Le roi Philippe et Gwendolyn Rutten © Belga

Impasse fédérale : l’Open VLD détient la clé

Tex Van berlaer
Tex Van berlaer Collaborateur Knack.be

Si un jour il y a eu de la confiance entre N-VA et PS, aujourd’hui, il n’en reste presque plus rien. Les deux partis s’entendent sur une chose : les petits partis ne peuvent plus continuer à se cacher derrière les grands.

La tentative de forger un gouvernement fédéral autour de l’axe PS-N-VA a-t-elle lamentablement échoué lundi soir ? Malgré tous les mots durs, aucun des deux partis ne veut enterrer un gouvernement jaune-violet pour l’instant. La question est de savoir combien de temps cette situation schizophrène peut durer. Comment peut-on dire que l’on est constructif et en même temps torpiller publiquement les propositions d’autres partis?

Il y a bel et bien eu des mots durs. Paul Magnette (PS) a commencé lundi soir. Pendant que Bart De Wever (N-VA) était convié au Palais, le président du PS s’est dirigé vers les caméras de télévision. Magnette a ainsi rompu une discrétion maintenue pendant plusieurs semaines durant la mission échouée des pré-formateurs Geert Bourgeois (N-VA) et Rudy Demotte (PS).Il a ainsi déclaré que la N-VA ne veut parler que du communautaire.

De Wever, pour sa part, a envoyé ses vice-présidents sur le terrain mardi matin. Lorin Parys est allé à la VRT, Cieltje Van Achter à la RTBF. Après la démarche de Magnette, ils ne voyaient pas pourquoi ils devaient adoucir leur ton. « Magnette veut que la N-VA jette son programme à la poubelle », dit Van Achter. « Le PS veut que le peuple flamand paie sa politique socialiste », a déclaré Parys.

Deux lieutenants de Magnette ont pris place dans les studios de la RTBF et de Bel RTL, respectivement le chef du groupe fédéral Ahmed Laaouej et le négociateur Jean-Claude Marcourt. « La N-VA veut le séparatisme, nous ne voulons pas d’aventures institutionnelles », a déclaré Laaouej. « La N-VA veut détruire le pays », a affirmé Marcourt.

En moins de 24 heures, une nouvelle tentative de former un gouvernement a avorté. Le peu de confiance qui aurait existé a totalement disparu. Malgré le temps gris et l’heure d’hiver, il semble que nous soyons toujours le 27 mai. Nous savions déjà à l’époque que la N-VA rejoindrait, soit un gouvernement de centre droit, soit une équipe qui travaillait sur des réformes institutionnelles. A l’époque, nous savions déjà que le Parti socialiste (PS) était un demandeur de rien au niveau communautaire et qu’il voulait corriger la « politique socio-économique désastreuse » du gouvernement Michel.

Gwendolyn Rutten

L’impasse entre les deux plus grands partis de part et d’autre de la frontière linguistique persiste donc. La N-VA veut voir le PS essayer un gouvernement violet-vert, le PS veut voir le N-VA tester un gouvernement confédéral. Mais ce n’est pas tout. Les deux ténors veulent que les petits annoncent la couleur. Ben Weyts (N-VA) les a réprimandés lundi matin. « Je pense qu’à présent les autres partis doivent également être clairs », a-t-il déclaré à Radio 1.

Le PS a fait écho à ce message mardi matin. Marcourt a explicitement mentionné le MR. Il faut à ce parti un « examen de conscience », a-t-il dit. Les libéraux francophones ne peuvent pas continuer à se cacher derrière les deux plus grandes formations. « Supposons que PS et N-VA parviennent à un accord, le MR signerait-il ce chèque en blanc « , se demande-t-il. Le MR doit aussi doit être clair.

Marcourt a également souligné qu’il attend patiemment les nouveaux présidents des partis. En fin de semaine, le sp.a connaîtra le successeur de John Crombez. La semaine prochaine, le MR saura qui suivra les traces de Michel. Et d’ici le 6 décembre au plus tard, le CD&V aura son nouveau Wouter Beke. « J’espère que les nouveaux dirigeants de parti viendront nous voir pour construire quelque chose ensemble », dit Marcourt.

Il y a un parti que le politicien wallon n’a pas mentionné nommément : l’Open VLD. Selon les plans actuels, les libéraux flamands n’organiseront pas leur élection présidentielle avant mars. Si Marcourt poursuit son raisonnement, la formation fédérale pourrait/devrait ne pas bouger d’ici là. Parce que, quelle que soit la façon dont vous le voyez, l’Open VLD détient une clé importante. C’est lui qui peut faire ou défaire un gouvernement violet-vert.

Et bien que le chef du groupe fédéral Egbert Lachaert ait déjà balayé la piste violet-vert, la présidente Gwendolyn Rutten ne veut pas l’avoir dit aussi explicitement. À l’Open VLD, ils se sont d’ailleurs saisis de l’échange de mots entre N-VA et PS. Ils ne s’attendaient pas à ce que la situation dégénère aussi rapidement.

Laaouej pose le doigt sur la plaie : l’Open VLD (mais aussi le CD&V) doit apporter de la clarté. « Qu’ils cessent de se coller à la N-VA », estime le Bruxellois. Mais que peut faire Rutten avant mars ?

Quoi qu’il en soit, la N-VA continue de trouver  » incompréhensible  » que ses partenaires de la coalition au sein du gouvernement flamand optent au niveau fédéral pour le violet-vert. « Mais », souligne Parys, « le gouvernement flamand est assez mûr pour poursuivre sa voie. Ce ne sera pas simple, mais ce n’est pas impossible. »

Ce qui est certain, c’est que la patate chaude ira vers Gwendolyn Rutten, ou en tout cas vers son successeur.

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