Petra De Sutter (Groen) © isopix

Groen: « Nous ne pouvons pas travailler avec la N-VA tant qu’elle ne se rapproche pas du centre »

Kamiel Vermeylen Journaliste Knack.be

Trois mois après les élections, les Verts autrichiens ont fait un compromis pragmatique avec le centre-droit du Chancelier Sebastian Kurz.  » Tant que la N-VA court après le Vlaams Belang, c’est impensable pour nous « , déclare Petra De Sutter (Groen), députée européenne.

En Autriche, une coalition inédite entre le centre-droit et les Verts a vu le jour, approuvée samedi par les écologistes. Si pour certains, une telle alliance est le modèle de l’avenir, pour d’autres, elle est vouée à l’échec.

La députée européenne Petra De Sutter (Groen) regarde vers la République alpine avec des sentiments mitigés. « Avec méfiance et espoir », dit-elle. « Il sera intéressant de voir comment deux partis ayant des idéologies différentes travailleront ensemble. Par moments je suis convaincue que cette formule peut marcher, l’instant d’après non. Peut-être que les deux partis ont dû faire trop d’efforts. Lorsqu’il s’agit de migration et d’identité, ce n’est pas évident pour les Verts autrichiens. D’autre part, l’Autriche va présenter un paquet climatique très ambitieux. »

Une interdiction du port du voile pour les enfants de moins de quatorze ans, les demandeurs d’asile à haut risque qui peuvent être enfermés plus rapidement : la politique de migration sous le gouvernement Noir-Vert reste la même que sous le gouvernement précédent avec le FPÖ de droite radicale.

De Sutter: De telles choses sont en contradiction avec les valeurs fondamentales des Verts autrichiens. Mais le parti a manifestement pesé le fait qu’il veut renoncer à de tels principes en échange de mesures climatiques importantes. De plus, les Verts fournissent le ministre de la Justice, ce qui permet au parti de tester la politique migratoire renforcée par rapport au droit constitutionnel et international.

La Gauche verte (GroenLinks) néerlandaise a quitté les négociations en 2017 parce que la politique migratoire du Premier ministre Mark Rutte lui paraissait indigeste. Lequel des deux partis Verts a raison ?

Permettez-moi tout d’abord de souligner que le programme des Verts autrichiens ne diffère pas tant que cela des autres partis Verts d’Europe occidentale. Le choix de GroenLinks aux Pays-Bas, il y a deux ans, était bien plus lié à la stratégie qu’au contenu. Nos collègues du parti néerlandais ont jugé qu’ils ne pouvaient pas obtenir suffisamment de résultats dans une coalition à quatre partis. Ce choix met surtout en évidence une différence culturelle. Les partis Verts en Autriche et en Allemagne sont souvent beaucoup plus pragmatiques qu’aux Pays-Bas, en France ou en Wallonie.

Les Verts belges seraient-ils prêts à faire de telles concessions en échange de mesures climatiques ambitieuses ?

Je ne pense pas.

Trois mois après les élections, l’Autriche dispose d’une nouvelle coalition. En Belgique, nous sommes sans gouvernement de plein exercice depuis plus d’un an. Une coopération pragmatique entre Groen/Ecolo et la N-VA, à l’instar de l’Autriche, pourrait faciliter la formation.

Ça ne dépend pas de Groen, mais de la N-VA. Notre profil idéologique est resté assez constant ces dernières années. La question est surtout de savoir quel genre de parti la N-VA veut être en réalité ? Si elle continue à courir après le Vlaams Belang, une coalition est carrément impossible. Mais s’il existe une N-VA qui adopte une position modérée de centre-droit, alors la coopération est certainement possible. Surtout si l’expérience s’avère réussie en Autriche – et plus tard peut-être en Allemagne.

Les partis Verts soulignent souvent que le changement climatique passe aussi par une transition sociale. Cela est-il possible en association avec un parti de (centre-)droite ?

En effet, cela reste une préoccupation. Nous devons éviter que les personnes les plus faibles soient gravement touchées par les mesures climatiques. Sinon, les gilets jaunes referont leur apparition. L’Autriche semble déjà donner le bon exemple. Les transports publics deviendront beaucoup moins chers, tandis que le transport aérien et le transport de marchandises seront plus lourdement taxés. En tout cas, cela me rassure que les Verts fournissent le ministre de la Santé et des Affaires sociales.

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