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Grève: à quoi faut-il s’attendre ce vendredi?

Des mouvements de grève et des actions syndicales sont programmées sur l’ensemble du territoire belge ce vendredi. Les syndicats veulent exprimer leur colère contre la réforme des pensions du gouvernement fédéral, l’attitude « déresponsabilisée » des employeurs, l’échec des négociations sur les métiers pénibles et les problèmes de pouvoir d’achat. Ils souhaitent également démontrer leur fermeté avant le début des discussions sur l’accord interprofessionnel.

Les organisations syndicales annoncent une « vague de grèves » pour vendredi et se réjouissent de la détermination des travailleurs. Les actions sectorielles, dont certaines seront menées en front commun syndical, toucheront toutes les régions de la Belgique et engloberont des blocages d’entreprises, de routes et de zonings, des campagnes de sensibilisation ainsi que des mouvements de grève.

La mobilisation sera particulièrement forte dans les régions de Charleroi et de Liège, préviennent les syndicats. La FGTB a décrété 24 heures d’arrêts de travail dans ces deux régions et le zoning de Courcelles sera notamment bloqué. Des actions de grève sont aussi programmées dans plusieurs secteurs de la région Mons-Borinage, avec l’installation de piquets devant plusieurs entreprises.

Blocages

La plupart des sites de production seront mis en service minimum afin de préserver l’outil. Toujours dans le Hainaut, la région du Centre sera également touchée avec le blocage de la majorité des secteurs professionnels, notamment les zonings de Strépy, Soignies et Feluy, annoncent les représentants des travailleurs. Des « actions surprises » sont aussi prévues sur des chantiers de construction afin de sensibiliser les travailleurs détachés au dumping social. En Brabant wallon, en Wallonie picarde ou dans le Luxembourg, les syndicats prévoient des piquets de grève devant différentes grandes entreprises et enseignes.

Aussi en Flandre

La Flandre aussi sera touchée par ces actions sectorielles. La CSC Metea flamande s’attend par exemple à la perturbation des activités d’entreprises comme Volvo Cars et Volvo Trucks à Gand, ou encore Asco à Zaventem. Un préavis a également été déposé dans l’enseignement, poursuit la CSC. Les enseignants sont donc couverts mais les écoles ne seront pas fermées. La CNE appelle tout le non-marchand à se joindre à l’appel, soulignant que « tous les métiers sont pénibles à 67 ans » dans ce secteur. La mobilisation devrait être forte dans le secteur de l’alimentaire, dont le front commun annonce des piquets sur l’ensemble du territoire dès 5h00.

La CSC Alimentation et Services précise que le transport de fonds sera à l’arrêt, qu’un piquet collectif (gardiennage, horeca, nettoyage, titres-services…) sera organisé à partir de 7h00 devant le Parlement européen et que des piquets seront installés devant des sièges de société, également dans le secteur du commerce.

Les TEC wallons fortement touchés

La circulation des trains ne devrait pas être affectée car aucun préavis de grève n’a été déposé. A Bruxelles, la Stib ne prévoit pas non plus de participation syndicale à l’action de vendredi tandis que les TEC wallons seront eux fortement touchés par le mouvement, en particulier à Liège et dans le Hainaut. Au TEC Liège-Verviers, 30% des services seront assurés du côté de Verviers, Eupen et dans les Fagnes. Ailleurs, ils seront quasiment nuls.

Les syndicats policiers participeront par ailleurs à cette journée d’actions. Ils ont activé un préavis de grève pour les 13 et 14 décembre. Le personnel de la police intégrée (polices fédérale et locales) qui ne sera pas réquisitionné est appelé à se rassembler devant les commissariats centraux de Charleroi et de Liège, ainsi que devant la police fédérale à Bruxelles. Les policiers dénoncent entre autres des « attaques » contre leur statut et un manque de personnel. La CSC, la CGSLB et la FGTB estiment qu’il est « urgent » de changer de cap.

Les collectes de déchets et l’accès aux recyparcs seront perturbés en Brabant wallon

L’intercommunale inBW, qui gère notamment la collecte et le traitement des déchets en Brabant wallon, a communiqué jeudi sur les perturbations de ses services vendredi. La plupart des parcs à conteneurs (recyparcs) du Brabant wallon devraient être fermés, d’après les informations qui sont parvenues aux responsables d’inBW. Certaines collectes de déchets en porte-à-porte seront postposées. Et l’intercommunale suppose que l’accès à ses parcs d’activités économiques pourrait être rendu difficile dès vendredi matin.

« Cela devrait aussi être le cas pour certains sites industriels tels que la sablière de Mont-Saint-Guibert dans laquelle inBW exploite un centre de transfert et de prétraitement de déchets. Enfin, nous ne sommes pas à l’abri de blocages à des endroits quelconques du territoire qui empêcheraient les véhicules de circuler », précise l’intercommunale brabançonne. En ce qui concerne ses recyparcs, seuls ceux de Chaumont-Gistoux, Jodoigne, Orp-Jauche et Villers-la-Ville devraient être ouverts vendredi. Les douze autres garderont portes closes, le personnel s’étant déclaré en grève. L’ensemble de ces sites rouvriront dès samedi. Pour les collectes de déchets en porte-à-porte, celles qui ne pourront être assurées vendredi seront postposées au samedi 15 décembre, voire au début de la semaine prochaine. Mais inBW conseille aux habitants de sortir leurs déchets normalement et de laisser ce qui n’aurait pas été collecté jusqu’à samedi soir. Quant aux autres services de l’intercommunale (distribution d’eau potable, plateforme de compostage, etc.), ils ne devraient a priori pas être touchés par les actions syndicales de vendredi.

Brussels Airport recommande de n’emmener que des bagages à main

Des perturbations pourraient survenir vendredi à Brussels Airport en raison de la journée nationale d’actions syndicales, prévient jeudi l’aéroport. Il est dès lors recommandé aux voyageurs de n’emmener que des bagages à main. Cela ne signifie toutefois pas qu’il sera impossible d’enregistrer ses valises classiques, ajoute-t-on toutefois. Le syndicat socialiste a confirmé en milieu d’après-midi que le personnel des bagagistes (Aviapartner et Swissport) était appelé à arrêter le travail et que cet appel « serait largement suivi ».

On ignore encore dans quelles mesures les actions de vendredi auront des conséquences concrètes. Avec ses partenaires, Brussels Airport indique cependant « tout mettre en oeuvre pour limiter l’impact sur les passagers ». Le syndicat socialiste indique qu’il n’y aura pas de piquet de grève, mais qu’en fonction de la participation aux arrêts de travail, les services seront perturbés. Des retards ne sont pas non plus exclus. L’aéroport recommande dès lors de ne voyager qu’avec des bagages à main et de prévoir d’y arriver suffisamment à temps.

Les syndicats réclament la reconnaissance et la prévention de la pénibilité au travail, des crédits-temps de fin de carrière à 55 ans, une pension légale pour tous à 65 ans maximum, des salaires justes et négociés collectivement, ainsi que la création d’emplois de qualité. « Depuis 4 ans, les travailleurs trinquent, les salaires baissent, et même si le gouvernement Michel se targue d’avoir créé des milliers d’emplois, nous ne sommes pas revenus au même niveau d’avant la crise de 2008 », ajoute la CSC. Réunis en font commun, les trois syndicats se réuniront à 11h00 vendredi, devant le siège de la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) à Bruxelles, pour dénoncer « la dégradation croissante » des conditions de travail et « mettre les patrons devant leurs responsabilités ».

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