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Jan Jambon, le flamingant préféré de Michel

Muriel Lefevre

De tous les ministres de la N-VA qui s’en vont, il y en a un qui va manquer plus que les autres. Y compris à ceux de l’opposition, estime De Standaard. Et cette personne c’est Jan Jambon.

On lui dit au revoir comme on le ferait avec un ami. Remarquable quand on sait qu’il a toujours été un flamingant pur jus.

Le sentiment général c’est que c’est la déception qui domine. Pendant quatre ans il s’est révélé être un vice-premier ministre loyal. C’est lui qui, au sein du kern, a limé de nombreuses aspérités et sauvé plus d’une fois la mise à Theo Francken. « On ne doit pas être amis, mais les relations interpersonnelles au sein du gouvernement sont importantes », dit-il.

« C’est surtout Jan Jambon qui va me manquer. Nous pouvions avoir des désaccords professionnels, mais en dehors tout était oublié » dit Alexander De Croo, Vice-Premier Ministre (Open VLD). Son successeur, Pieter De Crem (CD&V), n’était lui aussi que louanges et il a promis qu’il veillerait à ce que sa ligne de conduite soit maintenue.

Des éloges qui contrastent, doux euphémisme, aux réactions qui ont accompagné le départ de son collègue Theo Francken, pourtant membre du même parti.

Pourtant, si les ratés de Jambon peuvent être comptés sur une main, ils n’en sont pas moins bruyants que ceux de son moins apprécié collègue dit encore De Standaard. Avant les élections de 2014, il a par exemple déclaré dans Het Nieuwsblad que « les chômeurs doivent d’abord vendre leur maison avant d’avoir droit à une allocation ». Devant le tollé, il finira par s’excuser. En tant que ministre de l’Intérieur, sa déclaration sur les  » musulmans dansants  » après les attentats de Paris et de Bruxelles est aussi restée dans les mémoires d’autant plus qu’il n’a pas cru bon de retirer ses propos. Il a aussi lancé une attaque ad nomimen sur le policier Sébastien Joris qui n’avait selon lui pas réagi assez rapidement aux informations concernant un terroriste. Et puis il y a eu les dîners « secrets » avec Reynders qui ont eu le goût amer de la trahison pour Charles Michel.

Malgré tout cela, le courant est bien passé entre les deux hommes. Jambon dira : « Entre Charles et moi, il y avait beaucoup de respect mutuel, et même une certaine chaleur. »

Du scepticisme à une certaine chaleur

Au départ, du côté francophone, l’homme provoquait le scepticisme. Laurette Onkelinx, par exemple, demande, en octobre 2014, le renvoi de Jambon suite à ses déclarations sur la collaboration. « Le bruit des bottes résonne dans votre gouvernement » pouvait-on entendre. Le Plan Canal après les attentats sera qualifié de mauvais « coup de Jambon », et va, un temps, devenir l’incarnation d’un ministre sans modération qui est davantage un ministre N-VA que celui de tous les Belges. »

En 2018, cette image est plus nuancée. Sa bonhomie et sa jovialité ont fini par adoucir les coins et ses cours de français intensifs ont payé. Aujourd’hui, il parvient même à s’entendre avec le bourgmestre PS de Bruxelles, Philippe Close précise De Standaard.

Quel avenir pour Jan Jambon ?

En quittant le gouvernement, il redevient député et bourgmestre de Brasschaat. Il aura sans doute plus de temps à consacrer à sa grande passion : l’opéra. Mais ce n’est peut-être pas pour tout de suite, car il pourrait être, en mai, tête de liste à Anvers. Ce qui pourrait lui ouvrir la voie pour devenir ministre-président du gouvernement flamand. « Nous verrons », conclut Jambon.

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