Carte blanche

« Il fera beau demain: Mouvement Positif »

Ancien co-fondateur d’En-Marche.be devenu C-Vox, Régis Warmont nous propose cette opinion qui soutient la démarche de renouveau du CDH initiée par son président, Maxime Prévot. C’est le premier signe envoyé par un mouvement citoyen, né sur les vagues des scandales Publifin & co, à rejoindre la dynamique d’un parti traditionnel en voie de mutation.

Ayant participé depuis 20 ans à de nombreuses tentatives visant à rapprocher la politique du citoyen, entre autres via la co-fondation de différents mouvements non traditionnels, je pense avoir une expérience et un vécu qui me permettent de donner un avis circonstancié.

Convaincu depuis des mois qu’il existe un momentum pour changer certaines choses en communauté francophone, j’ai participé ce samedi au lancement de la remise à plat du cdH, après co-construction d’un an, en un potentiel nouveau mouvement politique. Selon moi, l’initiative mérite l’intérêt.

Pourquoi les citoyens non extrémistes doivent-ils s’impliquer dans ce projet?

D’abord, parce que le cdH n’a plus que la solution de rénovation complète pour exister. Même si certains conservateurs espèrent toujours un retour d’une vision de type « chrétienne » en politique, elle ne passera plus par une refonte d’un ancien parti social chrétien. Ces personnes espèrent sans doute l’émergence d’un parti de droite conservatrice comme l’est la N-VA en Flandre tandis que le cdH se positionne pour conserver des valeurs humanistes et viser un positionnement pragmatique non coincé dans les dogmes de gauche ou de droite. S’il n’arrive pas à se renouveler complètement et qu’à la fin du processus, il s’avère qu’il reste un parti « traditionnel » avec une gouvernance du 20ème siècle, il mourra sans doute définitivement lors des élections suivantes.

On pourrait sans doute dire la même chose pour un parti comme Défi, dont les valeurs d’origine « défense contre les flamands » ne leur permettra pas d’envisager une vie telle quelle dans le futur de ce siècle. On n’y voit en effet pas l’idée d’un futur réenchantement écrit avec le citoyen.

Ensuite, parce que les citoyens non extrémistes qui s’intéressent à la politique ont tout à gagner et rien à perdre à s’investir dans ce processus. Dans le pire des cas, cela demandera un peu de temps et d’idées à partager durant une année pour à la fin le seul risque que le nouveau parti n’en tienne pas compte et que cela ne change pas la politique. En gros, le résultat actuel pour nombre de citoyens actifs.

Dans le meilleur des cas, cela permettra de participer à la co-construction d’un nouveau mouvement politique qui pourrait offrir une solution innovante et disruptive pour la partie francophone du pays et qui aurait l’avantage d’avoir déjà des relais dans le monde politique via ses élus, d’avoir un accès aux médias et – last but not least – de posséder des moyens financiers qui permettent de concrétiser certaines idées.

Il faut pouvoir assumer ses positions jusqu’au bout

Je lis déjà sur les réseaux sociaux les arguments de citoyens qui disent que cela ne servira à rien. Dans ce cas, qu’ils arrêtent de se plaindre qu’on ne leur demande pas leur avis ou que les partis ne changent jamais. En effet, si on leur propose de participer à un processus de « coopérative politique » et qu’ils refusent tout en continuant à se plaindre, c’est juste incohérent. Si un parti demande à des externes d’influencer son évolution et que ces externes ne s’investissent pas, il ne faut pas avoir faire un doctorat en mathématiques pour comprendre que tout ce qui en ressortira sera alors dirigé par des internes ayant un filtre de vision militant. Ce serait difficile d’espérer dans cette optique sortir de mauvaises habitudes politiciennes. On ne peut dénoncer un manque d’évolution et ne rien faire pour que cela change.

Je lis également certaines personnes avec qui j’ai collaboré dans les mouvements citoyens qui disent ne pas vouloir de collusion avec les politiques actuels ou que leurs propres mouvements demandent leur pleine attention. Je leur dis que la première remarque est à minima poujadiste et qu’il est certainement encore possible de changer la politique de l’intérieur simplement en proposant des idées innovantes et des personnes à profils différents aux postes influents. Je leur dis également que le second argument n’est pas pragmatique. En effet, après plusieurs mois – voire années – de travail, ils ont souvent produit des tas d’idées co-construites. Comment dans cette situation pouvoir regarder son nombril et ne pas tenter – au moins partiellement – une autre voie pour apporter un changement en utilisant ces informations déjà produites? Rejeter le projet sans lui donner une chance revient à demander de la participation citoyenne et la refuser quand elle se présente parce qu’elle n’a pas la forme que l’on désire. Ce serait incompréhensible.

Rien n’assure que ce qui ressortira de ce travail de co-création permettra de mettre en oeuvre de véritables rénovations de la politique, de créer un mouvement qui rendra espoir à une partie de la population qui ne croit plus en la politique ou encore de permettre d’éloigner les élus cdH qui ne parlent que le langage de la particratie.

Mais comme le cite à profusion un de mes mentors pour ce qui touche à la politique: « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ».

En tout cas, en ce qui me concerne, je proposerai mon aide, mon expérience et les idées que nous avions retirées de nos divers débats internes dans les mouvements citoyens au projet qui est mis en oeuvre par le mouvement positif « Il fera beau demain » et j’espère que nous serons nombreux dans le cas.

Régis Warmont, ancien co-fondateur d’En-Marche.be devenu C-Vox

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