Le resserrement des conditions d'octroi des crédits a tenu nombre de jeunes ménages à l'écart du marché. © GETTY IMAGES

Immobilier: les jeunes privés d’investissement

Les jeunes projetant d’acquérir leur premier bien en 2020 ont déchanté. Banquiers et notaires l’ont repéré dans leurs tablettes.

Entre prix élevés des logements et économie en berne, s’il est un public d’acquéreurs qui s’est fait plus discret sur le marché immobilier en 2020, ce sont les jeunes. « Dans notre analyse de l’année écoulée, nous avons fait le calcul de l’âge moyen des acheteurs qui ont fréquenté nos études et, comparé à 2019, il est remonté d’un an, à 42 ans, pointe Renaud Grégoire, porte-parole de Fednot. »

Le notaire y voit deux explications. « Un, la crise sanitaire a eu un impact psychologique important sur les jeunes ; puisque dans le monde de l’entreprise, généralement, les derniers entrés sont les premiers sortis, ils se sont montrés prudents, par peur d’un licenciement. Beaucoup ont reporté leur projet immobilier à des jours meilleurs. Deux, le resserrement des conditions d’octroi des crédits imposé aux banques par la BNB, la Banque nationale de Belgique, a tenu nombre de jeunes ménages à l’écart du marché. » Et Me Grégoire de déplorer que le fossé entre ceux qui peuvent acheter et ceux qui ne le peuvent pas s’est encore creusé en 2020. « C’est malheureux car certains jeunes sont tout à fait capables de s’offrir leur premier bien en termes de remboursement des mensualités d’emprunt. Ce qui leur manque, c’est la quotité importante de fonds propres requise au départ. »

Ce qui leur manque, c’est la quotité importante de fonds propres requise au départ.

A noter que les notaires ne sont pas les seuls à épingler la raréfaction des jeunes. Dans une étude publiée par BNP Paribas Fortis fin février dernier, la banque précise avoir octroyé un crédit hypothécaire sur cinq à un emprunteur de moins de 30 ans en 2020. Le nombre de dossiers ayant abouti dans cette catégorie d’âge a reculé de 30% par rapport à 2019. Et d’assurer toutefois que cette baisse est plutôt à imputer à la Covid-19 qu’aux injonctions de la BNB.

Axa Banque, elle, relève pour sa part une hausse de l’inclusion d’une clause suspensive dans les compromis de vente signés par les jeunes ménages ayant acquis leur premier bien l’an passé. « 64% des propriétaires récents ont inclus des clauses suspensives dans leur contrat avec le vendeur, contre seulement 46% avant la crise sanitaire, informe-t-elle après avoir sondé mille Belges âgés de 22 à 35 ans (1). Les acheteurs qui n’ont pas inclus de conditions suspensives dans leur contrat le justifient par le fait qu’ils étaient convaincus de disposer de fonds suffisants. »

Ce qui n’est pas gagné d’avance, souligne encore Axa Banque, rapportant que la moitié des jeunes primo-acquérants interrogés déclare ne pas avoir une idée claire de l’ensemble des frais (de dossier, de notaire, etc.) qui grèvent une vente immobilière. « Seul un jeune acheteur sur trois (35%) parvient à estimer correctement ces suppléments », constate la banque, inquiète, qui précise qu’une meilleure information éviterait bien des surprises.

(1) Enquête menée en ligne par le bureau Ipsos entre le 16 décembre 2020 et le 4 janvier 2021.

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