© DR

J’étais sous la tonnelle avec André Flahaut, et tout est vrai

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

Huit ans passés à la tête de la Défense, ça vous aide à flairer un bon bivouac. Ce jeudi matin, André Flahaut a installé son campement de fortune à portée de fusil du marché hebdomadaire de Jodoigne.

Cette entrée de parking fera parfaitement l’affaire. En un clin d’oeil s’y déploient une tonnelle, trois mange-debout, un panneau indicateur  » Le Forum André Flahaut « , un support pour dépliants. Et pour gérer la boutique mobile, quatre souriantes collaboratrices, bloc-notes à portée de main, prêtes à recueillir les doléances.

Il fait beau, il fait chaud, et André Flahaut prend le BW d’assaut. Non content de s’afficher  » toujours dispo  » depuis dix ans, le voilà qui se proclame  » dispo chez vous !  » Ce n’est pas le Barnum annoncé au mégaphone. Juste le  » Flahaut circus  » qui, une semaine durant, a sillonné le Brabant wallon et fait étapes à Nivelles, Court-Saint-Etienne, Braine-l’Alleud, Tubize, Jodoigne, Perwez, Louvain-la-Neuve. A défaut de tournée triomphale, un tour de popotes destiné à créer du lien.

Les  » rabatteurs  » ont quadrillé le secteur : le feuillet annonçant la venue à Jodoigne, ce 1er juin, de la star socialiste a été glissé dans les boîtes aux lettres à temps et à heure. Onze heures tapantes, le guichet est ouvert. Sous un soleil de plomb, le maître des lieux a laissé tomber cravate et veston. Les filets lancés, il reste à voir si la pêche sera bonne. Ça mord ? Doucement, gentiment. Bon signe, ça démarre par des petits coucous qui font toujours un bien fou.

Ce n’est pas la ruée, mais on n’est pas à la buvette non plus. Sous la tonnelle, ni pompe à bière ni rosé au frais. Jamais pendant les heures de service. Au fait, il ne devrait pas être au boulot, le ministre Flahaut ? Il n’a pas le Budget et la Fonction publique de la Fédération Wallonie-Bruxelles à tenir à l’oeil, un jour de semaine ? Faudrait pas le chercher sur ce terrain. Au parlementaire de l’opposition qui serait gagné par la tentation, la riposte est fin prête :  » Je suis chaque jour à mon bureau dès 6 h 30 du matin, je n’ai brossé ni le parlement ni un conseil des ministres. Je n’ai ni dossier ni courrier en retard. Mon travail de ministre en souffre-t-il ? Non.  »

Hyper-réglo, m’sieur Flahaut. Qui a même droit à la visite de courtoisie d’un libéral, le bourgmestre f.f. :  » Tout se passe bien, André ? Courageux de ta part, en tout cas.  » Et aux marques d’attention de deux ouvriers communaux :  » Tout est OK, m’sieur Flahaut ? Vous avez assez d’espace ?  » Chapeau et encore bravo, m’sieur Flahaut.

Allô Flahaut, bobo… Voilà Aurore qui se pointe, CV à la main, en recherche d’emploi. Suivie d’une petite dame qui finit par se lancer :  » Dites, vous ne sauriez pas faire un « p’tit kekchose » pour ma fille qui a un problème de logement ?  » L’agence-conseil  » Flahaut dispo  » déploie ses antennes. Un couple âgé expose son malheur, et c’est madame qui s’épanche :  » Je ne sais presque plus marcher, cela fait trois fois que je demande une carte de stationnement pour handicapé.  » La découverte de sa date de naissance jette l’émoi sous la tonnelle :  » Mais c’est votre anniversaire !  » Branle-bas de combat, appel discret à l’équipe : une boîte de pralines promptement sortie de la voiture atterrit dans les mains de la vieille dame. Cadeau. Un vrai pro, ce m’sieur Flahaut.

Treize heures, il est temps de lever le camp. Matos replié, l’équipe décroche. Après la patrie de Louis Michel, cap sur Perwez, les terres du CDH André Antoine. Autre fief à conquérir. Toudi su’l voye, toudi su’l voye.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire