Vincent Vanasch et Aisling D'Hooghe, dans le gotha mondial de leur discipline, le hockey. © frédéric raevens

Hockey : Aisling D’Hooghe et Vincent Vanasch, gardiens du succès

Le Vif

Wilrijk accueille les championnats d’Europe masculin et féminin de hockey. La gardienne des Red Panthers, Aisling D’Hooghe, et le gardien des Red Lions, Vincent Vanasch, symbolisent l’incroyable progression de ce sport en Belgique. Rencontre.

Ils sont Belges, évoluent dans le même club, le Watducks à Waterloo, au même poste, gardien(ne), et font partie du gotha mondial dans leur discipline, le hockey sur gazon. Du 16 au 25 août, c’est du côté de Wilrijk, dans la banlieue anversoise, que Vincent Vanasch, 31 ans, et Aisling D’Hooghe, 24 ans, vont tenter de briller en alternance au cours de championnats d’Europe pour lesquels ils peuvent légitimement nourrir de belles ambitions. A domicile, avec l’appui d’un public belge de plus en plus conquis par l’évolution de cette discipline qui continue à véhiculer des valeurs positives tout en essayant de se défaire de son étiquette de sport de nantis, ils tenteront de faire mieux qu’il y a deux ans aux Pays-Bas.

Un statut à défendre

Quand on se rappelle que la Belgique y avait accroché deux titres de vice-champion(ne)s d’Europe, la tâche paraît compliquée. Mais pas impossible non plus, surtout pour les hommes.  » Vu notre statut de champions du monde, de vice-champions olympiques et d’Europe, c’est une évidence, s’amuse Vanasch, qui a découvert ce sport à 4 ans en fantasmant sur le côté  » super-héros  » des gardiens masqués. Il nous reste une marche à franchir en Europe, la plus difficile de toutes. Il y a deux ans, nous n’étions pas passés loin du titre puisque nous menions 0-2 en finale face aux Pays-Bas, avant que ceux-ci émergent avec l’appui inconditionnel de leur public. Nous voulons faire la même chose, montrer que nous sommes plus matures, plus sûrs de nous. Chaque finale nous rend plus forts. Entre celle des Jeux olympiques et celle de la Coupe du monde, il y a eu une évolution claire au niveau des mentalités.  »

Voir et ressentir la fierté des fans sur la Grand-Place est inoubliable.

Ayant débuté au plus haut niveau en tant que mascotte des Jeux olympiques de Londres en 2012 – elle avait alors 17 ans et était la benjamine de la délégation belge -, Aisling D’Hooghe se montre plus prudente quant aux ambitions de son équipe, elle qui a été séduite par le poste de gardienne parce que, préférant à l’origine le football, elle voulait continuer à jouer avec ses pieds…  » Je ne dis pas que nous vivons dans l’ombre des Red Lions. Mais ils ont au moins quatre ans d’avance sur nous. L’Allemagne, l’Angleterre, les Pays-Bas participent à ce tournoi, autant de bonnes équipes avec de l’expérience et qui visent, elles aussi, un titre. Cerise sur le gâteau, celui-ci ouvrira directement les portes des JO. Nous avons des ambitions mais nous nous devons de rester modestes, même si nous percevons un enthousiasme nouveau. Les spectateurs sont de plus en plus nombreux. Nous bossons pour ne pas les décevoir !  »

Une starification relative

Lorsqu’on évoque le hockey avec ces deux ambassadeurs, qui avaient été élus meilleur(e) gardien(ne) du tournoi il y a deux ans, on ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec d’autres sports.  » Personnellement, je n’aime pas trop faire le jeu des comparaisons avec les stars du foot parce que le contexte est différent, avance Vincent Vanasch. Je ne suis pas jaloux de ces joueurs, conscient que leur vie, notamment privée, doit être compliquée à gérer. Nous gagnons au maximum 1 800 euros brut en équipe nationale, plus quelques rentrées liées au sponsoring personnel. Je me contenterais évidemment d’un seul salaire mensuel d’Eden Hazard ou de Thibaut Courtois pour assurer mon avenir. Cependant, même si j’ai été élu meilleur portier du monde, je peux me balader en ville, aller au restaurant avec ma femme ou promener mon enfant sans être importuné par les paparazzis. Je jalouse, par contre, le fait de pouvoir jouer chaque semaine devant 60 000 ou 80 000 spectateurs. Il est impossible, dans ces conditions, de ne pas se transcender. Nous, quand nous jouons devant 1 000 personnes, c’est de la folie ! Le meilleur moment de ma carrière restera de m’être retrouvé sur le balcon de l’hôtel de ville de Bruxelles, un mardi midi en plein hiver, après l’obtention de notre titre mondial. Voir et ressentir la fierté des fans sur la Grand-Place est inoubliable.  »

Matraqués par leurs équipiers à l’entraînement ou par leurs adversaires en match, obligés de devoir jongler avec leur emploi du temps pour faire de leur passion un métier, Vince  » The Wall  » Vanasch et  » Ash  » D’Hooghe savourent malgré tout leur parcours en équipe nationale. L’Euro en Belgique sera aussi et avant tout l’occasion de mettre un nouveau et formidable coup de projecteur sur leur sport, où le fair-play reste de mise, sans hooliganisme. Un sport où les joueurs/joueuses chantent l’hymne national dans les deux langues et restent exceptionnellement disponibles pour les fans et la presse.  » Toutes ces valeurs, nous les avons naturellement. Nous ne nous forçons pas « , juge Aisling d’Hooghe.

Par Vincent Joséphy.

« Si mon combat contre la maladie peut inspirer… »

Alors qu’elle fêtera son quart de siècle le jour de la finale de l’Euro 2019, Aisling d’Hooghe a une vie bien remplie. Entre les entraînements en club, en équipe nationale et sa fonction d’échevine de la prévention et de la petite enfance à la commune de Waterloo –  » passionnant en matière de contenu et permettant de mieux organiser mon temps de travail en fonction du hockey « , se réjouit-elle -, elle n’a que peu de temps à elle.  » Etant donné que nous ne gagnons pas assez d’argent avec le seul hockey, je dois impérativement disposer d’un job à temps plein, ce qui requiert certains sacrifices. A moi de décider s’ils en valent la peine. Financièrement, mais aussi en fonction de mon désir de fonder tôt ou tard une famille.  »

Aisling D’Hooghe doit aussi tenir compte de sa maladie, qu’elle a révélée il y a deux ans dans une interview au Soir. Depuis son enfance, elle souffre en effet de la sclérose en plaques, une maladie auto-immune pour laquelle aucun traitement efficace n’a encore été trouvé.  » Je ne veux pas qu’on associe mon parcours uniquement à cette maladie. Je n’ai jamais arrêté d’avoir des objectifs ambitieux. Je n’ai pas besoin d’en parler tout le temps. Mais si cela peut conscientiser certaines personnes, les faire avancer, tant mieux ! Il faut juste croire en ses rêves. Quand on a décelé les premiers symptômes de ma maladie à 6 ans, les médecins m’ont conseillée de ne pas faire de sport parce que je risquais d’être trop vite fatiguée. J’ai pris la tangente : quitte à être malade, autant faire une overdose de sport tant que c’était physiquement possible. Je ne sais pas si cela m’a aidée. Mais cela fait dix-huit ans que cela dure. Et je côtoie toujours le haut niveau. Mentalement, avoir pu donner tort à ces médecins me fait un bien fou !  »

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