Autour des Grands Prés (ici, la rue Jacques Prévert), on construit des nouveaux logements par centaines. © Hatim Kaghat

Immobilier à Mons : le neuf fait de l’ombre à l’ancien

Le Vif

A Mons, les nouvelles constructions ne manquent pas et pourtant, on bâtit encore. Cette abondance n’empêche pas les prix des logements neufs d’augmenter, tout en restant cependant bien plus raisonnables en comparaison d’autres régions. Résultat : c’est l’immobilier existant qui perd en attrait – et donc en valeur.

Promoteurs et agents immobiliers ne s’ennuient pas à Mons ! La ville dispose en effet d’un marché immobilier particulièrement dynamique, tiré depuis quelques années par de nombreuses constructions neuves. Selon les chiffres du Centre d’études en habitat durable (Cehd), près de 5 000 logements se sont ajoutés au parc montois entre 2007 et 2017, dont une majorité d’appartements. Leur nombre est en effet passé de 7 810 à 10 966 durant cette période, ce qui représente une augmentation de 40,5 %. Il faut cependant mettre ces chiffres en regard avec le fait qu’en 2007, Mons comptait une proportion d’appartements inférieure à celles d’autres villes wallonnes. Dix années plus tard, ces logements ne représentent encore  » que  » 22 % du parc de logements de la ville, ce qui reste un peu plus faible que la norme wallonne.

Par conséquent, les constructions – essentiellement celles d’appartements – continuent à Mons ! La majorité PS-Ecolo à la tête de Mons a même fixé dans son programme de législature 2018-2024 un objectif de 2 000 nouveaux logements privés dans les six années à venir. Les nouvelles constructions s’élèvent donc un peu partout dans la cité du Doudou et sa périphérie, mais les plus importantes se concentrent surtout aux alentours des Grands Prés. Ouvert en 2003, le centre commercial s’est beaucoup développé depuis lors et a réussi à s’ériger comme un véritable pôle d’attractivité, aussi bien pour les consommateurs que pour les habitants.  » Cette zone est en quelque sorte devenue le nouveau Mons, observe Alban Fridenbergs, gérant de Fridenbergs Real Estate, agence basée à Mons et Dour. Elle suscite l’engouement des acheteurs et locataires, aussi bien jeunes que moins jeunes, et qui veulent profiter de la proximité des nouveaux magasins ou encore des axes routiers.  »

On trouve autour des Grands Prés de nouveaux logements par centaines, certains déjà construits et d’autres encore en phase de développement. On peut notamment citer Au fil des Grands Prés, qui compte plus de 200 appartements et est développé par Atenor, la Drève Prévert 2 de Seidys qui s’inscrit dans la continuité du projet éponyme lancé en 2009, ou encore le Domaine des Grands Prés également construit en plusieurs phases par Thomas & Piron. Ces véritables nouveaux quartiers s’ancrent essentiellement autour des Grands Prés car ils y trouvent la place disponible, mais on en compte aussi quelques-uns à d’autres endroits de la cité montoise. C’est notamment le cas du Clos des Artistes et ses plus de 200 appartements bâtis par Delzelle dans le quartier dit  » Fariaux « , entre le chemin de la Procession et l’hôpital Ambroise Paré. Les constructions neuves sont également présentes dans le centre-ville mais, faute de place suffisante, elles sont généralement de plus petite taille. Elles s’installent sur les rares terrains restants ou, plus souvent, prennent la place de vieux bâtiments ou de sites désaffectés.

Rue du 11 novembre, au centre de Mons : les biens existants restent encore prisés.
Rue du 11 novembre, au centre de Mons : les biens existants restent encore prisés.© hatim kaghat

Le centre historique reste une valeur sûre

Si la Ville autorise autant de projets, c’est à la fois pour limiter les loyers et répondre aux prévisions démographiques. D’ici à 2025, Mons devrait en effet accueillir jusqu’à 5 000 habitants supplémentaires et ainsi franchir le cap des 100 000 citoyens. Le marché immobilier a-t-il pour autant la capacité d’absorber tous ces nouveaux logements ?

 » Ça fait au moins cinq ans qu’on construit à outrance à Mons, donc l’offre de biens neufs est importante, constate Laurent Bierlaire, directeur de l’agence Century 21 Bierlaire, à Mons. Ce phénomène a pour conséquence d’augmenter un peu certains délais, mais tout se vend et les prix du neuf continuent à augmenter, même si ces dernières années l’évolution est beaucoup moins importante que les flambées qu’on a pu connaître auparavant.  »

Malgré ces diverses augmentations, le marché du neuf reste encore très abordable à Mons – surtout en comparaison d’autres régions belges.  » On peut trouver un appartement une chambre pour 110 000 euros hors frais, ou encore un deux chambres pour 150 000 euros – hors frais également, illustre Alban Fridenbergs. En général, les prix du neuf oscillent entre 2 000 et 2 200 euros du mètre carré.  »

L’abondance de nouvelles constructions ne nuit donc pas vraiment à leur vente, mais elle a par contre des répercussions sur un autre secteur : celui de l’immobilier existant.  » A moins qu’ils aient été rénovés ou qu’il s’agisse d’habitations coup de coeur, les biens anciens ont perdu en valeur ces six ou sept dernières années « , constate Laurent Bierlaire. Son confrère Alban Fridenbergs pointe aussi ce phénomène au niveau des tarifs, qu’il explique entre autres par le fait  » que les biens anciens ont à présent plus de mal à se vendre, notamment en raison de leurs performances énergétiques moins élevées que les constructions neuves.  »

Il existe cependant encore des exceptions dans le centre-ville de Mons, et plus particulièrement dans le coeur historique où les biens existants restent encore prisés, et leurs prix soutenus. A l’inverse, le quartier de la gare peine encore et toujours à se redynamiser, ce qui ne favorise évidemment pas son marché immobilier.  » On sent qu’une volonté est présente dans cette zone depuis quelques années mais la dynamique n’a pas vraiment pris et les biens du quartier de la gare n’ont pas connu de plus-value ces dix dernières années « , relève Laurent Bierlaire. La Ville a récemment racheté deux bâtiments dans la zone pour y développer l’activité commerciale mais le quartier attend surtout sa gare Calatrava initialement prévue pour 2015, et dont la mise en service ne devrait pas advenir avant 2020 ou 2021.  » Peut-être que quand il y aura la gare, on sentira enfin un vrai impact positif « , espère Laurent Bierlaire. Comme beaucoup d’autres Montois.

Par Marie-Eve Rebts.

Prix moyens

Comme le révèle le Baromètre des notaires 2018, les prix moyens des maisons ont augmenté de 2,8 % entre 2017 et 2018 dans l’arrondissement de Mons. Le centre-ville a cependant connu une baisse significative (- 7,5 %) durant cette période et affiche un tarif moyen de 166 941 euros, qui est inférieur à celui de 2014. En ce qui concerne les appartements, on observe une évolution assez importante au sein de tout l’arrondissement. Les prix ont en effet grimpé de 6,4 % entre 2017 et 2018, ce qui porte la moyenne à 152 602 euros.

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