Hélène Dutrieu, la première aviatrice belge © Getty

Hélène Dutrieu, la première aviatrice belge

Le Vif

Il y a 110 ans, le 25 novembre 1910, une aviatrice originaire de Tournai, Hélène Dutrieu, devenait la première femme brevetée comme pilote par l’Aéro-club de Belgique – après une carrière de championne cycliste et avant de devenir une icône de l’aviation belge et puis journaliste.

Née le 10 juillet 1877 dans la cité des cinq clochers, Hélène Dutrieu pratique dès son adolescence le sport de haut niveau. En 1898, elle remporte ainsi une coupe féminine de cyclisme. Pour gagner sa vie, elle décide d’exécuter un numéro d’acrobatie à bicyclette à Paris, comme l’a rappelé le Centre d’études, rayonnement et partenariats de l’armée de l’Air et de l’Espace (CERPA-CESA) dans l’une de ses chroniques aérospatiales.

Dans la capitale française, Hélène Dutrieu découvre les pionniers de l’aviation qui effectuent leurs essais sur le terrain d’Issy-les-Moulineaux. En 1909, Auguste Clément – qui construit sous licence l’avion de Santos Dumont, la Demoiselle – lui offre un contrat pour promouvoir son avion. Le 20 janvier 1910, elle s’envole pour la première fois. Le 25 août 1910, elle se présente à bord d’un biplan Farman à Mourmelon, près de Reims, devant les examinateurs de l’Aéro-Club de France pour obtenir son brevet de pilote.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

La Revue aérienne note alors: « le 25 août, Mlle Dutrieu a passé les épreuves du brevet de pilote. D’abord connue sur le vélodrome lillois, aujourd’hui femme oiseau, celle-là même qui naguère s’exhibait dans les music-halls dans son numéro +la Flèche humaine à bicyclette+ qui fut interdit par la préfecture de police comme trop dangereux. (…) Mlle Hélène Dutrieu, possède le n° 2 ex-aequo avec Mme Niel qui a passé les épreuves sur monoplan Koechlin ».

Cependant, pour des raisons obscures, les juges français reviennent sur leur décision et lui retirent le brevet. Loin d’être abattue par cette décision, elle réalise le 30 août un raid de 45 kilomètres entre Ostende et Bruges et s’octroie un record féminin d’altitude. Le 2 septembre 1910, elle boucle un triangle entre Blankenberge, Ostende et Bruges.

Au vu de ses exploits, l’Aéro-club de Belgique lui octroie le 25 novembre 1910, un brevet de pilote, le premier brevet pour une aviatrice belge.

La coupe Femina

Le 21 décembre 1910, avec la distance de 167,2 km, elle remporte la coupe Fémina, une épreuve de distance au-dessus d’un aérodrome en circuit fermé. En 1911, elle participe, parmi quinze autres concurrents masculins, à la course de vitesse de Florence durant laquelle elle se voit remettre la coupe du roi. Le 24 septembre, elle concourt aux États-Unis au rassemblement de Nassau où elle obtient un prix féminin d’endurance et, en décembre, elle s’octroie le record mondial d’endurance féminin en parcourant en 2h58 la distance de 240 km.

En décembre 1911, puis en janvier 1912, elle remporte de nouveau la coupe Fémina.

Ces exploits aériens, qui suscitent l’admiration des pilotes masculins, provoquent cependant le courroux des ligues de vertu féminine qui lui reprochent sa tenue « indécente ». Hélène Dutrieu vole alors vêtue d’un gros pull en laine et d’une jupe culotte mise au point par l’aviatrice Marie Marvingt.

Journaliste

Le 29 juin 1912, au-dessus du lac d’Enghien (au nord de Paris), aux commandes d’un Hydro H Farman, elle devient la première femme à piloter un hydravion. Cependant, le 13 septembre 1912, elle se blesse grièvement lors d’un accident de voiture non loin de Roanne (centre de la France). Elle est alors contrainte de mettre un terme à sa carrière d’aviatrice.

Devenue journaliste, elle épouse l’homme politique, journaliste, romancier et dramaturge français Pierre Mortier en 1922 et acquiert la nationalité française. En 1946, elle crée le prix Hélène Dutrieu qui récompense l’aviatrice française ou belge qui a parcouru dans l’année écoulée la plus grande distance.

Le 26 juin 1961, cette aviatrice un peu tête brûlée s’éteint à Paris. Titulaire de la médaille de l’Aéronautique, elle avait été faite officier de la Légion d’honneur.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire