Après les inondations, un élan de solidarité s'est levé, pour apporter aide logistique et alimentaire aux sinistrés. © belga

Inondations: « La Croix-Rouge a reçu beaucoup de dons et ne fait pas grand-chose »

Le Vif

En province de Liège, un réseau de solidarité s’est organisé après les inondations. Autour de la patronne de restaurant, Charlotte Depierreux, des centaines de bénévoles se démènent pour servir des plats aux sinistrés. « On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a », à l’heure où les critiques sur l’inaction de la Croix Rouge, désignée pour organiser les actions d’aide, fusent.

Do it yourself! La base de tout mouvement solidaire, c’est l’initiative. Une bonne idée, un peu de bonne volonté, et la machine se met en route. Et comme ça, à partir de rien, avec rien, une énorme solidarité se crée.

Si aujourd’hui, les équipes autour de Charlotte Depierreux distribuent six à huit mille repas par jour, tout a commencé avec un mariage prévu dans le restaurant de Charlotte, Coté Cour et Côté Jardin à Liège, annulé suite aux inondations. « Plutôt que de jeter la nourriture, j’ai commencé à faire 80-100 repas, et j’ai été les distribuer dans les centres au-dessus de chez moi », explique-t-elle. Les centres avaient des denrées périssables en trop et ne savaient pas quoi en faire. »

« On a transformé ces denrées à chaque fois », continue la patronne, « puis ça a grandi, grandi, grandi. » La cuisine du restaurant était vite trop petite, et les bénévoles – amis restaurateurs et traiteurs – sont alors allés occuper les cuisines de l’Athenée Liège Atlas à Jupille. Les cinq – six bénévoles du début en sont ajourd’hui 100 à 150, qui viennent aider tous les jours.

Les plats sont ensuite distribués aux centres, et via du porte-à-porte, jusque Verviers même. « On livre même la Croix Rouge, ce qui est assez comique », remarque Charlotte Depierreux. Des plats froids comme des plats à réchauffer, et même des plats chauds pour les cas urgents, « et ça arrive aussi chaud que possible, on fait avec le matériel de bord, on n’a pas de camion qui garde chaud ».

« On n’a vraiment aucun subside. Ce sont mes fournisseurs qui nous amènent les produits qu’ils peuvent. Hier on a carrément reçu des cailles et du foie gras », ajoute-t-elle en riant. Un groupe électrogène de Resa, des frigos de Delhaize, la débrouillardise et l’inventivité sont les maîtres-mots. On travaille au culot, comme le décrit la Liégeoise.

Mais les choses ont vraiment pris de l’ampleur après un passage sur BelRTL. Barilla a apporté six tonnes et demi de pâtes et deux tonnes de sauce. Solucious, la société appartenant à Colruyt et qui livre des courses à domicile, apporte des produits refusés : ils ont par exemple des étiquettes des travers, ou des carottes qui ne font pas la bonne taille. « Mes fournisseurs m’ont dit que les vannes sont ouvertes, dès qu’on a du surplus, on vous les amène ».

« La Croix-Rouge a reçu beaucoup de dons et ne fait pas grand-chose »

Les critiques des opérations de la Croix-Rouge font l’actualité ces derniers jours. Pas assez de bénévoles sur place, et aucun n’a pas encore été aperçu dans un endroit durement touché, Pepinster. Malgré des dizaines de milliers d’inscrits en Flandre, seules 200 personnes sont sélectionnées tous les jours (à partir de mercredi). Un déploiement trop lent. L’omniprésence de la Croix-Rouge dans l’espace politique et médiatique étouffe et invisibilise les initiatives locales et privées. Tout cela alors que le gouvernement a désigné la Croix-Rouge pour chapeauter et coordonner les actions sur place.

« Si les personnes avaient écouté le gouvernement, avaient juste fait des dons à la Croix-Rouge et ne se seraient pas rendues sur place pour aider, des milliers de personnes n’auraient rien eu à manger », peut-on lire dans Het Laatste Nieuws. Une lente mise en place de la distribution que remarque aussi Charlotte Depierreux : « La Croix-Rouge a reçu beaucoup de dons et ne fait pas grand chose. La femme du bourgmestre de Trooz nous a appelé hier en urgence parce que la Croix-Rouge devait venir, mais n’est pas venue. Même les postes avancés nous rappellent parce qu’ils n’ont pas assez de nourriture à distribuer. »

La réponse de la Croix-Rouge

Une source interne de la Croix-Rouge répond aux accusations: « On a 15-16 points de distribution, où on distribue 300 à 400 plats par jour » (au total, environ cinq, six mille plats). Combien de fonds a-t-elle jusque-là reçu, pour les sinistrés? L’admninistration est en train de tout rassembler. Contrairement à la Flandre et ses listes d’inscription, la Croix-Rouge fait appel à un « vivier de bénévoles actifs, déjà entraînés pour diverses situations », selon la source.

« On ne peut pas être partout. Pour le nettoyage et le rangement par exemple, nous nous rendons là où les secours ou les communes nous appellent », explique la source. Pour la distribution de nourriture, la cadence augmenterait tous les jours. « Au niveau local, il a toujours été dans la philosophie de la Croix-Rouge de collaborer avec les initiatives privées, et non de les invisibiliser ou de les remplacer », rétorque la source, et espère que cette crise puisse apprendre à mieux coordonner un tel élan de solidarité, à mieux s’organiser et travailler ensemble.

A la recherche d’un nouveau quartier général

Mercredi matin, Charlotte Depierreux a rencontré le bourgmestre de la ‘Cité Ardente’, Willy Demeyer. A partir du 15 août, l’école devra être rangée pour faire place aux inscriptions. Les bénévoles devront trouver un nouveau centre logistique pouvant accueillir toutes ces personnes prêtant main forte. « Nous continuons notre bataille », affirme Charlotte Depierreux.

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