deux conseils se rendent un dimanche au domicile de Stefaan De Clerck, le ministre belge de la Justice de l’époque, puis deux jours plus tard, au ministère à Bruxelles.

« Invité à venir s’expliquer »

Selon un PV d’audition consulté par les deux médias, un collaborateur de M. De Clerck a affirmé aux enquêteurs que M. De Decker s’était revendiqué lors de cette seconde visite, en l’absence du ministre, comme avocat de l’Elysée, et que son intervention était « liée à l’octroi d’un marché en matière aéronautique entre le Kazakhstan et la France ».

Samedi, le parquet bruxellois n’était pas joignable dans l’immédiat.

Interrogé par Le Soir, Armand De Decker reconnaît une visite au ministère mais nie avoir invoqué l’Elysée.

Les révélations du Soir et de Mediapart mettent à mal la défense de celui qui est actuellement bourgmestre (maire) d’Uccle, une commune de Bruxelles. M. De Decker, qui a perçu plus de 740.000 euros d’honoraires selon les deux médias, affirme avoir réalisé des prestations d’avocat, des prestations qui ne sont confirmées par aucune pièce de procédure, souligne Le Soir.

Selon la télévision publique RTBF, M. De Decker va être « invité à venir s’expliquer » devant les instances de son parti politique, le MR (Mouvement réformateur).

L’enquête dite du « Kazakhgate » porte sur des soupçons de corruption et de commissions occultes touchées en marge d’importants contrats conclus sous la présidence de Nicolas Sarkozy entre la France et le Kazakhstan.

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