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J’y étais et tout est vrai : dans les coulisses du nouveau parti Oxygène

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

Déçu par le bilan des professionnels de la politique, il veut jeter les bases d’un monde meilleur. Ce dimanche matin, le nouveau parti Oxygène a organisé sa première rencontre citoyenne à Namur. Avec des tables rondes aux échanges souvent décousus.

Sur les fresques allégoriques de la salle de réception du 19ème siècle, un mot semble faire écho à la teneur de l’événement de ce dimanche : « Bienfaiteurs ». Pour sa première rencontre citoyenne, le nouveau parti Oxygène a choisi le cadre de la Brasserie François, au coeur de Namur. La matinée, consacrée à « l’éthique en politique », rassemble une cinquantaine de personnes en guerre contre les cumulards, les imbus ou abus de pouvoir, et tous ceux qui gouvernent si mal. Ici, le renouveau est tout de même âgé d’une quarantaine à une soixantaine d’années, hormis cinq ou six participants de moins de 30 ans. Autant d’hommes que de femmes, plus ou moins loquaces, tous en accord sur le constat que « rien ne va ».

Emploi, gouvernance, mobilité, enseignement, justice… « Peut-on continuer comme ça ? interroge Walter Feltrin, cofondateur d’Oxygène avec Barbara Dufour. Peut-on encore faire confiance aux professionnels de la politique, vu leurs résultats ? S’indigner ne suffit plus. » Hochements de tête approbateurs dans la salle. Deux invités d’honneur, unis par le même combat, appuient la cause du parti naissant. Il y a d’une part Christophe Van Gheluwe, le fondateur du site Cumuleo, également investi dans la plateforme d’accès à l’information publique Transparencia. « Il faut utiliser notre rôle de citoyen pour faire valoir notre droit à la transparence », revendique-t-il. Il y a d’autre part Jean-François Mitsch, conseiller communal PS à Genappe et lanceur d’alertes obstiné vis-à-vis de la gestion de l’intercommunale Ores. « Dans ce dossier, ma commune a acté des faux administratifs et validé des votes inexistants. Parfois, on a l’impression que plus la fraude est énorme, au mieux elle passe. » Rictus amers sur les visages de bienfaiteurs consternés.

Le « cancer de la particratie »

Les six priorités du parti, qui finalise sa constitution en ASBL : du travail non-précaire, des services publics performants, un sauvetage de la sécurité sociale, une justice plus efficace, un vivre-ensemble harmonieux, une transition sociale et écologique. « Et on se fout de savoir si nos mesures sont de gauche ou de droite », précise Walter Feltrin, puisqu’il faut lutter contre le « cancer de la particratie ». Avant de finaliser son programme, Oxygène compte lister toutes les idées de ses sympathisants à l’occasion d’événements tels que celui-ci. « On doit se rencontrer et se nourrir pour prendre conscience de la force incroyable que nous incarnons », indique Barbara Dufour.

Après une rapide séance de questions-réponse, l’assemblée se répartit donc en petits groupes pour une table ronde sans table dédiée à l’éthique, dans un brouhaha accentué par l’écho que renvoie le plafond de la salle, sept mètres plus haut. Le timing est serré : cinq minutes pour discuter de la situation actuelle, cinq minutes pour définir la situation idéale, quinze minutes pour suggérer des idées. La pratique s’avère parfois plus confuse. Comme dans ce groupe de six, où l’animateur s’égare quelque peu. Cinq minutes à parler de lui-même, puis dix minutes de discussions sur la manière d’exprimer les points de vue de chacun :

– On n’était pas censé parler de la situation idéale ? s’impatiente une dame. C’est à nous de parler en principe.

– Vous avez raison, répond l’animateur. Allez-y…

– Euh… En fait, je n’ai pas préparé ma phrase. On peut faire le tour de parole dans l’autre sens ?

Dans un autre groupe, un jeune membre d’Oxygène parvient à synthétiser davantage les interventions, parfois décousues, concernant la composition de commissions de déontologie. « Oui, il faut tirer au sort des citoyens, mais pas un ou deux ploucs, lui indique une participante. Et il ne faut pas de magistrats politisés. » A côté, la discussion se perd plutôt dans des murmures et des apartés. « Attendez, vous parlez tous en même temps, je ne comprends plus », tempère l’animateur.

Le programme d’Oxygène risque-t-il de s’étouffer dans les amendements perpétuels de la base militante ? « On ne compte pas tourner en rond avec des discussions sans fin, assure Walter Feltrin. Aujourd’hui, on débat de l’éthique, mais on aura fait le tour de la question d’ici un mois. D’autant qu’on ne part pas d’une feuille blanche. » Constitué autour d’un noyau d’une vingtaine de personnes, le parti compte pour le moment 400 sympathisants. L’événement namurois marque le début d’une succession de forums mensuels pour étoffer ses rangs.

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